Au XI° siècle, Ibn Toumert part en pèlerinage à la Mecque. Il passe par Bagdad et Damas où il s'initie à la doctrine achaarite, orthodoxe. Il en revient tel un pur bigot, convaincu de la décadence des sultans almoravides. Il traverse plusieurs régions au Maroc et trouve enfin refuge à Aghmat (près de Marrakech). Il se comporte d'abord comme un guide spirituel, convaincu que le tawhidisme (unification de la foi, à l'origine de l'appellation, Almohades) doit devenir une morale imposée à tous. Reclus dans la montagne, il invite les gens à lui faire allégeance et ouvre la voie à une dynastie de califes. Officiellement, Mahdi Ibn Toumert est un saint. Il est présenté comme un homme du Souss, descendant du prophète, connu pour sa dévotion et sa science en matière religieuse. En fait, ce zélote fanatique plaide un retour à l'islam des origines. Il interdit la mixité, critique les hommes habillés de tuniques qui les féminisent. Il s'insurge contre les femmes non voilées du prince et s'en prend au malékisme de l'époque. Ibn Toumert joue à fond le rôle du Mahdi (prophète pressenti)."Mahdi" n'est d'ailleurs pas son prénom, mais son titre prophétique. Il serait en fait un Amghar de l'Atlas. Mais la croyance populaire voulait que le Mahdi soit un chérif arabe. Il semblerait même que les mosquées construites à l'époque aient été mal orientées (plus au sud que la Mecque). Il s'est avéré (des traités le prouvent) que la qabla était orientée vers le tombeau du Mahdi qui sans doute, se considérait comme s'il était un intercesseur entre la masse des croyants et Dieu. Les Almohades, étant en somme des bigots, maintiennent l'exclusion des descendants du prophète, susceptibles de concurrencer leur mahdisme. C'est le début d'une conquête (menée avec une armée de 4000 fidèles) qui s'achèvera aux portes de Marrakech, dans le nid d'aigle de Tinmel, où il est enterré. Son successeur, Abdeloumen Ibn Ali, entre à Marrakech, renverse les Almoravides, et finit ses conquêtes dans le Califat de Grenade. À partir de la mosquée de Tinmel, il crée un groupe de 10 adeptes et un cercle de 50 sympathisants. Il déclenche une opération de purification morale au sein de la société. Les premières cibles d'Ibn Toumert et de ses disciples, sont les Soufis et les Juifs. Les premiers prônent l'égalité des croyants et refusent tout contact avec le pouvoir. Les seconds sont obligés de se convertir et de porter des habits noirs pour ne pas passer inaperçus. Jamais, le Maroc n'avait connu un régime aussi fanatique.