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Analyse : Premier tour des Législatives en France : La gauche en tête dans l'attente d'une «vague rose»

Le 10 juin 2012, le peuple français a été rappelé aux urnes afin d'élire les 577 députés qui siègeront à la chambre basse du Parlement, l'Assemblée Nationale. Après avoir élu François Hollande, dirigeant du parti socialiste
(PS), septième président de la Vème République, l'enjeu de ce scrutin était donc de lui accorder ou non une majorité parlementaire devant lui permettre de mettre en place ses soixante engagements promis durant sa campagne pour l'Elysée. Cela a valu à ce scrutin le surnom de «troisième tour».
Notons que la chambre haute est déjà acquise à sa cause puisque sept mois avant l'élection présidentielle, elle avait basculé à gauche avec plus de 140 sénateurs affiliés au groupe socialiste. La campagne électorale n'a pas attiré autant que cela des Français déjà lassés par plus d'un an de luttes âpres entre la gauche et la droite, notamment entre le parti socialiste (PS) et l'union pour un mouvement populaire (UMP), mais aussi entre les extrêmes, avec, d'une part, le front de gauche mené par Jean-Luc Mélenchon et alliant le parti communiste français (PCF) et le parti de gauche (PG), et, d'autre part, le front national (FN) mené par Marine Le Pen.
Toutefois, le grand vainqueur de ce scrutin est l'abstentionnisme. Le taux d'abstention atteint les 40% dans ce pays où la démocratie est ancrée depuis le XIXème siècle et la IIIème République. On peut en analyser les raisons. Il est probable que l'on ait eu affaire à une démobilisation du peuple de gauche pensant en avoir déjà fait assez après avoir participé à l'éviction de Nicolas Sarkozy. Ajouter à ce phénomène une démobilisation des électeurs de droite, suivant les principaux sondages donnant l'Assemblée Nationale acquise au PS et à ses alliés. On peut même penser que l'ensemble des Français considèrent les scrutins locaux de moindre importance par rapport au scrutin présidentiel, en témoignent les taux d'abstention record aux élections municipales, cantonales ou même européennes.
Quoi qu'il en soit, et pour reprendre la formule de nombreux analystes, « la digue bleue a bien tenu, et la gauche est passée en tête sans qu'il n'y ait de vague rose ». En effet, la droite parlementaire a réalisé des scores très honorables par rapport à la défaite à l'élection présidentielle. Les candidats UMP se sont maintenus dans beaucoup de circonscriptions et les premières projections leur donnent 225 à 260 sièges. En pourcentages, ils font même jeu égal avec le PS. Les résultats de l'alliance entre le parti socialiste et les écologistes (EELV) confirment la bonne forme de la gauche. Ajoutés aux résultats du front de gauche, bien qu'aucun accord n'ait été établi entre ces formations, la gauche aurait entre 290 et 325 sièges, ce qui lui confère une majorité parlementaire. La constitution de cette majorité parlementaire est essentielle pour le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, mais aussi pour la France. En effet, le pays souffre encore des retombées de la crise américaine de 2007, à laquelle se sont ajoutées les crises des dettes souveraines – ce qui a causé, rappelons-le, la perte du fameux AAA, dévalué par l'agence Standard & Poor's – et celle que connaît actuellement l'ensemble de la zone euro, avec des pays en crise comme la Grèce ou l'Espagne pour ne nommer qu'eux. Ainsi, sans des institutions saines, il sera très dur pour François Hollande d'appliquer le programme pour lequel il a été élu le 6 mai dernier. Pire, la France risque fortement de perdre son aura au sein de l'Europe, notamment face à la chancelière allemande, libérale, Angela Merkel qui prône une politique d'austérité pour régler les problèmes des pays européens frisant la banqueroute. Le Président Hollande favorise, lui, rappelons-le, une stratégie plus expansionniste, fondée sur la croissance économique. La France pèse lourd dans le Vieux Continent. Elle représente la première superficie et dans les décennies qui viennent il y aura plus de Français que d'Allemands. De plus, il s'agit tout de même de la cinquième puissance économique mondiale.
