L'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) et l'Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) ont exprimé récemment leur préoccupation concernant l'apparition d'une nouvelle souche du virus de l'influenza aviaire en Europe, qui serait similaire aux souches qui circulaient en Asie en 2014, et qui représente une menace significative sur le secteur avicole, en particulier dans les pays pauvres situés le long des routes migratoires des oiseaux sauvages en bordure de la mer Noire et de l'Atlantique Est. L'Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont confirmé la présence de la nouvelle souche du virus H5N8 de la grippe aviaire dans des élevages de volailles, et les autorités allemandes ont détecté le virus chez un oiseau sauvage. Plus tôt dans l'année, la République populaire de Chine, le Japon et la République de Corée ont signalé des foyers du virus H5N8 chez les volailles, ainsi que dans certains cas chez les oiseaux migratoires et la sauvagine. La présence du virus ayant été constatée à des intervalles de temps très rapprochés dans trois pays européens, tant sur un oiseau sauvage que dans trois systèmes de production très différents, les experts de la FAO et de l'OMS pensent que les oiseaux sauvages ont joué un rôle dans la propagation du virus. Jusqu'à présent, poursuit la même source, il n'a pas été confirmé que le H5N8 infectait l'homme. Toutefois, il est hautement pathogène pour les volailles domestiques, puisqu'il entraîne des taux de mortalité significatifs chez les poulets et les dindes. Le virus peut aussi infecter les oiseaux sauvages, chez qui la maladie est quasiment asymptomatique. Si des systèmes avicoles aux conditions de biosécurité insuffisantes sont infectés dans des pays peu préparés sur le plan vétérinaire, le virus pourrait se propager d'élevage en élevage, ce qui aurait des effets dévastateurs d'une part sur les moyens d'existence des éleveurs vulnérables, et d'autre part sur les économies et le commerce nationaux. La meilleure façon pour les pays de se protéger contre ces effets est de promouvoir une amélioration de la biosécurité et d'entretenir des systèmes de surveillance capables de détecter rapidement les foyers pour permettre aux services vétérinaires de réagir rapidement. La nouvelle souche du virus vient brusquement rappeler à la communauté mondiale que les virus de l'influenza aviaire continuent d'évoluer et d'apparaître, ce qui fait peser une menace sur la santé publique, la sécurité alimentaire et la nutrition, les moyens d'existence des éleveurs de volailles vulnérables, ainsi que le commerce et les économies nationales. Il est donc vivement recommandé, souligne la FAO, de faire preuve d'une extrême vigilance, et impératif de soutenir et de financer les efforts visant à maîtriser progressivement l'épidémie. Pour protéger les moyens d'existence des aviculteurs et le commerce des produits avicoles, la FAO et l'OIE conseillent en particulier aux pays à risque de renforcer les efforts de surveillance afin de détecter rapidement le H5N8 et les autres virus de l'influenza et d'entretenir et renforcer les capacités de réponse rapide des services vétérinaires. Ils recommandent aussi de renforcer les mesures de biosécurité, en veillant en particulier à minimiser les contacts entre les volailles domestiques et les oiseaux sauvages; et de sensibiliser les chasseurs et autres personnes susceptibles d'entrer en contact avec la faune sauvage, pour qu'ils signalent rapidement l'éventuelle présence d'oiseaux sauvages malades ou morts. « Aucun cas humain n'a été associé à la nouvelle souche de l'influenza aviaire, mais elle est apparentée au virus H5N1, connu pour s'être propagé de l'Asie à l'Europe et à l'Afrique en 2005-2006. Or cette épidémie, dans laquelle étaient également impliqués des oiseaux sauvages, avait causé la mort de près de 400 personnes et de centaines de millions de volailles; il convient donc de prendre des mesures de précaution au niveau des animaux », affirme la FAO.