Je pense à Bab El Mansour de Meknès. Cette porte a un battant qui ne s'ouvre jamais au risque de tomber d'un moment à un autre. Cette porte grandiose est donc composée de deux battants chacun pesant, si je ne me trompe, plus d'une tonne. Imaginez si cela tombait sur le crâne d'un visiteur...l'omelette que cela ferait. Je ne comprends pas pourquoi aucun responsable de la ville ne s'en occupe. Cela me ramène à plusieurs longues années en arrière quand j'y avais exposé. Au préalable, j'avais fait une demande à la Délégation du ministère de la Culture pour obtenir une autorisation d'exposition qui me fut accordée alors. Je venais à peine de terminer mon accrochage que vint un représentant de la Bachaouia. Il me demanda de quel droit je prenais possession des lieux. Je présentai l'autorisation. A la lecture du document, l'homme m'affirma que la Délégation du ministère de la Culture de la ville n'avait aucun droit sur cette porte, qu'elle se trouvait sous la responsabilité de la Bachaouia de Meknès. Par conséquent, je n'avais qu'à retirer mes tableaux et formuler une nouvelle demande à son ministère. Mais là n'est pas le sujet. Je me souviens qu'il y eut beaucoup de complications et de démarches à faire. Bref, en ce temps-là, j'avais écrit un article après m'être retroussé les manches. En effet, je n'avais pas mâché mes mots pour exprimer ma pensée... croyez-moi. Donc, là n'est pas le sujet. Le sujet est qu'il y avait deux administrations qui se tiraillaient l'appartenance de cette porte qui, en fin de compte, était censée revenir à cette fameuse Bachaouia. Revenons donc à nos moutons, comme on dit. Le fait est que la belle et monumentale porte ne fonctionne plus comme il le faut. Un des battants ne peut plus s'ouvrir sous menace, tout bonnement, de s'écraser sur le sol. Imaginez un peu un quidam recevant ce machin sur le crâne. Aussi, en guise de réparation, n'a-t-on trouvé mieux que de ne plus l'ouvrir et de ne se servir que d'un seul pan qui, heureusement, fonctionne encore. Résultat : lorsqu'il y a une exposition ou un événement quelconque, la porte n'est ouverte que de moitié. Imaginez l'effet que cela peut avoir sur cette entrée aussi belle et majestueuse que celle d'El Mansour. Celle même reconstituée à l'identique pendant un temps respectable sur la place Vendôme à Paris et classée, tout de même, quatrième plus belle porte du monde. Avons-nous idée de cela, chez nous ? Personnellement, je considère ce monument comme une porte borgne ... sans plus. Vous vous rendez compte, Bab El Mansour... la porte borgne ? Quelle tâche ! Et que l'on ne me dise pas qu'il n'y a pas assez de fonds pour la réparer et, par le même élan, en faire une porte à ouverture et fermeture électronique... c'est bien de notre siècle cela. Cette porte le mérite bien, ne serait-ce que pour la sauvegarde de son image et surtout de la nôtre ! Hé bien, moi, je vous garantis que si un jour ou un autre il prenait l'envie à un monarque quelconque, d'Espagne, de Belgique, de Grande Bretagne ou tout simplement du nôtre le Bien Aimé, donc s'il lui venait, par pur hasard, le désir de visiter ce lieu (digne de cela), je vous garantis, montre en main, qu'au bout de deux jours, pas plus, cette porte serait vite, bien vite réparée et fignolée, comme cela se fait habituellement chez nous... nous le savons, bien. En effet, ce ne sont pas les exemples qui manquent de par le passé. Alors, qui prendrait les charges en mains...puisque, comme je l'ai évoqué en début d'article, on se disputait (becs et ongles) la propriété de ce monument qui semble glisser à l'état d'orphelin ? Lecteurs, si je m'élève avec force pour la beauté de cette porte, ce n'est pas uniquement pour sa beauté elle-même, mais pour le souvenir que j'en garde à la fois émouvant et chéri (je n'ai pas peur des mots). Quand je m'assieds à l'un des cafés de la place de Lahdime, une de mes joies et fiertés est de contempler la beauté, l'équilibre, la force et l'élégance de cette porte qui, comme on dit couramment, remplit mes yeux et me rend la fierté de mes ancêtres. Que voulez-vous, lecteurs ? Il n'y a rien à ajouter et tout à accepter.