Malgré le spectacle offert, le suspense insoutenable, les larmes des enfants et femmes... rien ne change même si on veut aller voir s'il y a quelque chose de nouveau par rapport aux éditions précédentes. Et pourtant, en football, on pourrait un petit peu changer les choses. Le cinéma l›a fait. La peinture aussi ! Godard disait en marge de son film testamentaire « Adieu au langage « : «Les footballeurs n›ont pas les moyens intellectuels, culturels pour changer les choses. Ils ne jouent qu›avec leurs pieds». Et pourtant, la FIFA a tout : les moyens, le pouvoir, l›argent, l›économie, l'obsession de créer l›émotion. Alors, je m›accroche comme je peux pour mon propre et égoïste plaisir à lire les matchs (je n›ai pas dit voir les matchs) à travers les écrits de quelques personnalités non sportives : l›écrivain brésilien Sergio Rodrigues et son nivela «Jules rimet, méu amor « publié par « Le Monde » tout au long de ce mondial. Je pense aussi au Marocain (Guercifi) Reda Allali, alias Zakaria Boualem, qui me procure un bonheur à le lire dans «Telquel» : « Il y a bien sûr Robben et sa mine d›avocat d›affaires un peu stressé, un type qu›on imagine au bord du burn out et qui n›envisage la passe que comme un échec personnel «. Seuls les non-journalistes sportifs (1) sont dignes d›aller voir s›il n›y avait pas quelque chose... à inventer par rapport à cette hystérie collective appelée : football, calcio. Mon ami et mon professeur de cinéma, le regretté Serge Daney, était de cette trempe qui savait renvoyer la balle quand il écrivait sur le tennis dans le quotidien français «Libération». L›historien-écrivain Jean Lacouture me procurait une douce joie par ses écrits, dans le grand journal «Le Monde» sur les matchs de rugby de l›équipe de France. Le mondial de la FIFA pourrait être fait autrement. La FIFA ne veut pas. Les journalistes pourraient arriver à le dire mais ils ne le font pas. Nous reste la frustration, comme lot de consolation, la fièvre brûlante du football pour les milliards de téléspectateurs et la honte pour ces affamés des favelas brésiliens. Le Maroc est aux abonnés absents. Il est très occupé avec l›organisation de la prochaine Coupe d›Afrique. L›Italie a mordu la poussière... Que me reste-t-il ? Loin de cette opérette «populaire» où les héros sont totalement clonés, tatoués et affreusement gominés, mon seul refuge restera durant ce mois ramadanesque la lecture d›esprit et de distanciation. Tout lire sur cette finalité d›exorcisme populaire. Tout dévorer chez les humoristes et écrivains sarcastiques. Enfin fuir, surtout fuir les experts et spécialistes es-football. Abdou Achouba Producteur de cinéma international (vivant à Rome),