Un juge des référés égyptien a interdit et classé, samedi 31 janvier, comme organisation terroriste la branche militaire du mouvement palestinien Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, selon un responsable du tribunal. Les Brigades al Qassam sont accusées d'être impliquées dans « le financement et l'armement des organisations terroristes » opérant en Egypte. Un soutien qui se ferait par le biais des innombrables tunnels entre Gaza et l'Egypte. Des tunnels systématiquement détruits par l'armée égyptienne, mais qui sont immédiatement creusés à nouveau coté palestinien. Selon des sources proches des forces de l'ordre égyptiennes, les garde-frontières ont saisi dans des tunnels, avant les derniers attentats du Sinaï, une grande quantité d'armes et de munitions et notamment des mortiers et obus de 81. Le même type de mortiers qui ont été utilisés contre plusieurs positions militaires lors des attentats de jeudi. La décision du tribunal égyptien aura des retombées sur les relations entre Le Caire et la bande de Gaza. L'Egypte avait joué les médiateurs lors de la trêve entre les Palestiniens et Israël et oeuvrait pour réconcilier les frères ennemis du Fatah et du Hamas. Les brigades Ezzedine al-Qassam, qui ont une direction et des porte-paroles distincts de ceux de la branche politique du Hamas n'ont pas commenté dans l'immédiat la décision de la justice égyptienne. Mais la réponse du Hamas a d'ores et déjà été cinglante : « C'est une décision dangereuse qui ne sert que les intérêts de l'occupant israélien ». Le Hamas a toujours été proche des Frères musulmans, que le président égyptien a chassés du pouvoir. Depuis que l'armée égyptienne a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, les nouvelles autorités du pays accusent des activistes du Hamas, branche palestinienne de la confrérie des Frères musulmans, de prêter main-forte aux jihadistes qui ont multiplié les attentats meurtriers contre les forces de l'ordre dans la péninsule du Sinaï. Déjà en mars dernier, l'Egypte avait interdit le Hamas ainsi que ses activités sur le sol égyptien, et avait aussi gelé ses avoirs. Des attaques commises jeudi dans le nord de la péninsule ont fait au moins 30 morts, principalement des soldats. Deux enfants ont été tués ce matin dans des affrontement entre armée et jihadistes. Le Hamas ne reconnaît plus l'Egypte comme médiateur avec Israël Selon une source proche de la branche armée du Hamas, les Brigades al-Qassam, l'organisation ne reconnaît plus l'Egypte comme un médiateur avec Israël, suite à la décision d'un tribunal égyptien d'ajouter le groupe à la liste des organisations terroristes."Après la décision de la cour, l'Egypte n'est plus un médiateur dans les affaires israélo-palestiniennes," a annoncé un responsable du Hamas à Reuters, quelques heures après la décision du tribunal. Le Caire, qui a négocié un cessez-le-feu entre les deux parties au cours de la guerre de l'été à Gaza, est un intermédiaire crucial entre le Hamas et Israël. "Vous avez perdu votre sens de la justice", a déclaré Ismaïl Haniyeh, l'ex-Premier ministre du groupe terroriste qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, à l'intention du Caire, ajoutant, selon le site Ynet, que "les Brigades sont une source de fierté, de respect et de bravoure", au sujet de la branche armée du groupe."Nous refusons que le nom des Brigades Qassam soit mêlé aux affaires internes de l'Egypte", a dit un porte-parole du Hamas à Gaza, Sami Abou Zouhri. Le Hamas est considéré comme "organisation terroriste" par Israël, les Etats-Unis, l'Australie, le Canada et le Japon. L'armée égyptienne annonce régulièrement la destruction de ces tunnels, utilisés pour faire entrer notamment du carburant et des matériaux de construction dans l'enclave palestinienne, mais également des armes et sert de moyen de contrebande selon Israël. Au cours de la guerre de l'été, les tunnels qui reliaient Gaza à Israël ont servi à des terroristes de mener des infiltrations, parfois meurtrières, près de villages ou de bases militaires israéliennes. Les relations entre le Hamas et l'Egypte sont au plus bas depuis la destitution en juillet 2013 du président islamiste Mohamed Morsi par l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi. Le Hamas est issu, comme M. Morsi, de la confrérie des Frères musulmans, cible d'une implacable répression et déclarée elle aussi "terroriste" par Le Caire. une branche de Da'ech revendique une série d'attaques meurtrières dans le Sinaï Ansar Beït al-Maqdess, principal groupe d'insurgés islamistes du Sinaï et branche du groupe affilié à Da'ech en Egypte, a revendiqué une série d'attaques commises jeudi dans le nord de la péninsule et qui ont fait au moins 30 morts, principalement des soldats. Ce bilan est le plus meurtrier pour les forces de sécurité depuis trois mois. Deux enfants, dont un nourrisson, ont par ailleurs été tués en Egypte, vendredi à l'aube, dans des affrontements entre l'armée et des jihadistes dans le Sinaï, au lendemain des attentats. Un bébé de six mois est mort après avoir été touché par une balle à la tête, et un enfant de six ans est mort dans la chute d'une roquette, dans le nord de la péninsule, ont affirmé des responsables de santé. Deux autres personnes, dont un enfant de 12 ans, ont été grièvement blessées par balle dans des affrontements similaires, selon les mêmes sources. Sur leur compte twitter, les islamistes ont revendiqué les attaques d'hier qui ont coûté la vie principalement à des militaires et qui ont aussi fait, selon des responsables de sécurité et des sources médicales, au moins 62 blessés, dont neuf civils. La principale attaque a eu lieu à Al-Arich, chef-lieu de la province du Nord-Sinaï, où 25 personnes, en grande majorité des militaires, ont été tuées. Le groupe a affirmé avoir «mené des attaques massives et simultanées dans les villes d'Al-Arich, Cheikh Zoueid et Rafah». Selon des responsables de sécurité, des roquettes ont d'abord été tirées sur le quartier général de la police d'Al-Arich ainsi que sur une base militaire adjacente, avant l'explosion d'une voiture piégée. Quelques minutes plus tard, des tirs de roquettes ont frappé un complexe résidentiel proche, où sont logés des officiers. «Des terroristes ont attaqué plusieurs QG et installations de la police et de l'armée en se servant de voitures bourrées d'explosifs et de roquettes», a indiqué l'armée jeudi soir. «Un échange de tirs est toujours en cours», a-t-elle ajouté. Une autre attaque a eu lieu jeudi dans le nord du Sinaï à un point de contrôle de l'armée à Rafah, à la frontière avec la bande de Gaza, où un militaire a perdu la vie. Par ailleurs, un policier a été tué dans l'explosion d'une bombe dans la ville de Suez.