Les dizaines de milliers de sinistrés du séisme le plus meurtrier au Népal depuis 80 ans ont affronté, mercredi 29 avril, la police anti-émeute, sur front d'exaspération et de sentiment d'abandon. Des rescapés en colère du séisme au Népal se sont heurtés à la police anti-émeute et emparés de réserves d'eau, hier à Katmandou, quatre jours après le séisme qui a tué au moins 5 000 personnes. Des milliers de personnes, sans logement, épuisées par les répliques et des réserves alimentaires qui baissent, s'étaient rassemblées avant l'aube à la gare routière pour monter à bord d'un des bus spéciaux promis par le gouvernement. Mais la colère est montée dans la foule devant l'absence de ces bus et des échauffourées ont éclaté avec la police anti-émeute envoyée pour tenter de contenir la situation. «Nous attendons depuis l'aube. Ils nous ont dit qu'il y aurait 250 bus mais aucun n'est encore arrivé», explique Kishor Kavre, étudiant de 25 ans venu dans l'espoir de partir de la capitale en ruines. «Nous sommes impatients de pouvoir revenir chez nous pour voir nos familles mais nous ne savons pas quand les bus viendront. Je pense que le gouvernement est à la peine». Des rescapés ont par ailleurs obligé un camion transportant des bombonnes d'eau à s'arrêter et ont grimpé sur le toit pour s'emparer de bouteilles d'eau et les jeter à la foule. Les colonnes de la police anti-émeute se sont postées derrières des rouleaux de fil barbelé pour riposter à des hommes armés de bâtons s'engouffrant dans une rue pour attaquer des bus et plusieurs autres véhicules. Le gouvernement a reconnu être dépassé par l'ampleur de la catastrophe, face au séisme le plus meurtrier depuis plus de 80 ans au Népal. «Il y a eu des faiblesses dans la gestion des opérations de secours», a reconnu le ministre des Communications, Minendra Rijal à la chaîne népalaise Kantipur Television. «La catastrophe est tellement énorme et sans précédent que nous n'avons pas été en mesure de répondre aux attentes des personnes. Mais nous sommes prêts à reconnaître nos faiblesses, à apprendre et à aller de l'avant du mieux possible», a-t-il assuré. La police a publié une liste de 33 étrangers manquants, dont 5 Canadiens, 3 Bangladeshis et 3 Français. Le bilan s'alourdit à 5.500 morts La congestion de l'unique aéroport international rend difficile l'arrivée des équipes de secours et du matériel. L'ONU a cependant indiqué mercredi que le Népal ne souhaitait plus accueillir d'équipes de secours étrangères, estimant leur nombre suffisant. Six jours après le terrible séisme qui a fait trembler le Népal, le bilan des morts s'alourdit encore hier pour monter à près de 5 500 victimes décédées, dont 18 alpinistes tués dans l'avalanche monstre de samedi sur l'Everest, et plus de 10 000 blessés au Népal, cependant qu'une centaine d'autres personnes sont mortes en Inde et en Chine. Quelque 8 des 28 millions d'habitants du Népal sont affectés, d'une manière ou d'une autre, selon l'ONU. La patronne des opérations humanitaires des Nations unies, Valerie Amos, devaient se rendre hier dans le pays himalayen. Les autorités estiment toujours qu'il y a plus de 10 000 blessés, dont la prise en charge est difficile sur place. Si de nombreuses équipes de secouristes et d'humanitaires ont afflué depuis lundi, leur action est en effet compliquée par la météo et le traumatisme des survivants. Ceux qui ont échappé à l'ensevelissement n'ose plus dormir dans leur maison à cause des répliques du séisme. Les médecins ont également dû installer des salles d'opération de fortune à l'extérieur des hôpitaux dans lesquels ne veulent pas rester les blessés. Des milliers de Népalais et de touristes tentent de fuir les ruines de la zone la plus touchée, au croisement de deux plaques tectoniques en mouvement sous leurs pieds. «Le sol continue de trembler. A chaque fois, nous avons l'impression que nous allons être engloutis, que nous allons mourir. Je veux partir d'ici», racontait mercredi Sita Gurung, une habitante de Lapu. Des centaines de bus promis par les autorités n'arrivent pas. A Katmandou, la police anti-émeute a peiné à ramener le calme. Les échauffourées se multiplient. Après ce séisme de magnitude 7,8, l'aide humanitaire massive continue d'affluer mais des difficultés logistiques ralentissent la distribution aux survivants désemparés, épuisés, menacés par la faim et la soif. Devant l'ampleur du désastre, l'ONU a lancé un appel de fonds de 415 millions de dollars pour parer au plus pressé, estimant que 70 000 maisons avaient été détruites et 530 000 endommagées dans 39 des 75 districts du pays.