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Suspendu pour trois mois de ses fonctions d'entraîneur de l'équipe réserve du Real Madrid, Zinedine Zidane se retrouve pris dans les méandres des tensions entre son club et la Fédération espagnole. Pourquoi l'Espagne sort Zidane de l'arène
La SANCTION est dure et peut paraître injuste. Mais Zinedine Zidane n'a d'autre choix que de s'y soumettre et d'attendre l'issue des recours engagés. La décision du comité de compétition de la fédération espagnole, composée d'un juge unique, de le suspendre de ses fonctions d'entraîneur du Castilla durant trois mois s'inscrit dans un contexte défavorable au Français. Être célèbre, être français et entraîner la réserve du Real Madrid s'est retourné contre lui. Explications. QUI EST A L'ORIGINE DE CETTE AFFAIRE ? Ni l'Association nationale des entraîneurs de football, le syndicat officiel espagnol, ni les responsables des autres clubs de la Segunda B (D3), où évolue le Castilla du Real Madrid, ne sont à l'origine de la suspension de Zinedine Zidane. C'est en fait un certain Miguel Galan, président du CENAFE (centre national des entraîneurs de football), qui a déclenché l'affaire. Cet organisme est en réalité une entreprise, un réseau d'écoles privées pour entraîneurs dont les méthodes ont mauvaise réputation. «J'aimerais que les autorités compétentes se penchent sur les activités de cette société», explique d'ailleurs Xavier Julia, le président du syndicat officiel des entraîneurs. Galan a donc, en août dernier, Fédération espagnole contre Zinedine Zidane, l'accusant de violer la réglementation en entraînant la réserve du Real sans le troisième degré du diplôme d'entraîneur et de se servir d'un prête-nom, en l'occurrence Santiago Sanchez, lequel apparaît, dans l'organigramme du Castilla, comme entraîneur n° 1. La Fédération espagnole a jugé cette plainte recevable et ouvert une enquête, qui est allée dans le sens de la requête de Miguel Galan. Ce dernier a donc parfaitement réussi son coup de communication, en faisant parler de lui et de son entreprise dans des proportions inimaginables. «II s'est servi de la notoriété de Zidane pour se faire de la publicité », accuse Xavier Julia. Et ce n'est pas terminé. Lundi soir, peu après l'annonce de la suspension de l'ancien numéro 10 des Bleus, Galan est apparu triomphant sur le plateau d'El Chiringuito, l'émission sportive vedette de la télévision espagnole. POURQUOI CET ACHARNEMENT DE LA FÉDÉRATION? Dès que la plainte a été déposée, les dirigeants du Real ont su que rien de bon pour eux ne pouvait sortir de cette affaire. «Nous étions conscients qu'on ne nous ferait pas de cadeau», nous confiait un responsable madrilène il y a quelques jours. En effet, le contexte ne pouvait pas être plus défavorable à Zidane. Voilà désormais dix ans, en effet, que la Fédération et le Real sont en guéguerre. En 2004, le président merengue, Florentino Pérez, au côté de la majorité des clubs de Liga (sauf le Barça et l'Athletic Bilbao), avait soutenu pour la présidence de la Fédération l'opposant d'Angel Maria Villar, le «boss» qui règne sur le football espagnol depuis bientôt trente ans. Villar n'a jamais pardonné à Pérez, et le sentiment que la Fédération ne manque pas une occasion de porter préjudice au Real perdure dans les bureaux du stade Santiago-Bernabéu. Illustration: les responsables merengue se plaignent souvent des arbitres que la Fédération désigne pour les matches du Real. « Zidane a vraiment l'impression d'être la victime collatérale d'un conflit qui le dépasse », analyse un de ses proches. Au-delà de ces problèmes avec la Fédération, le peu de popularité dont jouit le Real auprès d'une partie de la société espagnole dessert aussi le Français. De plus - et même si Zizou a toujours été respecté comme joueur - il paie aussi son choix de passer ses diplômes en France alors qu'il réside à Madrid depuis l'été 2001. L'Espagne est très sensible à ce genre de symboles. D'où le discours et les prises de position assez tièdes des médias ibériques qui, que ce soit à Barcelone ou dans la capitale, ne sont pas aussi virulents qu'on aurait pu l'attendre. COMMENT PEUT-IL S'EN SORTIR ? Point important, Zidane peut compter sur l'absolu soutien de son dub à tous les niveaux. La farouche défense que José Angel Sanchez, directeur général et bras droit de Florentino Pérez, a présentée devant le comité de compétition de la Fédération, est une preuve évidente que le champion du monde 1998 n'est pas seul dans cette tourmente. Le Real a l'intention d'épuiser tous les recours, avec pour principal argument le fait que Zidane bénéficie d'une dérogation de la FFF qui l'autorise à entraîner tout club professionnel. Dès hier, les responsables merengue ont donc fait appel de la sanction sur le fond - mais sans grand espoir - et ont demandé, en outre, que le délai d'appel soit suspensif, afin que Zidane puisse continuer d'exercer ses fonctions dans l'intervalle. Sur ce point précis, la réponse interviendra ce vendredi. Sur l'affaire elle-même, dès qu'une nouvelle décision sera prononcée, et si elle est de nouveau défavorable, le Real se tournera alors vers le Tribunal arbitral du sport espagnol, qui dépend directement du ministère des Sports. Cet organisme se veut neutre et le Real lui fait confiance. En tout cas, au moins jusqu'à vendredi, donc, Zizou ne peut s'asseoir sur le banc les jours des matches, est interdit de vestiaire et n'est même pas autorisé à diriger les entraînements au centre de Valdebebas. Contrevenir à cette dernière interdiction, même avec des sessions à huis clos, l'exposerait à une punition plus lourde. Un risque que Zidane ne veut pas courir. Il ne lui reste donc plus qu'à attendre. Et espérer.