Avec 25 % des votes pour cette échéance européenne contre 20,6 % pour l'UMP et 14,8 pour le PS, le Front national a la mine des beaux jours. A la rue Solférino, on ne s'est pas encore relevé de la gifle des municipales d'il y a deux mois que vient le camouflet de ces européennes qui ont porté le clan Le Pen en majoritaire à l'hémicycle strasbourgeois. Le PS, qui avait réuni 10,2 millions de voix au premier tour des présidentielles, n'en a engrangé à cette échéance européenne que 2,6 millions de voix. Il a perdu près de 8 millions de voix. C'est le parti qui est le plus touché par l'abstention de ses électeurs. A droite, bien sûr, on impute cette défaite (du PS surrtout) au gouvernement Valls. A l'Elysée, on estime également que la victoire du Front national accentue la pression sur l'Exécutif. "Sur le plan national, il faut agir pour avoir des résultats plus rapides, plus concrets", juge un conseiller du président. "Il y a des leçons qui doivent être tirées, mais il va falloir convaincre l'Europe que le seuil d'alerte a été franchi dans de nombreux pays en Europe", soulignait-on à l'Elysée. Mais François Hollande et Manuel Valls peinent à donner une réponse au "séisme" que constitue cette victoire du Front national aux européennes, qui n'est autre et surtout qu'une cinglante défaite de la gauche française. Forts de leur succès, Marine Le Pen et Florian Philippot demandent de concert la dissolution de l'Assemblée nationale. Mais l'Exécutif français exclut de dissoudre l'Assemblée ou de changer de cap politique. Le Premier ministre, invité de RTL avant de se rendre à l'Elysée, a assuré que l'heure n'était pas au changement d'équipe, encore moins à la dissolution réclamée dès dimanche soir par le Front national, mais aussi par certaines personnalités de droite ou du centre droit. "Le quinquennat doit aller à son terme", a-t-il souligné. La France FN Pour la première fois, le parti des Le Pen, père et fille, arrive en tête à une élection française. Un pourcentage national, rappelons le, de près de 25%, mais des pointes régionales comme le Nord-Ouest de 32% ou départementales de 40% comme dans l'Aisne, la Somme ou le Pas-de-Calais. Ce n'est peut-être que des élections européennes, passées pour être un défouloir, avec des abstentions en masse. Mais cela n'occulte pas qu'il y a bel et bien une France FN. Selon le quotidien français « Libération », une France FN enracinée, ancrée dans l'Histoire et la société qui scelle par sa tonitruante victoire l'échec des partis traditionnels. Seule la France en Europe (à l'exception du Danemark) place largement en tête un parti d'extrême droite xénophobe, raciste et antieuropéen. Le reste du continent est sidéré par ce choix démocratique au pays des Droits de l'Homme et des lumières, ajoute le quotidien, qui justifie sa « Une » d'hier, LA FRANCE FN. Loin des métaphores pathologiques comme «cancer» ou «virus» qui donnerait l'illusion que le FN est une maladie qui peut être extirpée, soignée ou guérie, il n'est que temps d'œuvrer à apporter des réponses politiques et sociales à cette FRANCE FN. Il ne faut surtout pas verser dans la démonisation, encore moins dans l'excommunication. Mais surtout ne pas toiser avec dédain les électeurs qui ont porté le FN aux urnes. Pour Libé, l'heure est à l'action pour que tous, partis politiques, journalistes, enseignants, militants de la société civile, réconcilient cette France de Le Pen avec le discours national et citoyen. De réconcilier ces Français avec la République.