Le taux de réussite au baccalauréat pour cette année 2015 est de 35,43%, un taux jugé en deçà des espérances des candidats et des parents, même si le MEN stipule qu'il est supérieur de 6,4% par rapport à celui de la première session de l'année dernière. Si 179 000 candidats ont passé le cap de l'enseignement secondaire, avec la parité respectée cette année, 50% des garçons et 50 % des filles, il est difficile d'évaluer les chances de ces élèves d'entamer un bon cursus universitaire. L'année du bac est la plus longue dans le cursus scolaire d'un élève marocain. Une fois ce cap franchi, avec une moyenne qui devrait être assez bonne, commencent d'autres « hauteurs », beaucoup plus difficiles à grimper dans « l'échelon » national. D'autant plus que cette année est, parait-il, transitoire, le passage à un autre système de gestion des examens du bac et des concours d'accès aux grandes écoles et universités marocaines. Plusieurs problèmes se posent. Le cumul du contrôle continu dans la moyenne générale du bac étant toujours matière à discorde, les concours seraient revus ou éliminés complètement en ne prenant en considération que la moyenne proprement dite du bac, discrimination des bacheliers issus de régions éloignés, faute de moyens pour accéder au lieu des concours.... Des examens dans le tumulte Tout d'abord, les conditions des examens pour les lauréats n'étaient guère favorables. Les fuites des épreuves de mathématiques, pour ce qui est des options physique (PC) et Sciences de la vie et de la terre(SVT), ont perturbé le déroulement des examens, la concentration des élèves et la tranquillité d'esprit des parents. La toute première épreuve de maths était, aux dires des élèves et de leurs professeurs, difficile, s'ensuivit une deuxième mouture plus facile, et qui a fait monter les moyennes de ces deux branches. Les matheux, lésés cette année Pour les matheux, les examens se sont déroulés normalement. Tout d'abord, les examens étaient difficiles, surtout en physique et en sciences de l'ingénierie, et les candidats ont été « massacrés » lors des corrections, surtout en ce qui concerne les épreuves de physique et de philosophie. Ces élèves en sciences mathématiques, qui n'ont, pour la plupart, pas eu leurs moyennes en physique, ne pourront évidemment pas suivre les classes préparatoires, donc d'ingénierie par la suite, pourtant un objectif affiché du Maroc, qui veut en former 25 000 d'ici 2020. En plus, la plupart des meilleures écoles et universités marocaines ne font plus la différence entre les options sciences maths, PC ou SVT ou Economie, tous sont logés à la même enseigne. Les seuils sont les mêmes pour tous, surtout pour ce qui est de l'école d'architecture, l'ENA, ainsi que les facultés de médecine, de pharmacie et dentaire. Que reste-t-il alors ? Les ENSA et les ENCG, écoles de commerce et gestion, ce qui n'est absolument pas leurs profils. Il se pourrait que les bacheliers de la deuxième session aient une meilleure chance, ce qui ne serait pas équitable. Les seuils de l'année dernière pour accéder aux meilleures écoles marocaines Les seuils minimum d'admission pour les grandes écoles et facultés marocaines sont ce qui suit pour l'année dernière. Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat : 15,38 Rabat, 15,95 Casablanca et Marrakech, 14,42 Oujda, 14,97 Fès. Dentaire : 16,24 à Rabat et 16,30 à Casa. Pour l'ENA, c'est 15,17. Qu'en serait-il pour cette année ? On en reparlera. Dans les grandes écoles marocaines, les seuils d'admission sont donc trop élevés et ne tiennent pas compte des parcours difficiles. Les options sciences mathématiques sont mal servies. Aucun favoritisme pour les élites. Et le comble, c'est que les profils sciences maths et options physiques sont ceux qui réussissent le concours de médecine. Quel contraste ! Un conseil pour les matheux, changez en option physique ou SVT au baccalauréat, votre branche n'est plus celle des élites, autant cumuler vos chances pour accéder aux grandes écoles marocaines. A bon entendeur ! A propos des majorants, bac 2015 10 filles et 6 garçons des 16 régions du Royaume sont majorants. Ils ont eu entre 18,04 et 19,28, six ont été scolarisés en privé et 10 en public. 2 ont suivi l'option SVT, 3 les sciences maths et 11 le PC. Bac et fraude Pour ce qui est des fraudes, cela est variable de classe en classe et d'établissement en établissement. Cela dépend aussi de la conscience des professeurs examinateurs. Et pour ce qui est du détecteur des portables, il parait que c'était pour la forme. Aux dires des professeurs sur place, ils ont confisqué plusieurs portables, certains candidats avaient même plus de 3 portables que les surveillants ont dû leur arracher. Donc, où a été fait le contrôle ? Certes, cette année les épreuves ont été un peu plus difficiles que les années précédentes, chose ressentie aussi pour ce qui est de l'étape brevet, 4ème année du collège, et c'est une bonne chose, mais à la limite, il faudrait prendre en considération ces défaillances du système de l'enseignement secondaire et supérieur, et chaque option ou filière à part. (Pour le passage au lycée, pour faire passer plus d'élèves au secondaire, certains enseignants prenaient les solutions des élèves du privé et les donnaient aux élèves du public). Pour revenir au bac, les moyennes ont baissé cette année en sciences maths, moins en PC et SVT. Seulement, si à la deuxième session, les épreuves sont plus faciles pour les 176.500 candidats, « pour avoir plus de bacheliers » et si les moyennes augmentent, c'est cuit pour les lauréats de la première session. Alors que faire ? Soyez équitables et donnez la chance à tous les lauréats et lauréates. Mais surtout, il est urgent de revoir tout le système, car à malin, malin et demi.