L'Islam radical. Le monde ne retient de cette expression que le terme « Islam » pour justifier toutes les attaques dont sont victimes très souvent les Musulmans. Et ce ressentiment est né et se nourrit des pratiques de ceux qu'on appelle les fous d'Allah et qui ne reflètent nullement la vraie image de l'Islam qui n'est ni violent, ni injuste, et encore moins intolérant. Des énergumènes mal dans leur peau trouvent là l'occasion rêvée de se venger du monde sous la fausse identité de l'Islam et véhiculent, à travers les pires scénarios de torture et d'attaques criminelles, une assez mauvaise publicité sur la religion la plus tolérante qui soit. Résultat : tout ce qui se cache derrière un foulard ou une barb(ichette)e effraie et la communauté musulmane n'a pas la côte. Caricatures, ouvrages, blogs haineux et insultants, rien n'est épargné pour dénigrer l'Islam et les Musulmans. On confond volontiers Islam et terrorisme, surtout après des attaques commises au nom d'Allah. La confusion est à son paroxysme en ce moment au Canada, victime, pour la deuxième fois en un mois, d'un acte terroriste, perpétré cette fois par le Canadien de père libyen Michael Zehaf-Bibeau, un jeune homme accro aux drogues et qui vivait dans un refuge pour sans-abri. Si le lendemain de cette tragédie a laissé un goût amer dans l'esprit et la bouche des Canadiens de souche, il l'est encore plus pour la communauté musulmane qui essaie encore de se remettre des répercussions du premier attentat de St-Jean Richelieu, quand un « adepte de l'Islam radical » comme l'ont qualifié les médias de masse, a tué un militaire et en a blessé un autre le 21 octobre 2014, avant d'être abattu par la police. Des imams montréalais de la communauté Ahmadiyya ont catégoriquement condamné, dimanche matin, les assassinats des militaires, celui de cette première attaque et de celle commise 5 jours plus tard, au Monument commémoratif de la guerre à Ottawa : «Ces attaques lâches sont menées par des personnes cruelles, et ne peuvent être cautionnées par aucune religion», a déclaré l'imam Abdul Rashid Anwar, soutenant ainsi la position du Conseil des Imams du Québec qui s'est prononcé à cette occasion : «Nous condamnons à 100 % les attaques contre le Canada et tous les autres gestes commis à travers le monde » . Pour Omar Koné, imam du courant soufi à Montréal qui s'était prononcé à l'occasion de la manifestation contre la présence de quatre prédicateurs qui militent pour un Islam radical il y a deux mois : « le Jihad fondamentalement n'est pas la guerre. C'est un effort que tout Musulman doit faire devant une situation qu'il trouve injuste. Il se doit d'agir, de parler ou de prier ». Tous les œufs dans un même panier... Suite à ces deux événements tragiques, le Collectif Québécois Contre l'Islamophobie (CQCI) dénonce résolument le tapage médiatique qui a suivi les massacres et leur acharnement des médias sur la religion : « Dès les premières heures, plusieurs commentateurs et animateurs ont délibérément occulté une pléthore de causes probables au passage à l'acte pour privilégier exclusivement la conversion à l'islam (ou la religion) comme étant la cause principale » avait déclaré à ce propos Adil Charkaoui, coordinateur du CQCI. Le CQCI rejette donc catégoriquement la thèse de l'Islam radical dans les deux cas, qu'il qualifie de xénophobe et islamophobe largement médiatisée : « Martin Couture-Rouleau et Michael Zehaf-Bibeau ne sont ni des jeunes radicalisés (25 et 32 ans!), ni des immigrants mal intégrés ni des fondamentalistes endoctrinés par les mosquées locales. Pourtant, ces éléments ont été sciemment marginalisés dans la plupart des analyses médiatiques » a ajouté Adil Charkaoui, coordinateur du CQCI. Le Collectif québécois contre l'islamophobie (CQCI) est un organisme à but non lucratif qui consacre ses actions pour la lutte contre l'islamophobie sous toutes ses formes et qui se veut la voix de la majorité silencieuse mais tolérante. Contre les préjugés religieux A cet effet, le groupe Médias Maghreb, le Congrès Maghrébin au Québec (CMQ), l'Association des Musulmans et des Arabes pour la laïcité (AMAL-Québec) et M télé viennent d'organiser, lundi 28 octobre 2014, une conférence débat sous le thème «Violence au nom de l'Islam, quels impacts sur les communautés musulmanes et quelles actions entreprendre». Tenue à Montréal, la conférence a réuni plusieurs panélistes, représentants de la société civile québécoise et membres de la communauté musulmane et avait pour but d'ouvrir le dialogue et d'initier le débat sur le rôle de la communauté musulmane et son implication dans la lutte contre le fléau de la radicalisation, des conséquences des deux attentats sur la communauté musulmane et ses craintes d'être associée à ces actes. Abdou Zirat, journaliste et vice-président des communications du Congrès Maghrébin au Québec, membre actif impliqué de la communauté musulmane de Montréal, nous a déclaré au sujet de cette manifestation à la quelle ont pris part également des personnalités politiques québécoises concernées par la problématique de l'Islamophobie : « Dans la foulée des deux attentas récemment commis au nom de l'Islam, et qui touchent de plein fouet la communauté musulmane établie au Canada, nous avons choisi d'unir nos voix et nos efforts contre le fléau de l'Islamophobie afin de montrer au monde entier qu'une poignée de tueurs, qui se disent Musulmans et qui se cachent sous cette étiquette afin de souiller la réputation des Musulmans et commettre des délits barbares, ne peut condamner les vrais Musulmans qui, eux, sont des gens modérés et des citoyens exemplaires ».