En 2008 et prenant en compte les contraintes et les atouts de son monde rural ainsi que les expériences réussies au niveau national et international, le Maroc envisage un reprofilage de son agriculture et décrète une nouvelle politique agricole déclinée sous l'intitulé Plan Maroc Vert (PMV). Adoptant pour équation de succès, le juste dosage entre l'investissement et l'organisation, la stratégie du Plan Maroc Vert est construite sur sept fondements à savoir, faire de l'agriculture le principal levier de croissance sur les 10 - 15 prochaines années ;Adopter l'agrégation comme modèle d'organisation de l'agriculture ;Assurer le développement de l'agriculture marocaine dans son ensemble sans exclusion aucune ; Promouvoir de l'investissement privé ; Adopter une approche contractuelle ; Pérenniser le développement de l'agriculture ; Préparer la refonte du cadre sectoriel. Partant du fait que le secteur agricole contribue à hauteur de 19% du PIB national, partagé entre agriculture (15%) et agro-industrie (4%) et emploie plus de 4 millions de personnes dont environ 100 000 dans l'agro-industrie, le PMV dont la finalité est de mettre en valeur de l'ensemble du potentiel agricole territorial retient une certaine démarche qui consiste à faire de l' agriculture marocaine un secteur ouvert à tous avec, toutefois, des stratégies différenciées en fonction du tissu ciblé. De ce fait, le PMV qui retient è l'horizon 2020 l'objectif de contribuer au PIB à hauteur de 174 milliards de dirhams, de créer 1 150 000 emplois et à tripler le revenu de près de 3 000 000 de personnes du monde rural, s'articule autour de deux piliers. D'une part, Le développement accéléré d'une agriculture moderne et compétitive, vitale pour l'économie nationale, à travers la concrétisation d'un millier de nouveaux projets à haute valeur ajoutée tant dans les productions que dans les industries agro-alimentaires. Et d'autre part, L'accompagnement solidaire de la petite agriculture à travers la réalisation de 545 projets d'intensification ou de professionnalisation des petites exploitations agricoles dans les zones rurales difficiles, favorisant ainsi une meilleure productivité, une plus grande valorisation de la production et une pérennisation du revenu agricole. Ce second pilier a également pour but, outre la valorisation des produits du terroir, la reconversion de la céréaliculture en cultures à plus forte valeur ajoutée et moins dépendantes des aléas climatiques et des niveaux de précipitations pluviométriques. Pour cela, le PMV s'appuie sur des projets dits transversaux consistant en la refonte du cadre sectoriel et l'amélioration des politiques de l'eau, du foncier et de l'organisation interprofessionnelle. Ce Plan s'articule aussi autour du concept d'agrégation permettant de dépasser les contraintes liées à la fragmentation des structures foncières, tout en assurant aux exploitations agrégées l'accès aux techniques modernes de production, aux financements et aux marchés. Il repose sur la mise en œuvre d'une nouvelle vague d'investissements autour de nouveaux acteurs à forte capacité managériale. Et la déclinaison du Plan Maroc Vert en plans agricoles régionaux consiste à construire une vision et une offre agricole régionalisées, respectueuse de l'équilibre entre les deux piliers et permettant de mobiliser des fonds régionaux et nationaux, des organismes de crédit, des investisseurs, ainsi que d'autres bailleurs de fonds désireux de soutenir le Maroc dans la mise en œuvre de ce Plan. Pour les moyens de sa mise en œuvre, le PMV retient à l'horizon 2020, un investissement global de 10 Milliards dirhams par an, la Création de 6 agropoles (Meknès, Berkane, Souss, Gharb, Haouz et Tadla) ainsi que la création de l'Agence pour le développement rural, chargée de la mise en œuvre du Plan Maroc Vert et dont la mission consiste, entre autres, à participer à la mise en œuvre de la stratégie adoptée et proposer aux autorités gouvernementales les plans d'action relatifs au soutien des filières agricoles à haute valeur ajoutée dans une perspective d'amélioration de la productivité. Une révision de fond du système incitatif Parallèlement, le Fonds de Développement Agricole (FDA) dont la création remonte aux années 80, s'est assigné l'objectif de promouvoir l'investissement privé dans le secteur agricole et de l'orienter, à travers des subventions et primes ciblées, vers des activités permettant une meilleure exploitation du potentiel agricole national. En tant que tel, le FDA a constitue un instrument essentiel de l'application de la politique gouvernementale dans le secteur agricole et la nouvelle stratégie dont s'est doté l'agriculture marocaine a imposé une révision de fond du système incitatif agricole afin de lui permettre d'améliorer son rôle primordial dans l'expansion des investissements agricoles, et de contribuer efficacement à l'atteinte des objectifs du Plan Maroc Vert dans l'ensemble des filières de production concernées. De ce fait, le nouveau système de subventions agricoles mis en place propose d'abord l'instauration de nouvelles aides en conformité avec les engagements pris dans le cadre des contrats programmes signés entre l'État et les interprofessions des principales filières de production, ainsi que le renforcement des aides allouées à certaines rubriques, mais également un encouragement et une forte incitation à l'agrégation. A cet effet, l'année 2010 a connu la mise en place du nouveau système des aides qui propose d'abord un renforcement des incitations en conformité avec les engagements pris dans le cadre des contrats programmes. Il permet aussi une adaptation de ces aides aux spécificités économiques et sociales des filières à travers des encouragements et des incitations fortes aux projets d'agrégation. Les orientations stratégiques de cette révision ont portés sur cinq points essentiels à savoir, un élargissement de l'offre des subventions, un encouragement des filières prioritaires du Plan Maroc Vert dont les contrats-programmes ont été signés entre le gouvernement et les interprofessions, une meilleure rationalisation des investissements éligibles à l'aide de l'Etat une introduction de normes d'éligibilité aux aides de l'Etat et enfin un traitement spécial pour les projets d'agrégation. Ainsi, le nouveau système des aides mis en place a retenu le renforcement de certaines aides existantes notamment celles afférentes tant à l 'équipement des exploitations en irrigation localisée pour lequel un taux de subvention de 100% est accordé aux petits agriculteurs de moins de 5 hectares et aux projets d'agrégation et un taux de 80% pour les autres catégories, qu'à l'amélioration des taux de subventions pour le matériel et bâtiments d'élevage subventionné à 30% au lieu de 20 et 25%. La même tendance est observée au niveau des aides pour les plantations d'olivier et celles d'agrumes allant respectivement jusqu'à 6 000 dh/ha et 12000 dh/ha. Sans oublier, bien entendu, l'introduction de nouvelles aides en adéquation avec les orientations du Plan Maroc Vert et touchant l'amont et l'aval de toutes les filières de production végétales et animales. Par ailleurs, le nouveau système des aides n'a pas omis de retenir pour le cas des projets d'agrégation (agrégateurs et agrégés) des subventions à des taux bonifiés pour l'acquisition du matériel agricole et pour les projets d'irrigation. Il a prévu également au profit des agrégateurs, des subventions forfaitaires pour financer l'encadrement des agrégés. Toujours est-il que ces subventions forfaitaires sont conditionnées par l'atteinte des objectifs de productivité fixés pour chaque type de projet d'agrégation.