Le Canada, pays où l'islamophobie se manifeste moins qu'en Europe, a vu dernièrement la naissance d'attitudes d'intolérance envers les Musulmans, suscitées par un mouvement qui se baptise «Québec identitaire». Deux individus ont été captés vendredi 7 novembre par des caméras de surveillance de la mosquée de la Capitale à Québec en train de placarder, en pleine nuit, cagoulés, des affiches à caractère haineux sur les murs de la mosquée. Deux autres centres religieux ont connu le même sort, la Mosquée de Québec à Limoilou, et le Centre culturel islamique de Québec, à Sainte-Foy. Les affiches énonçaient : «Islam, hors de chez moi». Le groupe «Québec identitaire» qui milite pour une identité québécoise où l'Islam n'a pas sa place et milite pour que les Musulmans quittent le Canada, nie catégoriquement être radical. Il milite toutefois pour le droit de ne pas côtoyer les pratiques religieuses qu'il estime imposées par d'autres communautés. Une enquête a été ouverte par la police du Québec pour essayer d'identifier les coupables et déterminer les motifs d'un tel acte. Ce geste haineux n'a pas laissé indifférente la communauté musulmane et la plupart l'a relié aux événements criminels survenus récemment à Saint-Jean Richelieu et quelques jours plus tard à Ottawa par des jeunes qui se disaient convertis à l'Islam radical. Les attentats avaient coûté la vie à deux soldats canadiens, le 21 et 26 octobre. Cet incident n'est pas le premier à affubler la même bâtisse d'un message agressif envers les Musulmans. L'imam n'en avait pas informé les autorités, préférant ignorer cet affront qu'il a jugé mineur. Il faut dire que les provocations, quoi que discrètes, ne datent pas d'hier et qu'elles se sont manifestées différemment d'un milieu à l'autre. Même la chanteuse québécoise Céline Dion a eu son mot à dire à propos du port du voile dans les hôpitaux : «Vous devez vous adapter à nos règles; vous vivez au Québec, qui vous a ouvert les portes pour que vous viviez dans un monde meilleur (...) Les femmes qui croient en leurs coutumes doivent s'adapter à leur pays d'accueil. (...) Si je vais vivre dans leur pays et que je dois me voiler, je le ferai». S'agit-il d'un cas isolé ou du début d'un long processus de chasse à l'Homme musulman collective et éventuellement d'autres religions qui commencent à peser ? L'aboutissement de l'enquête nous le dira ou, à défaut, l'évolution des faits...