Les virus mutent, se sophistiquent, changent de consistance et de look. Ils se mettent à l'air du temps, comme pour la mode. De la même façon que nous avons la couleur ou la coupe saison, nous avons aussi, depuis quelque temps déjà, le «virus saison». Avec cette différence que pour les virus, la saison peut parfois s'étaler sur quelques années. La tendance actuellement est au Coronavirus. Après les récents et successifs H5N1, H1N1 et autres chinoiseries, voici venu, onze années après l'épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), qui avait fait environ 800 victimes en 2003, une nouvelle infection liée à un virus de la même famille, les coronavirae, qui sème la panique dans les pays de la péninsule arabique tout particulièrement, mais ailleurs aussi, de plus en plus. Le Maroc n'est heureusement pas touché, mais on n'est jamais trop vigilant. Le ministère marocain de la Santé, se voulant rassurant, a indiqué au mois d'avril dernier qu'aucun cas de Coronavirus n'a été enregistré au Maroc. Le gardien du temple de la santé des Marocains a ajouté qu'afin de «protéger les citoyens contre toute éventuelle infiltration de ce virus au Maroc, il oeuvre, en coordination avec les services concernés, à la surveillance de cette infection à travers le système de surveillance épidémiologique». Il est également question d'«appui aux laboratoires nationaux de référence, comme l'Institut national d'hygiène et l'Institut Pasteur, en leur octroyant les moyens de détection des virus, tout en mettant les moyens nécessaires à la disposition des établissements de soins». En parallèle, des campagnes de sensibilisation déployés dans les points de passage, notamment les aéroports, a-t-on assuré, sont menées «au profit des voyageurs à destination des pays touchés par le virus et des masques de protection leur sont offerts, ainsi que des dépliants d'information sur la maladie». Faut-il pour autant dormir sur ses deux oreilles ? Sûrement pas. De quoi s'agit-il au fait? Le Coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) est considéré comme un cousin, plus mortel mais moins contagieux, du virus responsable du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Comme lui, il provoque une infection des poumons, et les personnes touchées souffrent de fièvre, de toux et de difficultés respiratoires. A la différence du SRAS, il génère aussi une défaillance rénale. Il n'existe pour l'heure aucun traitement préventif contre le coronavirus MERS. C'est en Arabie Saoudite, premier foyer de cette infection apparue en 2012, que le Coronavirus (MERS-CoV) sévit le plus, avec quelque 514 personnes atteintes, dont 160 décès, depuis cette date. Outre l'Arabie saoudite, des cas d'infection ont été recensés dans d'autres pays, dont l'Égypte, les Émirats arabes unis, les États-Unis d'Amérique, la Grèce, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Tunisie, les Pays Bas, la France, l'Allemagne, l'Italie, la Malaisie, Oman, les Philippines, le Qatar et le Yémen. La grande majorité des cas a contracté le virus lors d'un voyage dans la péninsule arabique, sans que la source ait été précisément identifiée. On peut dire que le mal se propage, allégrement, malgré les mesures prises par les Etats. En juin 2013, lors d'une réunion d'urgence, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait déclaré: «Le nouveau coronavirus semble préférer la saison chaude (l'été) pour se répandre et contaminer ces hôtes. Sur la planète, on constate que celui-ci s'est facilement étendu (géographiquement et en une seule année) ; ce n'est plus seulement le Moyen-Orient qui en est affecté. Les voyageurs ne s'inquiètent pas assez du virus ; cela facilite l'évolution de la contagion et même une mutation. Les conséquences sont malheureusement observables sur notre carte de surveillance épidémiologique. Voilà que plusieurs pays d'Europe de l'Ouest sont touchés. Ce virus pourrait donc muter, s'adapter aux différents climats et différentes saisons. Ainsi, il provoquerait une véritable pandémie en se transmettant très facilement d'homme à homme. De plus, MERS-COV tue dans un cas sur deux». Toutefois, il faut savoir raison garder et ne pas verser dans la psychose. L'OMS a mis dernièrement de l'eau dans son vin en annonçant qu'elle ne déclarait pas d'état «d'urgence