Rafael Nadal a encore quitté prématurément le tournoi de Wimbledon, jeudi dès le deuxième tour, pour continuer de s'enfoncer dans la morosité d'une saison noire, la pire de sa carrière. L'ancien N.1 mondial, deux fois titré à Londres en 2008 et 2010, a subi la loi en quatre sets (7-5, 3-6, 6-4, 6-4) de Dustin Brown, 102e mondial et issu des qualifications. Redescendu au 10e rang, le Majorquin, quatorze fois titré en Grand Chelem, va encore chuter au classement puisqu'il perdra le bénéfice de ses points acquis l'an dernier en huitièmes de finale. «C'est un moment difficile. J'ai le sentiment de bien travailler, d'avoir la motivation à tous les tournois. Mais c'est le sport», a réagi Nadal, qui n'a remporté que deux tournois cette saison (Buenos Aires, Stuttgart) et a été dépossédé de sa couronne à Roland-Garros. L'US Open (31 août - 13 septembre) sera sa dernière occasion de ne pas vivre de disette en Grand Chelem pour la première fois depuis 2004, quand il n'était encore qu'un gamin. A Wimbledon, c'est la quatrième année consécutive qu'il ne voit pas la couleur des quarts, et est éliminé par un joueur figurant au-delà de la 99e place mondiale. Après l'Australien Nick Kyrgios (alors 144e mondial) l'an passé, le Belge Steve Darcis (135e) en 2013 (1er tour) et le Tchèque Lukas Rosol (100e) en 2012 (2e tour), c'est donc un autre soutier du circuit qui l'a éjecté. Brown, Allemand d'origine jamaïcaine, aucun titre au compteur, n'a jamais connu mieux que le troisième tour en «Majeurs». Mais sur gazon, ce serveur-volleyeur de 30 ans au look détonnant - coiffure rasta, piercings, débardeur - est capable de se transcender. En 2013, il était sorti de l'anonymat du circuit en matant un autre ex-N1, l'Australien Lleyton Hewitt (au deuxième tour). Et il y a un an, à Halle, sur herbe, il avait déjà dominé Nadal (6-4, 6-1 en huitièmes). Pour son baptême sur le Central, «Dready», pas vraiment impressionné, s'est appuyé sur son jeu à l'ancienne en multipliant les montées au filet (47 points sur 85 tentatives) derrière un service efficace (13 aces). «Le fait d'avoir gagné à Halle m'a permis de me sentir bien. Je n'avais rien à perdre de toute façon», a souligné l'Allemand, qui porte sur son ventre un tatouage à l'effigie de son père. Pour Roger Federer, Andy Murray et la tenante du titre Petra Kvitova, il n'y a pas eu de défaite surprise. Les trois ténors étaient au contraire pressés d'en finir. Federer, qui vise une huitième couronne à Londres, a surclassé l'Américain Sam Querrey, finaliste à Nottingham, 6-4, 6-2, 6-2 en 1h25. Après un duel accroché au premier tour contre le Kazakh Mikhail Kukushkin (6-4, 7-6 (7/3), 6-4), Murray, a déroulé contre le Néerlandais Robin Haase (6-1, 6-1, 6-4) en moins d'1h30. Kvitova a été encore plus prompte contre la Japonaise Kurumi Nara, éteinte en 57 minutes (6-2, 6-0). En deux matches, la Tchèque n'aura lâché que trois jeux, alors que le Top 10 féminin a continué de fondre comme neige au soleil. Après le record de chaleur de la veille (35,7 °C), le mercure a baissé (24 °C) avec l'apparition des premières gouttes de pluie, qui ont retardé l'agenda des spectateurs du «Temple» du tennis. Ekaterina Makarova (N.8), l'une des premières à fouler les courts, a subi la loi de la Slovaque Magdalena Rybarikova (68e) 6-2, 7-5 pour s'ajouter à la longue liste des Top 10 sorties prématurément du tournoi, après Simona Halep (N.3), Ana Ivanovic (N.7) et Carla Suarez-Navarro (N.9). Si l'on ajoute la Canadienne Eugenie Bouchard (12e), finaliste l'an passé, cela commence à faire beaucoup.