La Direction des études et des prévisions financières dépendant du ministère des finances vient de publier une étude exhaustive intitulée « quelles opportunités pour les produits halieutiques marocains sur le marché africain ? », dans laquelle cette Direction rappelle que le choix de l'ancrage africain pour la Maroc s'inscrit en parfaite adéquation avec les reconfigurations actuelles de l'économie mondiale caractérisées par le rattrapage économique des pays émergents et l'évolution vers un système mondial multipolaire où notre continent est appelé à se positionner en tant que nouveau pôle mondial de croissance. Les résultats économiques enregistrés durant la dernière décennie et les bonnes perspectives qui se dessinent, incitent à prendre la mesure d'une émergence en cours qui prend appui sur des fondations solides ayant fait preuve de résilience face à la crise économique et financière internationale. En effet, l'Afrique est aujourd'hui la région la plus dynamique au monde après l'Asie offrant, ainsi, de réelles opportunités de croissance, notamment, pour les exportations marocaines. Ces opportunités corroborent l'ambition du Maroc de renforcer davantage ses relations commerciales avec ce marché à fort potentiel et qui attise, de plus en plus, la convoitise de pays concurrents qui se positionnent sur des créneaux sectoriels dynamiques. A côté d'autres produits agro-alimentaires, les produits halieutiques jouent un rôle de plus en plus important dans la satisfaction des besoins nutritionnels des populations de l'Afrique et prennent activement part à cette dynamique. Dans ce cadre, force est de constater que les échanges commerciaux des produits halieutiques entre le Maroc et l'Afrique ne représentent que 13% de la valeur globale des exportations du Maroc en ces produits. Or, depuis quelques années, un fort potentiel de croissance de la demande en ces produits est offert par le continent africain, constituant ainsi une opportunité à saisir par les exportations marocaines des produits de la mer. C'est dans ce contexte que s'inscrit la présente étude qui vise à analyser le potentiel qui s'offre aux produits halieutiques marocains sur ce marché dynamique afin d'identifier les marges de progression dont dispose le Maroc en matière d'exportation aussi bien au niveau des catégories de produits qu'au niveau des marchés. Cette analyse devrait contribuer à examiner et à renforcer la stratégie de positionnement des exportations marocaines sur ce marché à fort potentiel où la concurrence devient de plus en plus acerbe. Défis des exportation halieutiques sur l'Afrique Le Maroc exporte en moyenne 1,4 milliard de dollars chaque année en produits halieutiques. De son côté, le continent africain importe en moyenne, sur la période 2008-2012, près de 3,9 milliards de dollars de ces produits, dont uniquement une proportion de 5,6% est d'origine marocaine. L'analyse des exportations marocaines vers l'Afrique montre que les conserves de poissons constituent l'essentiel de ces exportations avec une part de marché de 19%. Pour ce qui est des poissons frais, les exportations du Maroc représentent moins de 2,5% de la demande africaine. Quant aux crustacées/mollusques, la part du Maroc est quasi nulle. D'un autre côté, les échanges des produits halieutiques du Maroc avec l'Afrique ne représentent que 15% de la valeur totale des exportations marocaines en ces produits et se limitent essentiellement aux conserves de sardines dont environ 19% des exportations est destiné vers l'Afrique. Ces constats permettent ainsi de conclure que, globalement, les exportations marocaines des produits halieutiques vers le marché africain recèlent d'impor- tantes marges de progression à exploiter. L'examen de la présence des exportations marocaines des produits de la pêche dans les différents pays africains, se caractérise par une forte granularité. Ainsi, sur un nombre total de pays africains, le Maroc est présent sur environ 45 pays. Toutefois, la part de chaque pays dans le total des exportations marocaines des produits halieutiques demeure limité et ne dépasse guère 1% pour la majorité des pays à l'exception du Nigéria, du Ghana et de l'Angola avec respectivement des parts de 1,67%, 1,54% et 1,13%. Cette situation est constatée, notamment, au niveau des pays voisins du Maroc et qui sont de grands importateurs de produits de la mer tels que la Lybie (0,15% des exportations marocaines) ou l'Egypte (0,47%).A noter, à ce titre, les parts nettement plus importantes de certains pays européens dans les expor- tations halieutiques marocaines, tel que l'Espagne qui en absorbe à lui seul, en moyenne, 45%. Quant ˆ la dynamique des exportations sur chaque marché, telle que mesurée par l'évolution annuelle moyenne des exportations sur la période 2009-2013, elle demeure marquée par une forte hétérogénéité d'un pays à l'autre. Ainsi, on note une progression positive et significative sur les principaux marchés clients qui contraste avec un recul sur certains débouchés, notamment le Togo (-6%), la Guinée Equatorial (-30%) et le Gabon (-3%). Néanmoins, une dynamique plus importante a été constatée au niveau de certains marchés dans lesquels la présence des exportations marocaines des produits de la mer demeure limitée, à l'instar du Cameroun (+98%),du Madagascar (+95%) et de l'Ouganda (+60%). Eu égard à ce qui précè, il ressort donc que les exportations marocaines en produits de mer sont fortement dispersées entre la quasi-totalité des pays de l'Afrique, avec des parts qui demeurent très limitées pour l'ensemble et dont la progression ne semble pas suivre une stratégie définie. La dynamique positive des importations des produits halieutiques constatée sur l'Afrique (TCAM de 12% sur la période 2008-2012) montre que ces produits sont de plus en plus recherchés pour faire face à l'augmentation soutenue de la demande. Elle reflète aussi d'importantes capacités d'absorption et des opportunités d'accroissement des échanges entre le Maroc et les pays d'Afrique, sur une gamme variée de groupes de produits halieutiques. Le Maroc semble se positionner dans cette dynamique et des efforts ont été observés au cours des dernières années se traduisant par l'accroissement de la part de l'Afrique dans le total des exportations halieutiques marocaines. Toutefois, ces réalisations demeurent en deçà des potentialités offertes. En effet, malgré une légère évolution positive, durant les dernières années, de la destination africaine des exportations marocaines des produits halieutiques (13% de la valeur moyenne sur 2007-2012 contre 11% 2003-2007), ces performances restent faibles et le Maroc demeure faiblement positionné sur le continent, à l'exception de certains pays pour des produits précis. A l'opposé, on constate que d'autres pays ont renforcé leur positionnement sur le continent et captent des parts de plus en plus importantes de la demande africaine de produits de la mer. Certes, la faible présence du Maroc est due à certaines contraintes d'ordre structurel dont la levée ne pourrait intervenir qu'à moyen et long terme dans la perspective où les pays visés s'inscrivent dans un processus de croissance et de développement économique soutenu. Néanmoins, ces contraintes ne peuvent expliquer à elles seules les performances limitées de nos exportations halieutiques sur l'Afrique. En effet, la méconnaissance du marché africain et des habitudes alimentaires de ses pays, l'insuffisance de logistique, l'absence d'une vraie stratégie commerciale du Maroc, la faiblesse de l'accompagnement des entreprises dans leur démarche à l'export..., sont autant de contraintes qui concourent à la limitation de nos performances sur ce marché et pour lesquelles des réponses de politiques publiques peuvent être conçues et mises en oeuvre à court terme dans une logique de partenariat avec les professionnels du secteur.