de santé publique de portée globale», en l'absence de preuves sur une transmission du virus de l'homme à l'homme. Dans un communiqué, paru au lendemain d'une réunion de son Comité d'urgence tenue à la mi-mai 2014, elle a toutefois ajouté que la gravité de la situation avait «augmenté en terme d'impact sur la santé publique». Bien que la contagion entre humains ne soit pas formellement établie (les scientifiques soupçonnent une transmission dromadaire-Homme), la mutation du virus demeure une crainte permanente et les rassemblements de masse constituent une source de préoccupation particulière. Les craintes sont plus accentuées chez les populations musulmanes qui se rendent massivement dans les lieux saints de l'Islam, en Arabie Saoudite, pour le pèlerinnage et la Omra. La lutte contre la propagation de cette infection telle que conçue par l'OMS sur la base des recommandations du Comité d'urgence, s'appuie sur les points suivants: - améliorer les politiques nationales de lutte contre l'infection et les faire appliquer dans les établissements de santé de tous les pays, l'urgence étant la plus grande pour les pays affectés; - entreprendre et accélérer les investigations essentielles, comportant des études cas témoins, ainsi que des études sérologiques, environnementales et sur l'animal, pour mieux comprendre l'épidémiologie et évaluer l'efficacité des mesures de lutte; - aider les pays particulièrement vulnérables, en particulier en Afrique subsaharienne, en tenant compte des difficultés régionales; - renforcer l'identification et la prise en charge des cas et des contacts; - intensifier fortement la sensibilisation et une communication efficace sur le risque du MERS-CoV auprès du grand public, des professionnels de la santé, des groupes à risque et des responsables politiques; - renforcer la collaboration intersectorielle et l'échange des informations entre les ministères et avec les organisations internationales concernées, notamment l'Organisation mondiale de la Santé animale (OIE) et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO); - élaborer et diffuser des avis concernant les rassemblements de masse pour éviter que le MERS-CoV ne continue à se propager; - communiquer en temps utile les informations à l'OMS, conformément au Règlement sanitaire international (2005). Ce qu'il faut savoir Le Coronavirus MERS présente certaines caractéristiques pouvant le faire classer parmi les causes de maladies émergentes éventuellement susceptibles d'évoluer en pandémie, la transmission de l'homme à l'homme est de plus en plus soupçonnée. L'OMS et de nombreux spécialistes l'ont donc rapidement ciblé dans leur veille écoépidémiologique. Les symptômes de l'infection par MERS-CoV peuvent être l'insuffisance rénale aiguë et une pneumonie aiguë sévère, qui aboutissent souvent à une issue fatale. Chez les humains, le virus a un fort tropisme pour les cellules épithéliales bronchiques non ciliées, et il a été montré qu'il échappe facilement aux réponses du système immunitaire inné et perturbe la production d'interféron (IFN) dans ces cellules. Les premiers signes cliniques apparaissent moins de 24 heures après l'infection : perte de l'appétit, fièvre, accélération de la respiration, toux, chair de poule, posture voûtée. Les personnes atteintes par le nouveau coronavirus souffrent d'une grave infection des voies respiratoires basses, c'est-à-dire des poumons, qui peut conduire à une pneumonie. Elles toussent énormément et ont de la fièvre. Transmission et contagiosité: En mai 2014, l'OMS estime que le MERS-CoV se transmet par les postillons et le toucher (un peu comme la grippe ordinaire). Ce virus contamine la personne dans les 2 jours qui suivent le contact avec la personne touchée. La contagion se fait rapidement. Le virus semble moins mortel que ce que l'OMS pensait en 2013. Cette maladie serait estimée létale dans 40% des cas en avril 2014. Ce virus provient directement des dromadaires et il se transmet à l'homme par les yeux et le nez. Les personnes exposées à un risque élevé de maladie grave du à ce virus, devront éviter les contacts rapprochés avec des animaux lorsqu'elles se rendent dans des fermes ou des élevages situés dans des zones où l'on sait que le virus peut être en circulation. Pour le grand public, ceux qui