Construit en 1942 en plein quartier Habous à Casablanca, dans la pure tradition de l'architecture arabo-musulmane, «Qasr Al Bachaouia» continue de briller de mille feux. Voyage au cœur d'une bâtisse qui respire l'histoire. Mohamed Ben Kharafa a l'air magistral. Vêtu de djellaba soyeuse, chaussé de babouches, il nous accueille en maître de céans à la porte de « Qasr Al Bachaouia ». D'un geste habile, il nous fait signe d'entrer. Conservateur de ce lieu historique, situé au boulevard Victor Hugo (quartier des Habous), M. Ben Kharafa a pour tâche de veiller sur un imposant chef-d'œuvre architectural. Edifié dans les années 40 du siècle précédent, ce bijou semble n'avoir rien perdu de son éclat d'antan. M.Ben Kharafa veillerait à assurer l'entretien de ce site au jour le jour. «Comme vous pouvez le voir, le site est bien entretenu», fait-il, avant de porter la main au front comme pour chasser une mauvaise idée. Au fait, la seule ombre au tableau reste cette nuée de colombes qui élisent domicile sur les remparts et le toit de l'édifice. Mais ces colombes donnent au site un sens et un accent particuliers. Si ces colombes ont choisi d'habiter dans «Qasr Al Bachaouia», c'est parce que ce lieu représente un îlot de paix dans l'Océan du tumulte casablancais. «Ces colombes sont là pour rester», tranche M. Ben Kharafa. Symboles de paix, de pureté et de candeur, ces colombes sont également là pour accentuer la particularité d'un édifice historique authentique et solennel. Construit à base de marbre, de zellige, et de bois, cet édifice donne à voir des gravures et des fresques d'une beauté inouïe. Le génie de l'artisan marocain apparaît dans toute sa splendeur. Ici, des arcades de gypse surplombant des portes en bois majestueux ; au milieu, une fontaine de marbre apporte, avec les quelques cyprès élégants qui l'entourent, une bouffée de fraîcheur aromatisée ; là, un salon, dont le toit est embelli de beaux motifs inspirés de la tradition arabo-andalouse ; ailleurs, des sculptures sur bois rouge comme on aimerait tant voir et revoir… Les touristes, qui se rendent à « Qasr Al Bachaouia », sont légion. «Notre seule condition pour ouvrir l'accès à ces touristes, c'est qu'ils soient accompagnés d'un guide autorisé », indique M. Ben Kharafa. En ce qui concerne les nationaux, l'entrée reste libre. Haut-lieu touristique, «Qasr Al Bachaouia» offre également un cadre propice à l'activité artistique et culturelle. En témoigne la belle soirée avec la vedette de la musique andalouse Mohamed Bajeddoub, organisée par le Lion's Club de Casablanca. Un magnifique voyage dans le temps et dans l'espace, par le transport d'une part vivante de notre mode musical arabo-andalou. Autre preuve de la magie de ce site, «Qasr Al Bachaouia» offre un lieu de tournage esthétiquement irréprochable. Plusieurs émissions des deux télévisions nationales y ont été tournées ; on peut citer, à titre d'exemple, l'émission «Arts et lettres» de 2M. Devant le manque patent d'espaces d'art et de culture à Casablanca, «Qasr Al Bachaouia» présente une très belle alternative. Simplement, ce lieu de mémoire, propriété de la wilaya du Grand-Casablanca, qui tient lieu de siège du Conseil de la région de la mégalopole, en plus de sa vocation artistique, concentre des bureaux administratifs. D'où la difficulté de le doter d'un programme d'animation régulier. Le convertir en espace d'art permettra de lui donner du relief, et offrira aux amateurs du beau un lieu de rencontre idéal.