Confusion et violences ont émaillé les élections présidentielle et législatives organisées ce week-end au Nigeria, dont les résultats dans l'État pétrolier de Rivers ont été récusés par l'opposition avant même la fermeture des bureaux de vote. Le parti All Progressive Congress (APC), dont le chef de file Muhammadu Buhari, un musulman du Nord, entend renvoyer dans l'opposition le président sortant Goodluck Jonathan, un chrétien du Sud, accuse des partisans du chef de l'État sortant d'avoir tué plusieurs de ses militants dans l'État de Rivers, haut lieu de l'industrie pétrolière nationale dans le sud du pays. "Des milices armées multiplient les meurtres de membres de l'APC. Beaucoup ont déjà été tués", dit le mouvement dans un communiqué. "Quelles que soient les bêtises qui seront annoncées en guise de résultats du scrutin d'aujourd'hui, elles ne sont pas acceptables pour nous", poursuit-il, dénonçant une "parodie" d'élection. Le président de la commission électorale indépendante (Inec), Attahiru Jega, a admis que les accusations d'irrégularités dans l'État de Rivers le préoccupaient. Des investigations sont en cours pour évaluer leur importance. Le président nigérian en exercice, Goodluck Jonathan, a finalement réussi, samedi, à s'inscrire dans un bureau de vote pour participer au scrutin présidentiel, là ou l'appareil de lecture de la carte d'électeurs électroniques a finalement réussi à lire son badge d'électeur, après que trois machines ont successivement refusé de l'accepter. Lors du précédent scrutin, en 2011, la Entamées samedi 28 mars, les opérations de vote ont été prolongées au dimanche 29 mars, en raison de problèmes techniques liés à lecture des cartes d'électeurs biométriques introduites pour limiter les fraudes. Pour l'emporter, un candidat doit obtenir la majorité simple des suffrages ainsi qu'au moins 25% des voix dans les deux tiers des 36 États du pays et la capitale fédérale. Si au moins une de ces conditions n'est pas remplie, un second tour est organisé dans les sept jours suivant la proclamation officielle des résultats. La victoire d'un candidat de l'opposition serait une première dans le pays le plus peuplé d'Afrique, en proie depuis six ans aux violences des islamistes de Boko Haram, qui avaient menacé de s'en prendre à tous ceux qui iraient voter. Ils ont tenté de perturber le déroulement des élections. Leurs attaques dans les Etats de Yobe et de Gombe ont fait 14 morts en tout, dont un candidat de l'opposition. Sur les treize adversaires de Goodluck Jonathan, seul l'ancien général Muhammadu Buhari semble en mesure de l'inquiéter. Le principal argument de campagne mis en avant par cet ex-militaire, âgé de 72 ans, est le sentiment généralement partagé qu'il ne s'est pas servi dans les caisses du pays lors de ses deux années passées à la tête du Nigeria, après le coup d'État de décembre 1983, alors que le mandat de Goodluck Jonathan, 57 ans, a été émaillé d'affaires de corruption en matière pétrolière. Sa réputation d'homme à poigne séduit également une partie de l'électorat qui accuse le gouvernement sortant de n'avoir pas su les protéger contre la violence de Boko Haram. Cette incapacité a été patente au moment de l'enlèvement de quelque 200 lycéennes par la secte islamiste en avril dernier.