Le Bénin entend rejoindre le cercle fermé des pays démocrates en Afrique où le respect de la Constitution est une règle immuable. Un pays où le chef de l'Etat, à la fin de ses deux mandats, ne convoquera pas le parlement pour tripatouiller le texte fondamental afin de se maintenir au pouvoir. Un pays où l'exercice du pouvoir n'est pas de se servir mais de servir le peuple. Un pays où l'opposition n'a pas recours aux marches et autres manifestations de rue, parfois violentes et sanglantes, pour chasser leur président. Un pays où la communauté internationale n'attendra pas un bain de sang, un génocide, une guerre ethnique ou tribale, pour venir en aide aux populations meurtries. Oui le Bénin entend donner une leçon de démocratie à ces chefs d'Etat accrochés désespérément à leur pouvoir en massacrant, tuant et violant leurs propres concitoyens qu'ils sont censés diriger, et gouverner. A ces dictateurs qui font la honte de l'Afrique et qui se disent « après moi le déluge ». Ce choix clairement défini du Bénin est la volonté d'un seul homme : Dr Thomas Boni Yayi. Dans une intéressante interview, accordée à radio internationale, le chef de l'Etat béninois est on ne peut plus clair : « Mon nom ne figurera dans aucun bulletin ». D'ailleurs, il n'a cessé de le répéter même si l'opposition le disait partant pour un troisième mandat. En effet, il l'a dit et redit. Il ne sera pas candidat à un troisième mandat en 2016. D'ailleurs, fin mai dernier, l'élection d'une figure de l'opposition, Adrien Houngbédji, à la tête de l'Assemblée nationale a verrouillé de fait toute possibilité de réforme constitutionnelle pouvant permettre au chef de l'Etat de briguer un troisième mandat. C'est en vrai démocrate qu'il a répondu à ses détracteurs en soulignant que les gens ont abusé du peuple béninois, en disant : « il va réviser la Constitution ». C'était de la pure intoxication ! Quant au choix de son successeur, il déclare avec conviction : « C'est le peuple qui choisit ! A la grâce de Dieu ! ». Pour comprendre le comportement de l'homme en question, il est bon de faire un petit rappel. En effet, Thomas Boni Yayi est né à Tchaourou, dans le Nord du pays. Il appartient à trois ethnies influentes du Bénin : Nago (de la famille des Yorubas) par son père, Peul et Bariba du côté de sa mère. Né dans une famille musulmane, il devient chrétien évangélique lors de son service à la BOAD, de 1994-2006. Docteur en économie de l'université Paris-Dauphine, il est conseiller technique aux affaires monétaires et bancaires, sous la présidence de Soglo, de 1991 à 1996, avant d'être nommé président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) en décembre 1994, fonction qu'il conserve jusqu'en février 2006 quand il démissionne pour se présenter à l'élection présidentielle qui se tient le mois suivant. Marié et père de cinq enfants, il est un candidat indépendant soutenu par une coalition de mouvements et de petits partis politiques. Son slogan est « Ça peut changer ! Ça doit changer ! Ça va changer ! ». Le 5 mars 2006, il arrive en tête du premier tour de l'élection présidentielle avec 35,60 % des voix. Le 19 mars, lors du second tour il remporte l'élection avec 74,51 % face à Adrien Houngbédji. L'élection présidentielle suivante est reportée une première, puis une seconde fois, pour avoir finalement lieu le 13 mars 2011. Boni Yayi obtient 53,14 % des voix dès le premier tour. Le 29 janvier 2012, il est élu par ses pairs président de l'Union africaine pour un mandat d'un an. En 2013, il échappe à une tentative d'empoisonnement et de coup d'état. Il accorde son pardon en 2014. Il est également pasteur chrétien évangélique, dans une église des Assemblées de Dieu, à Cotonou. En 2010, il est invité à donner un message à l'église Paris Centre Chrétien, en France. Il a tenu parole en disant « ça peut changer ». Le Bénin a effectivement changé. Sa démocratie s'est aussi consolidée. C'est rassurant et c'est démocrate. D'autres Présidents africains pourront-ils suivre ce pas de géant pour le bien de leur pays ? L'espoir est permis.