Israël a gelé le transfert de fonds effectué tous les mois à l'Autorité palestinienne pour le paiement de ses fonctionnaires, trois jours après la décision du président Mahmoud Abbas de signer les documents d'adhésion à la Cour pénale internationale (CPI). Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a décidé, après consultation des membres de son gouvernement, de geler un transfert de fonds de 500 millions de shekels (100 millions d'euros) par mois, sur lequel compte l'Autorité palestinienne pour sa gestion courante et le salaire de ses fonctionnaires, a déclaré un responsable israélien samedi. La réaction palestinienne a été vive. «C'est du grand banditisme. Non seulement c'est illégal, mais ils ajoutent de l'argent volé au vol des terres. Ces revenus appartiennent au peuple palestinien, ils servent à payer les salaires et à consolider notre économie», s'est indignée la négociatrice palestinienne Hanane Ashraoui. Israël a condamné la décision annoncée mercredi par Mahmoud Abbas, estimant qu'il s'agissait d'une mesure unilatérale de nature à peser sur les perspectives d'un accord de paix négocié. La mission d'observation palestinienne aux Nations unies a remis vendredi au siège de l'Onu à New York les documents d'adhésion au statut de Rome, acte fondateur de la CPI, et à une série d'autres traités internationaux. Israël avait lancé une vaste campagne d'arrestations suivie de la guerre à Gaza... La première plainte que les Palestiniens entendent déposer auprès de la Cour pénale internationale (CPI) portera sur des «crimes» perpétrés après le 13 juin 2014, quand Israël a lancé une vaste campagne d'arrestations suivie de la guerre à Gaza. Après leur récente demande d'adhésion, les Palestiniens pourraient déposer début avril leur demande de saisie du tribunal de La Haye afin de poursuivre en justice des responsables, notamment militaires, israéliens.«La CPI peut être saisie pour des faits circonscrits à un espace et à un temps précis», explique Chaawan Jabbarine, directeur du centre juridique al-Haq et figure de la défense des droits de l'Homme en Cisjordanie occupée. La date du 13 juin 2014 a été choisie «car l'enquête de la commission de l'ONU sur les violations des lois humanitaires internationales et des droits de l'Homme commises durant la guerre à Gaza cet été a commencé au début du mois de juin». Plus de 2.000 Palestiniens ont été arrêtés Le 12 juin, trois jeunes Israéliens étaient kidnappés près d'un bloc de colonies en Cisjordanie occupée, avant d'être assassinés. Dès le lendemain de leur enlèvement et durant les trois mois qui ont suivi plus de 2.000 Palestiniens ont été arrêtés à travers la Cisjordanie et à Jérusalem. Le cycle de la violence s'est ensuite aggravé, notamment dans la Ville sainte, secouée par des affrontements et par plusieurs attentats. Moins d'un mois plus tard, Israël lançait sa troisième offensive --aérienne et terrestre-- sur la bande de Gaza en six ans, tuant près de 2.200 Palestiniens, en grande majorité des civils. Plus de 70 personnes sont mortes côté israélien, quasiment tous des soldats. Durant les 50 jours de conflit, des milliers de roquettes tirées de Gaza se sont abattues sur Israël.