Dans une classe dite normale, abritant aussi bien des enfants ordinairement scolarisés que quelques enfants à haut potentiel intellectuel, l'action pédagogique souffrira nécessairement d'une certaine inadéquation. Le décalage intellectuel qui subsiste entre un HIP et le reste du groupe apprenants, est susceptible d'affecter le fonctionnement pédagogique habituel de la classe. L'enseignant fait face à deux modes de fonctionnement cognitif différents. Cette situation constitue de surcroît une problématique et pour l'acteur pédagogique, l'enseignant, et pour le sujet apprenant HPI lui-même. Une telle particularité donne lieu à certain déséquilibre dans la cohérence d'un enseignement destiné à un seul type de groupe d'élèves. Le haut potentiel intellectuel est un cas spécifique à besoin spécifique. Il aspire à des attentes plutôt complexes pour survivre, pour se développer ou encore échapper à l'extinction de ses neurones, enfin ses potentiels. La sphère scolaire est elle à formater ? Le HPI est généralement éjecté dans un monde loin de comprendre, de s'accommoder au sien. Le cadre de l'espace classe, lieu ou se vit l'action pédagogique, ne chante ni parfum de fête ni sensation ou emballement. Ses rouages, ses couleurs strictes pas toujours sécurisantes, parfois d'allure crispée, de température maussade ou contraignantes, n'exalte pas forcément la motivation. Le terrain scolaire où l'enfant atypique se pose, incite au questionnement. L'école a bien préservé ses attaches et ce depuis Jules ferry. Toute transgression des codes scolaires, explicite ou non dite, est assortie de sanctions. Les écoles naissent constamment, ici et là, sous des cieux d'apparence différents, mais qui s'approvisionnent toutes aux mêmes fondements, aux mêmes soucis. Elles baignent dans les mêmes aires. Tout est uniformisé ! Des programmes type, rigoureusement balisés. Des matières standard, bien ancrées. Des formateurs ou pédagogues aux pointures semblables ou presque. Des espaces classes où s'étendent, en ligne droite, des rangées de tables particulières, pour poser ses bras ou ses coudes, dessiner, écrire, marquer dates du jour et de l'année ou exécuter toute autre tâche. Plus encore, pour ne pas bouger. Des places toujours prépositionnées, orientées vers un tout droit, un maitre, « l'activeur » suprême de la salle, vers un tableau bien pendu en face, droit sur le mur. De nombreuses tâches s'exécutent sur ces tables qui demeurent quant à leur posture, toujours fidèles au même profil éducatif. Toutes sentent, sans exception, l'odeur du vent de l'enseignement frontal. Tout est uniformisé, pratique diront certains, faute de mieux diront d'autres. A tort ou à raison, cette planète programmée est ainsi faite. Le système n'est pas fait pour que chaque apprenant puisse au mieux s'y retrouver. Le comble est que peu d'acteur pédagogique sont préparés à la complexité de la tache. Le HPI vivra en ces lieux communs, au service d'une grande masse d'où se répartissent d'autres variantes de masse. Chaque classe dispose de sa propre mise à niveau, connaissance ou compétence « homogène ?». Dans le choix des cursus scolaires, beaucoup ont pu entendre des expressions identiques ou proches de celles- ci « c'était pour faire plaisir à mes parents », ou « à mon père» ou encore quand il ne s'agit pas du beau père ou autre genre d'affiliation. Trois cas de figures peuvent se traduire à partir d'un environnement scolaire ignorant ces apprenants aux modes de fonctionnement spécifiques. Le premier cas concerne le HPI qui se bat coute que coute, malgré son intégration dans un système inadéquat, il fait tout pour s'en sortir et finit par y parvenir. Son désir est plus fort que lui. (Origine milieu social modeste). Le second cas concerne l'apprenant qui ne s'adaptera pas au système imposé et finit par lâcher prise, faute d'un soutien, en raison d'un environnement ignorant totalement les HPI. Le troisième cas enfin est celui qui concerne l'apprenant qui s'effacera et fera comme papa et maman veulent. Ce dernier roulera au détriment de sa personnalité pour que la famille se sente fière, heureuse. Ce dernier sujet fera de lui l'enfant sage, le persévérant et exécutera comme il se doit, tout ce qu'on attend de lui. C'est le prix à payer pour la livraison d'une satisfaction sur commande. Ainsi chaque fois que l'envie le prend de penser à son existence, à sa personne, à sa plénitude, il n'hésite pas à cliquer sur ignorer. D'autres pistes sont encore à explorer. Les HPI ne sont pas supérieurs aux autres, ils sont différents. Leur cerveau travaille en arborescence, par association d'idée, ils emmagasinent énormément de choses, et sont souvent dépassés par l'abondance d'idées qui arrivent en même temps. Mais ce n'est pas pour autant qu'ils sachent travailler ou s'organiser intellectuellement. Ils ont besoin d'être aidés pour survivre ou vivre tout simplement. Des stratégies à ne pas perdre de vue Nous relatons certains des éléments essentiels d'aide aux HPI. Plus tôt la douance sera détectée mieux ce sera. La confirmation d'un HPI reste une affaire de spécialiste, de psychologue ou de pédopsychiatre. Dans le cadre de la classe, donner du sens aux apprentissages, donner la même dose pour tous, mais un peu plus pour les gourmands HPI. Dans certains cas on recourt au saut de classe mais qui ne se réaliserait pas sans dommage particulièrement au plan relationnel et affectif. Garder en tète que ce type d'enfant a besoin généralement de tâches complexes (énigmes, projet riche en élaboration, des activités ou des questions à extension de réponses). Se rappeler que le sujet a besoin d'être nourri à souhait. Le HPI serait très gourmand, à l'image d'un éléphant, attribution que laisse entendre la recherche scientifique dans le domaine de la douance. Les HPI ont surtout besoin de notre respect à l'égard de leur rythme de travail, de reconnaissance de leur statut en tant que tel, la reconnaissance de leur droit d'apprendre à leur convenance. Dès lors, s'ouvriront les voies qui mènent au meilleur de leur plénitude, au demeurant au meilleur de leur bien être.