Les férus du newlook et fans de «Macharif » doivent jubiler ! Désormais, un nouvel habillage agrémentera le plateau de la plus célèbre émission culturelle diffusée par la télévision nationale; ce qui semblait une revendication légitime pour certains mordus du débat culturel télévisé. Le poète et animateur de l'émission Yassine Adnan par contre ne céda pas un iota dans ses choix et continue à militer pour la pluralité et la diversité des tendances qui impriment la scène culturelle. Pour la SNRT ce nouvel habillage doit se décliner dans un large éventail de programmes dont « Macharif », relooké et aéré par davantage d'espace. Constat heureux: Un studio intégralement rénové; du Led lighting design pour un peu plus d'ambiance avec à la clé un plateau aux motifs plus attrayants, nuancés par des lumières bleuâtres dégradées. Des effets d'ouverture et de convivialité se dégageant d'un décor relativement sobre. A l'arrière plan deux Smart tv assurent un défilement en mode panoramique des invités les plus marquants de l'émission. Le réalisateur Ahmed Najm se féliciterait certainement de cette innovation qui lui permettrait de fait étalage de son art. Après la tempête le beau temps ! Un dicton qui convient parfaitement à l'historique de «Macharif » marqué par un épisode houleux, il y'a quelques années; lorsque tout un tôlé a été soulevé dans la presse électronique après qu'une brève et énigmatique censure allait mettre en placard l'émission. Des hommes de lettres de grande notoriété, tels que Abdellatif Laâbi, Mohamed Berrada,Tahar Ben Jelloun, Fatima Mernissi et Mohamed Achâari et bien d'autres, ont manifesté publiquement leur sympathie à l'égard du poète Yassine Adnan en signant une longue pétition. Les décideurs de la chaine nationale ont de leur part fi montre d'une grande intelligence en mettant un terme à la polémique: Accorder plus d'intérêt à la culture et plaider pour une télévision savante et novatrice. Depuis, d'autres programmes ont vu le jour dans le cadre d'une nouvelle approche télévisuelle; concrètement une politique de proximité est instaurée pour un large public, peu envieux des dédales de la pensée et des lettres ; une émission comme « Sada Al ‘Ibdaâ » semble traduire cette vocation nouvelle. Le débat culturel marocain aura atteint son summum avec un invité de marque convié à l'émission Macharif pour débattre du sujet et répondre à des questions de l'ordre : A-t-on réussi à développer une théorie de la littérature marocaine indépendamment de l'influence des théories du « Machreq »? Et dans quelle mesure nous avons pu écrire l›Histoire de la littéraire Marocaine? Aussi, comment nous avons dû cristalliser ce phénomène marocain dans la littérature, la pensée et l›art populaire? Autant de questions auquel avait répondu en véritable connaisseur Dr Abbès Al Jirari, doyen de la littérature marocaine et membre de l'académie du Royaume. Un débat fructueux pour inaugurer le nouvel an ; toutefois, l'épisode nous laissa sur notre faim, tant le sujet est d'une importance majeure et mériterait un temps moins court. Autre nouveauté, bien plus marquante et astucieuse: La rubrique « Aân Katab » ou « de très prés » dans la langue de Molière! Yassine Adnane réalisa, en solo, à la fin de l'épisode une greffe qui donna un goût raffiné à l'émission. « Aân Katab » est une lecture concentrée d'une œuvre choisie et étalée en guise d'hommage à son auteur; un geste de reconnaissance à l'égard de ces créateurs dont les œuvres moisissent les oubliettes. « Aân Katab », une émission dans l'émission !? Peu importe, Yassine nous en délivra le secret lors des prochains épisodes.