La recherche et développement (R&D) est devenue l'un des principaux moteurs de la compétitivité tant des entreprises que des nations et a contribué à remodeler les modèles de croissance économique du monde. Ainsi, la R&D est au coeur des politiques publiques et privées conduites dans la plupart des pays sans distinction par rapport à leur niveau de développement. Conscient de ce rôle, le Maroc est à la recherche de nouvelles perspectives de croissance inclusive et créatrice d'emploi dont la R&D pourrait être la clé de voûte. Les dépenses mondiales en R&D ont atteint 2,08% du PIB en 2011 (1,35 billion de dollars US en PPA courant, soit près du double des dépenses en 2000) conservant le même niveau durant les deux dernières décennies. La part des USA dans la R&D mondial est de 32% en 2011, mais la contribution la plus importante à l'augmentation des dépenses mondiales en R&D revient à la Chine, arrivant à la 2ème place avec 15% des investissements mondiaux dans la recherche (contre 4% en 2000) dépassant, ainsi, le Japon (11%). En outre, la part des brevets déposés par des entreprises chinoises est passée de 0,8% en 2000 à 9%73 en 2011 (celle de la France a diminué de 20,2% à 18% et celle des Etats-Unis de 40,8% à 26,9%). Par ailleurs, le nombre moyen de chercheurs avoisinait, en 2011, 1,3 pour un million d'habitants avec en tête les pays scandinaves. En absolu, la Chine a le plus grand vivier de chercheurs avec près de 2 millions de chercheurs. Etat des lieux de la R&D au Maroc Le budget alloué à la R&D au Maroc est passé de 3 milliards de DHS en 2006 à 5 milliards de DHS en 2010, soit de 0,34% du PIB en 2006 à 0,73% en 2010. En 2013, cette part a atteint 0,8% du PIB avec comme perspective d'atteindre 1% en 2016. La R&D au Maroc est financée par le secteur public à hauteur de 73% contre 22% pour le secteur privé, 1% pour le partenariat public-privé, 1% pour le partenariat public-public et 3% pour la coopération. La production scientifique marocaine a progressé entre 1987 et 2003 pour occuper la 3ème place en Afrique derrière l'Afrique du Sud et l'Egypte. Cependant, le Maroc a régressé à la 6ème place en 2010 au niveau africain. La production scientifique nationale constitue 0,122% de la production mondiale, classant, ainsi, le Maroc loin derrière l'Egypte et la Tunisie. En matière de brevet, 1118 demandes de brevets ont été déposées en 2013 à l'Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale (OMPIC) dont 315 d'origine marocain. Concernant les exportations de haute technologie, le Maroc est classé en tête des pays arabes en 2012, soit 6,3% des biens manufacturés contre 5,6% pour la Tunisie et 0,13% pour l'Algérie. Relativement à l'innovation, le Maroc est classé 84ème sur 143 pays dans le Global Innovation Index de 2014, derrière la Jordanie (64ème rang) et la Tunisie (78ème rang), gagnant toutefois 8 places par rapport à l'édition précédente. Le Maroc a multiplié les initiatives pour le développement de la R&D tant dans le cadre de la stratégie Maroc innovation que celui des différents plans sectoriels. Les mesures mises en oeuvre dans le cadre de la stratégie Maroc innovation avaient fixé pour objectif de produire 1000 brevets marocains et de créer 200 start-up innovantes à l'horizon 2014. Cette stratégie s'est fixée comme objectifs de développer des programmes de financement de la R&D dans les technologies avancées, de mettre en place des cités de l'innovation à Fès, Rabat et Marrakech et de développer des instruments de financement, notamment, Intilak, prestation technologique réseau et Tatwir. Des mesures ont été entreprises dans le cadre de divers plans sectoriels qui visent, entre autres, la création de technopoles régionales qui peuvent constituer de nombreuses opportunités pour le développement de la R&D, en multipliant, notamment, les interfaces entre la recherche et l'entreprise et en offrant un cadre approprié à des entreprises étrangères à forte valeur ajoutée. Quant aux mesures d'ordre institutionnel, diverses actions ont été mises en place, notamment, la mise en place en 2001 du Fonds national de soutien à la recherche scientifique et au développement technologique, la création en 2002 d'un comité interministériel de la recherche scientifique et du développement technologique, la mise en place de l'Académie Hassan II des Sciences et Techniques en 2006 et du Centre Nationale de la Recherche Scientifique et Technique (CNRST) ainsi que la création, en juillet 2011, du Club Marocain de l'Innovation (CMI). Malgré les efforts entrepris, des insuffisances subsistent. Ainsi, le problème de renouvellement du personnel enseignant, principal facteur dynamisant de la R&D, va se poser avec acuité. Par conséquent, il y a lieu d'encourager l'intérêt des jeunes pour la recherche dans les universités publiques, notamment, par l'amélioration du statut du chercheur.