Les daéchiens ont lancé jeudi des offensives simultanées contre l'armée gouvernementale syrienne et contre les forces kurdes, tentant ainsi de reprendre l'initiative après avoir perdu du terrain face aux milices kurdes dans la province de Rakka, bastion de l'organisation djihadiste. Dans le Sud, les insurgés ont lancé une attaque contre la ville de Deraa, où les forces du président Bachar al Assad ont essuyé une série de revers au cours des dernières semaines, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les combattants de l'Etat islamique ont parallèlement lancé une offensive contre la ville de Hassaka, dans le nord-est du pays et sur la ville de Kobani, située à la frontière turque, ajoute l'OSDH. Selon la télévision d'Etat syrienne, des affrontements violents opposent les djihadistes de l'EI à l'armée syrienne et à ses forces supplétives dans le quartier d'Al Nachoua de Hassaka, une ville contrôlée d'un côté par les forces gouvernementales, de l'autre par les Kurdes et leurs Unités de protection du peuple (YPG). La télévision syrienne rapporte que des habitants du quartier d'Al Nachoua, dans le nord-est de la ville, ont été expulsés de leur logement par l'EI. Dans un communiqué publié sur internet, l'EI dit avoir repoussé les forces gouvernementales vers le centre de la ville après avoir capturé un quartier du sud-ouest de Hassaka. A Kobani, les combattants de l'EI ont fait exploser une voiture piégée à proximité du poste-frontière turc avant de lancer, selon un porte-parole des forces kurdes, une offensive en trois endroits de la ville. L'OSDH rapporte que des dizaines de personnes ont été tuées ou blessées dans les bombardements et les combats qui ont suivi. L'organisation non-gouvernementale basée en Grande-Bretagne, qui s'appuie sur un réseau d'informateurs en Syrie, dit également qu'une vingtaine de civils ont été tués et 15 autres blessés par l'EI dans un village situé au sud de Kobani. Cinq djihadistes ont été tués. Elle ajoute qu'une deuxième voiture piégée a explosé à Kobani après le lancement de l'offensive de l'EI. Sans citer de source, la télévision syrienne affirme que des combattants de l'EI sont passés par la Turquie pour attaquer Kobani. Les services du gouverneur de la province turque de Sanliurfa ont démenti cette information, assurant que les assaillants étaient arrivés en provenance de la ville de Jarablus, à l'ouest de Kobani. Depuis début mai, avec l'aide des frappes aériennes de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis, les peshmergas ont chassé l'EI de vastes secteurs de la province de Hassaka et ont pénétré dans celle de Rakka, «capitale» officieuse de l'EI. Les Kurdes ne veulent pas être en pointe à Rakka Les miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) qui ont progressé ces derniers jours vers Rakka, bastion des djihadistes de l'Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie, veulent que les autres groupes rebelles syriens et non les troupes kurdes mènent l'assaut contre cette ville située à 160 km à l'est d'Alep. "Nous en avons parlé avec la direction de l'YPG. Elle n'a pas l'intention d'aller à Rakka", a dit le "numéro un" du Parti de l'Union démocratique (PYD) kurde, Saleh Moslem, par téléphone à Reuters. "Cette tâche revient aux forces révolutionnaires à Rakka." Si ces forces veulent libérer Rakka, "il est possible que l'YPG décide de les soutenir mais aucune décision n'a encore été prise à ce sujet", a-t-il ajouté. Soutenus par des groupes rebelles syriens et les raids de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis, les miliciens kurdes de l'YPG ont pris mardi la ville d'Aïn Issa et sont arrivés à 50 km de Rakka. Les hommes de l'Etat islamique ont renforcé leurs défenses autour de la ville, en creusant notamment des tranchées. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), l'EI a demandé l'envoi d'une centaine de camions chargés d'armes et de munitions pour faire face une attaque de ses adversaires.