Les autorités turques ont arrêté mardi 55 haut responsables de la police dans le cadre d'une enquête criminelle sur des allégations de corruption et d'abus de pouvoir, poursuivant la purge au sein de la police et de la magistrature, ont rapporté des chaînes de télévision turque. Quarante haut responsables en activité ou à la retraite ont été arrêtés à Istanbul, y compris l'ancien chef de l'unité antiterroriste de la police d'Istanbul, Omer Kose. Quinze autres responsables ont été arrêtés dans d'autres villes. Parmi les personnalités interpellées mardi, à trois semaines du premier tour de l'élection présidentielle le 10 août, se trouve aussi le chef des services de renseignement turques (MIT), Hakan Fidan, a indiqué le bureau du procureur d'Istanbul dans un communiqué. Au cours de cette vaste opération menée en début de matinée, dans la seule ville d'Istanbul la police a fait près de 200 interventions. Les images télévisées ont montré des hauts responsables de police emmenés menottés. Des descentes de police ont été menées simultanément dans 22 villes à travers la Turquie, rapporte le quotidien Hurriyet sur son site internet. Les personnes arrêtées sont accusées d'espionnage, d'écoutes illégales, faux et usage de faux documents officiels, violation de la vie privée, fabrication de preuves et violation du secret d'instruction, selon les médias. Le pouvoir turc avait lancé fin juin une vaste enquête judiciaire contre le mouvement religieux du prédicateur exilé Fethullah Gülen, l'ennemi du Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan. Il accuse le mouvement de son ex-allié d'avoir manipulé l'enquête sur un vaste scandale de corruption impliquant le Premier ministre et son entourage. Dans une interview à la télévision lundi soir, M. Erdogan a promis que la lutte contre le mouvement Gülen continuerait «non-stop», tout en réclamant des Etats-Unis l'extradition de l'imam. «J'attends que les États-Unis prennent position sur la question Gülen», a déclaré M. Erdogan. Agé de 72 ans, M. Gülen vit depuis 1999 en Pennsylvanie (est), d'où il dirige un puissant mouvement socio-religieux qui compterait plusieurs millions de membres, influents dans la police et la magistrature turque. Il a toujours nié d'être à l'origine de l'enquête contre Erdogan. Malgré les critiques et les scandales, le parti de la justice et du développement (AKP) du premier ministre a remporté une victoire éclatante aux municipales du 30 mars et M. Erdogan est le candidat donné gagnant de l'élection présidentielle du 10 août.