Si la réélection, dès le premier tour, du président sortant Mohamed Ould Abdelaziz à la magistrature suprême de la Mauritanie pour un deuxième mandat, était attendue, l'émergence de l'activiste et militant Biram Ould Dah Ould Abeid, arrivé deuxième, a été pour le moins surprenante. Le présidant sortant Ould Abdelaziz, qui a mené sa campagne sous le slogan «Espoir et changement constructif», a été déclaré vainqueur par 89,81 pc des suffrages, soit 577.995 voix sur l'ensemble des 705.788 voix exprimées, tandis que Biram, candidat anti-esclavagiste et président de l'ONG Initiative pour la résurgence du Mouvement abolitionniste, a obtenu 61.218 voix (8,67 pc). Selon les observateurs, cette position de dauphin devait échoir au président du parti pour l'Entente démocratique et sociale, Boydiel Ould Houmeid, qui s'est finalement contenté de la troisième place avec 4,50 pc des voix, devant Ibrahima Moctar Sarr, représentant la communauté négro-mauritanienne (4,44 pc). Après la décision de l'opposition de boycotter cette échéance, le président sortant, assuré dès lors d'être réélu pour un second mandat, selon les observateurs, n'avait plus qu'un seul défi à relever, à savoir atteindre un taux de participation plus élevé que celui enregistré en 2009 (52 pc), un objectif réalisé avec succès puisque le taux de participation pour ce scrutin a été de 56,46 pc. Lauréat de l'Académie royale militaire de Meknès, Mohamed Ould Abdel Aziz, un des principaux coordinateurs du coup d'Etat du 6 août 2008 qui avait renversé Cheikh Sidi Mohamed Ould-Abdallah, avait démissionné de son poste de responsable militaire en vue de briguer les présidentielles du 18 juillet 2009 face à neuf candidats, parmi lesquels des leaders de l'opposition, qu'il avait nettement dominés dès le 1er tour avec plus de 52 pc des voix exprimées. Le nombre important de voix remportées par Ould Abdelaziz, réélu pour un deuxième mandat de cinq ans non renouvelable, constitue le deuxième taux le plus élevé enregistré au cours d'une élection présidentielle en Mauritanie depuis l'adoption du multipartisme au début des années 90. Lors d'une conférence de presse tenue mercredi dernier dans sa ville natale, Akjoujt, à quelque 250 km au nord-est de Nouakchott, Mohamed Ould Abdelaziz avait exprimé toute la confiance avec laquelle il abordait cette échéance, fort, avait-il dit, des réalisations et progrès accomplis au cours de son premier mandat. Il avait également mis en avant les aspirations du peuple mauritanien au changement et son ambition de poursuivre la marche en avant entamée sous son ère, notant qu'il consacrerait son action au cours d'un second mandat à la lutte contre la pauvreté, la généralisation de la formation sur tout le territoire national, la promotion et le renforcement de l'unité nationale et à la poursuite de la réalisation de grands chantiers. Dans une première réaction des quatre autres candidats après l'annonce des résultats, Biram Ould Abeid a fait savoir dans un communiqué de presse qu'il va procéder à la mise en place, au niveau de son parti, d'une commission chargée de l'examen des résultats, avant de pouvoir se prononcer sur l'éventualité d'un recours auprès du conseil constitutionnel.