C'est en découvrant le livre de l'écrivain Boudh el Kartos, « Histoire des souverains du Maghreb », publié en 1860, qui expose les évènements qui ont eut lieu au Maroc durant plus de cinq cents ans, que la jeune Lamiae Belachheb prit conscience que sa ville de Rabat conservait en ses murs d'infinis témoignages de son passé que l'homme pressé d'aujourd'hui ne comprend plus très bien, à la limite ne voit plu Les curieux détails relatés dans le style de l'époque engagèrent Lamiae Belachheb à concevoir ce livre d'une grande originalité qui traite avec beaucoup de clarté l'histoire des différents monuments et détails d'architecture de Rabat : l'histoire de ses murailles, de ses souks, ses quartiers, ses différentes portes, ses fontaines. Son intention est de fournir aux lecteurs rbatis, voire aux touristes, des informations qui lui apprennent l'histoire de chaque site, d'une manière simplifiée, concise, avec une description précise. A l'instar d'un André Hérault dans son « Maroc à visage découvert », d'Henri Terrasse avec son « Maroc des villes Impériales », Jérôme et Jean Tharaud avec « Rabat ou les heures marocaines », François Garrigue et son « Maroc enchanté » et tant d'autres écrivains qui furent fascinés par l'air, la lumière et les paysages d'un Rabat attachant, Lamiae Belachheb, étudiante en Histoire et civilisation, s'est alors penchée sur les monuments et tout ce que Rabat conserve des constructions anciennes et modernes, tout ce qui attire l'œil de l'historien et du visiteur pour en donner la description et l'histoire. C'est ainsi que s'élève la voix d'une jeune génération, mouvement d'une étonnante richesse. Pour elle, les restes d'activités humaines lui révèlent l'existence d'une beauté supérieure, fraicheur réelle plus proche et plus familière où tout semble neuf et où tout est traditionnel. Il n'y a pas de relations historiques ou géographiques sans quelques illustrations. Un Mammeri qui peignit maintes fois Rabat, Jules Galand qui gravât de nombreuses fois les Oudayas, la Tour Hassan ou le minaret de Chellah, Bouchaud qui lavât de nombreuses aquarelles de la ville et de ses petits métiers, René Ménard, voire de Melville et tant d'autres en leur temps. L'artiste peintre Afif Bennani, grand spécialiste des paysages marocains et surnommé « Le Prince des Kasbah », se plait dans une figuration personnelle à reproduire la civilisation marocaine en cherchant la plus vraie des réalités, utilisant la peinture à l'huile et traitant ses sujets au couteau sur un papier spécial. Il attise sa force intérieure pour nous rendre les monuments bien choisis par Lamiae Belachheb. Et ce n'est pas la dimension qui compte dans l'œuvre, mais bien sa force intérieure. Tout comme l'auteur, on sent qu'ils sont à la recherche, dans l'urbanité humaine, de la marque essentielle du sacré. Et le sacré est en fait au bout de toutes les routes. Tout doit être apprécié d'après le perfectionnement moral de l'homme. Car, si la connaissance des moyens n'appartient qu'aux initiés, les résultats sont à la portée de tout le monde. Que ce livre, « Les Monuments de Rabat », si bien pensé et si bien illustré, que Lamiae Belachheb présente avec son écriture, serrée et dense, mais agréable à lire par l'esprit moderne de la phrase courte et bien de notre temps, vous apporte la joie de la découverte et la certitude, comme le disait un architecte : « que seul le vrai est beau ». *Ecrivain et critique d'art, Membre de la Société des gens de Lettres de France, Vice -président de l'Académie d'Angers