Au pays de la Térenga, le torchon brûle entre Abdoulaye Wade, chef de file de l'opposition, et le président Macky Sall, successeur du même Wade à la tête de l'Etat sénégalais. Motif : la mise en cause de Karim Wade, fils de l'ancien chef d'Etat sénégalais, dans une affaire d'enrichissement illicite, condamné à 6 ans de prison fermes plus une amende de plus de 500 millions d'euros pour le même fait. Une affaire qui fait couler beaucoup d'encre dans le pays. Les langues se délient et le débat se passionne d'autant plus que Karim Wade est déclaré candidat officiel du parti démocratique sénégalais dont son père, Me Wade, est fondateur et ce pour la présidentielle prévue dans deux ans. Le PDS, en désignant Karim Wade comme challenger de Macky Sall pour ce rendez-vous alors qu'il était sous le coup de la justice, a choisi ainsi le chemin de la confrontation hors de l'arène politique. Déjà, Abdoulaye Wade n'avait-il pas déclaré qu'il était prêt à tout pour libérer son fils ? En plus de cette menace, il a tenté d'organiser une manifestation grandiose, non autorisée et qui a failli se transformer en émeute. On se rappelle encore qu'à la fin de son mandat, Puis une autre qui fut annuler sin die. Autrement dit, Abdoulaye Wade a tout tenté pour remettre le pouvoir à son fils. La fin de l'histoire est connue de tous. Or, durant les deux mandats de son père, Karim Wade n'a pas toujours été très bien vu. Quand Abdoulaye Wade était au pouvoir, les Sénégalais surnommaient Karim Wade « le ministre du ciel et de la terre », lui qui avait en main quatre portefeuilles des plus importants. Ses détracteurs lui reprochaient également son train de vie, son arrogance. Son nom était cité dans des scandales de corruption et de détournements. On le savait adulé par son père, et l'on redoutait plus que le pouvoir soit une succession de père en fils à la tête du Sénégal. En fin politicien, Wade veut faire de son fils la victime et le pouvoir en place « le bourreau ». Un pouvoir autoritaire et dictatorial aux antipodes de la démocratie. Or, penser de la sorte du pouvoir de Macky Sall serait un mauvais service à rendre au peuple sénégalais. Un chef d'Etat qui se remet au jugement de son peuple pour ramener son mandat à cinq ans au lieu de sept, comme c'est le cas actuellement. Mieux, Macky Sall est connu pour son engagement en faveur de la paix, la démocratie et le dialogue. En attendant, si personne ne sait pas quelles tournures vont prendre les choses, on ne peut que souhaiter un climat d'apaisement afin d'éviter une rupture entre les deux hommes d'Etat. Car le combat d'un homme politique ne doit pas être une question de personne, fut-ce un fils en jeu, mais le devenir de la nation. Et de surcroit quand on a dirigé cette même nation pendant quatorze ans !