visitent une ferme ou un élevage devront observer les mesures générales d'hygiène, comme se laver régulièrement les mains avant et après avoir touché des animaux, éviter les contacts avec des animaux malades. En cas de séjour dans la péninsule arabique, si la personne est en bonne santé, il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Si dans les jours qui suivent son retour, elle présente une fièvre et des symptômes respiratoires, il est recommandé de consulter le médecin en signalant ce voyage. A retenir que les symptômes sont traités mais il n'y a pas de traitement spécifique par antiviraux. De la même façon, il n'existe pas, à ce jour, de vaccin contre le Coronavirus. Les précautions simples à prendre pour ne pas être contaminé, sont les mêmes pour toutes les maladies infectieuses, notamment le lavage des mains et se tenir à distance des personnes malades. Conseils de l'OMS Compte tenu de la situation actuelle et des informations disponibles, l'OMS invite tous les États Membres à poursuivre leur surveillance des infections respiratoires aiguës sévères (IRAS) et à examiner avec soin toute présentation inhabituelle. Les mesures de prévention et de lutte contre les infections sont indispensables pour éviter la propagation du MERS-CoV dans les établissements de soins. Les établissements soignant des patients chez lesquels une infection à MERS-CoV est suspectée ou confirmée devront prendre des mesures appropriées pour réduire le risque de transmission du virus à d'autres patients, au personnel médical ou aux visiteurs. Une éducation et une formation à la prévention et à la lutte contre les infections devront être dispensées à tous les soignants et faire l'objet de rappels réguliers. L'identification précoce du MERS-CoV n'est pas toujours possible, la maladie prenant parfois une forme bénigne ou atypique. Il est donc important de garantir l'application systématique des précautions standard pour tous les patients, quel que soit le diagnostic, et toutes les pratiques de travail. Il faudra compléter ces mesures par les précautions gouttelettes lors des soins prodigués à tous les malades présentant des symptômes d'infection respiratoire aiguë, et par les précautions contact et une protection oculaire lorsqu'on s'occupe d'un cas probable ou confirmé d'infection à MERS-CoV. Les précautions aériennes sont indiquées lorsqu'on met en œuvre des procédures générant des aérosols. Lorsque les indices cliniques et épidémiologiques sont fortement évocateurs d'une infection à MERS-CoV, le patient devra être pris en charge comme s'il était potentiellement infecté, même si un premier test sur un écouvillon nasopharyngé s'avère négatif. Dans le cas où ce test initial est négatif, il convient de le répéter sur des échantillons prélevés au niveau des voies respiratoires inférieures. Il est conseillé au personnel soignant de rester vigilant. En application des recommandations actuelles de surveillance, on soumettra à un dépistage du MERS-CoV les voyageurs récemment revenus du Moyen-Orient et chez lesquels se développe une IRAS. Il est aussi rappelé à tous les États Membres qu'ils doivent rapidement évaluer et notifier à l'OMS tout nouveau cas d'infection à MERS-CoV, en communiquant également les informations relatives aux expositions pouvant avoir entraîné l'infection ainsi qu'une description de l'évolution clinique. Ils devront lancer rapidement des investigations sur l'origine de l'exposition afin d'identifier le mode d'exposition et de prévenir une éventuelle poursuite de la transmission du virus. Les personnes exposées à un risque élevé de maladie grave due au MERS-CoV devront éviter les contacts rapprochés avec des animaux lorsqu'elles se rendent dans des fermes ou des élevages situés dans des zones où l'on sait que le virus peut être en circulation. Ceux qui, dans le grand public, visitent une ferme ou un élevage devront observer les mesures générales d'hygiène, comme se laver régulièrement les mains avant et après avoir touché des animaux, éviter les contacts avec des animaux malades et respecter les bonnes pratiques d'hygiène alimentaire. En rapport avec cet événement, l'OMS ne conseille pas de dépistage particulier aux points d'entrée et ne recommande pas actuellement de restrictions aux déplacements ou au commerce.