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Patrimoine : Archéologie médiévale au Maroc sur les origines de l'Empire Almohade : les fouilles d'Igiliz
Publié dans L'opinion le 06 - 03 - 2015

Dans le très sérieux bulletin de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de Paris dans les comptes rendus des séances de l'année 2013 qui vient d'être publié (fin 2014), je relève une communication prononcée le 27 juin par J.P. Van Staëven, professeur à la Sorbonne, sous le patronage de Christian Robin, Ahmed S. Ettahiri, professeur à l'INSAP de Rabat, Abdallah Fili de l'Université d'El Jadida qui prolongent les études menées déjà du site de Tinmal étudié depuis des années s'emploient à découvrir le lieu d'Igiliz en Anti-Atlas qui, d'après les textes existants serait l'épicentre de la révolution almohade. Ce lieu important de l'histoire du Maroc fut désigné en sont temps par un enseignant de la Faculté de Droit d'Agadir, al-Ba'amrâni qui en 1971, sur la place, avait acquit la conviction que le site d'Igiliz se trouvait bien sur la montagne du même nom.
Cette hypothèse d'al Ba'amrâni resta inédite jusqu'à ce qu'elle soit divulguée à titre posthume dans sa nécrologie dans la Revue de la Faculté de Droit d'Agadir en 2000. On comprendra au vue de la faible diffusion de cette revue qu'elle ait échappé à l'attention des historiens et des archéologues médiévistes.
Situé dans la Haut Atlas cette localité de Tinmal à une centaine de kilomètres au sud de Marrakech, citant le conférencier, entre dans l'histoire entre 1124-1125, lorsqu'elle devient la base d'opérations militaires de tribus berbères masmûdiennes ralliées à l'idée d'une réforme radicale des mœurs de la pratique religieuse, fondée essentiellement sur le tawhîd ou « unicité divine », ce qui vaut à ses adeptes le nom d'al-muwahhidûn, « les Almohades ». Cette doctrine révolutionnaire va parvenir à mobiliser durablement les tribus montagnardes contre le pouvoir des almoravides, d'autres berbères venus, trois quarts de siècles plus tôt, conquérir le Maghreb extrême et l'andalus depuis les confins sahariens. Conduite à ses débuts par Ibn Tûmart, un personnage charismatique à la dimension messianique – il est proclamé Mahdî, « réformateur de la fin des temps », au début des années 1120, si l'on suit la vulgate historiographique, la révolte devait bientôt embraser tout le Sud du Maroc, pour aboutir, un quart de siècle plus tard, à la constitution du plus puissant empire que le Maghreb médiéval ait jamais connu, englobant, en sus du Maghreb extrême et des terres andalouses de l'outre-Détroit, les actuelle Algérie et Tunisie. Le Site de Tinmal demeure donc associé de manière emblématique à la figure du juriste et théologien berbère Ibn Tûmart, tout comme à la progressive conquête du pouvoir par les tribus almohades, au détriment de la dynastie almoravide. Devenue, en 1130, le lieu abritant le tombeau du Mahdî puis, après la chute du régime almoravide en 1147, le sanctuaire du nouveau pouvoir impérial almohade et le panthéon des souverains mu'minides, Tinmal ne devait plus cesser de susciter l'intérêt des historiographes.
Le prestige du nom Tinmal n'a depuis point faibli, tant son importance historique et archéologique s'est avéré primordiale pour notre connaissance de l'époque almohade. La célèbre mosquée, construite à la fin des années 1140, peu de temps après la prise de Marrakech, et dont les ruines ont été décrites, est un jalon essentiel dans la série des impressionnants lieux de cultes édifiés par la nouvelle dynastie : la Kutubiya de marrakech, la Grande Mosquée de Séville, la Mosquée de Hassan à Rabat. Basset et Terrasse en ont donné, après leur visite du site en 1923, une première étude archéologique poussée. Mais, si l'on consulte attentivement les récits médiévaux, et notamment les premiers textes almohades qui relatent les débuts du mouvement et que Lévi-Provençal a édités en 1928 : le K al-Ansâb et le livre d'al Baydhaq, il ne fait aucun doute que Tinmal n'est pas l'épicentre de la révolution almohade. C'est dans une autre localité, nommée Igîlîz, sise non pas dans le Haut-Atlas, mais l'Anti-Atlas voisin, entre la plaine du Sous et pré-Sahara, qu'est né Tûmart, et c'est de là qu'au retour de ses pérégrinations en Orient il a lancé ses partisans, à commencer par ses contribules Arghen (ou Hargha sous sa forme arabisée), à l'assaut de l'empire almoravide. Igîlîz ne sera l'épicentre de cette révolution que durant peu de temps : de 1121 à 1125, avant qu'Ibn Tûmart ne parte, avec ses troupes, à Tinmal justement. Devenu une place forte, puis un lieu de pèlerinage pour les premiers souverains almohades qui viennent notamment se recueillir aux abords de la « grotte sainte », la grotte dans laquelle Ibn Tûmart est censé avoir séjourné au début du mouvement , le site devait encore rester dans les annales du nouveau régime pour quelques décennies encore, avant de tomber dans un progressif oubli.
Le programme archéologique « La Montagne d'Igîlîz et le pays des Arghen – Enquête archéologique sur les débuts de l'empire almohade » est mené dans le cadre d'une action de coopération scientifique entre la France et le Maroc. Dirigé par les trois auteurs de l'article.
A l'heure actuelle (printemps 2014) on compte six campagnes de fouille sur le site. La montagne d'Igîlîz se présente sous la forme d'un piton culminant à 1350 m d'altitude et très difficile d'accès, l'équipe archéologique est fixée au village de Tifigit à 1200 m. Igîlîz est l'un des premiers chantiers en archéologie islamique au Maroc a avoir fait des fouilles en aire ouverte une règle absolue. L'étude de la céramique récoltée à Igîlîz est placée sous la responsabilité d'A. Fili et M. Atki du site de Volubilis quand à l'étude de la numismatique elle est menée par N. Mefitaj de la direction de la culture de Kenitra. En conclusion les auteurs signalent que « l'origine du site tient justement dans sa dimension rurale, montagnarde et tribale, ce qui en fait un excellent poste d'observation de l'évolution de larges pans de la société maghrébine médiévale et prémoderne. La montagne d'Igîlîz constitue également un précieux objet de réflexion sur la manière dont l'Etat vient à la tribu, question fondamentale formulée il y a longtemps déjà par le grand historien maghrébin Ibn Khaldûn. »
Un travail archéologique à suivre de près.
*De la société des gens de Lettres de France, de l'Académie d' Angers


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