Bien avant les problèmes internationaux, le gouvernement Ayrault a du pain sur la planche au niveau intérieur. Des réformes structurelles sont envisagées pour relancer la bonne image du modèle français, que notamment le gouvernement sortant tentait de calquer directement sur l'allemand. L'Education nationale, la Santé, l'Habitat, les Retraites et la moralisation de l'économie, tout doit y passer d'après le programme du PS. La crainte de la cohabitation écartée par les résultats prévisionnels du premier tour, l'ensemble de la classe politique française s'inquiète de l'entrée au Palais Bourbon de députés du FN. En effet, ils sont bien placés dans certaines circonscriptions, et maintenus au second tour, mettant en ballottage ou contraignant des représentants des partis historiques à des triangulaires risquées. Les chiffres leur en donnent 0 à 2, mais les ténors du parti d'extrême-droite sont confiants d'en engranger bien plus. En termes de pourcentages, il est vrai que le FN fait un score qui flatte déjà l'égo des Le Pen, mais celui-ci n'est pas concrétisé en nombre de sièges, ce que ces derniers dénoncent. Le mode de scrutin ne leur permet pas, en effet, de passer le premier tour pour la plupart, ou d'être vainqueurs au second. Rappelons que 35 députés du FN avaient fait leur entrée en 1986 après l'instauration d'une part de proportionnelle sous François Mitterrand.
Marine Le Pen, leader du FN, avait vu s'opposer à elle dans son fief Jean-Luc Mélenchon, candidat commun du parti communiste et du parti de gauche. La campagne dans cette circonscription du Nord a été particulièrement violente voire déloyale et lâche. De nombreux tracts anonymes avaient été falsifiés et diffusés massivement pour dissuader les électeurs de voter Mélenchon. Leurs auteurs, inconnus et recherchés après que le front de gauche ait déposé une plainte contre X, avaient détourné de leur contexte et de façon ciblée des propos tenus lors du grand rassemblement lors de la campagne présidentielle à Marseille. Victime de ces actes de bassesse et du refus du candidat PS dans cette circonscription de se retirer, Jean-Luc Mélenchon a fini par être défait puisqu'il n'a pas rempli les conditions de maintien au second tour, à savoir obtenir 12.5% des suffrages des inscrits malgré ses 21.42% des voix des votants, laissant Le Pen en tête mais en ballottage. Ce revers n'est qu'un détail face à la réussite générale du combat qu'ont mené conjointement le parti communiste français dirigé par Pierre Laurent et Marie-Georges Buffet et le parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Le front est assuré de continuer sa progression à l'Assemblée puisque 14 à 18 députés devraient y occuper les sièges. Cela permettra à ces partis de former un groupe parlementaire contrairement aux écologistes d'EELV qui devront se contenter d'une alliance avec le PS.
D'autres ténors ont été défaits, avec ou sans surprise. François Bayrou, grand perdant de l'élection présidentielle a été contraint à une triangulaire qu'il est quasi-certain de perdre dans son propre fief de Pau. Après avoir soutenu personnellement et publiquement François Hollande pour la course à l'Elysée, il a mis une croix sur une quelconque entente avec le candidat UMP. Il ne peut pas non plus compter sur le retrait du candidat PS à son avantage puisqu'il l'a dit lui-même, le programme du PS et du MoDem n'ont rien à voir l'un avec l'autre. Ainsi, Bayrou, qui fut un temps perçu comme le potentiel arbitre du scrutin de mai dernier, joue sa carrière politique et elle est même presque perdue d'avance. Autre figure du centre, Rama Yade, ancienne ambassadrice de la France auprès de l'UNESCO et ancienne ministre des sports du cabinet Fillon lors de la présidence de Nicolas Sarkozy et aujourd'hui vice-présidente du Parti Radical de Jean-Louis Borloo subit une défaite cuisante dans la circonscription qui l'a vue grandir. Après avoir lutté pendant près d'un an pour y imposer sa candidature, elle n'a pas obtenu les 20% nécessaires à l'accession au second tour, laissant une belle marge de manœuvre au candidat PS de rafler le siège convoité par un autre candidat de droite. Il faut évoquer enfin la charte de déontologie signée par les membres du gouvernement, un des soixante engagements de campagne de François Hollande. Parmi les 34 membres du gouvernement Ayrault, 25 se sont présentés à ces législatives. Six d'entre eux ont été élus au premier tour, et tous les autres sont placés en ballottage favorable pour le second tour. Aucun, donc, ne risque de perdre sa place au sein du gouvernement, sauf en cas de remaniement. Bien que des estimations aient été établies sur le sort de ce scrutin, rien n'est encore totalement fait. Le parti socialiste et François Hollande devraient obtenir une majorité assez confortable pour mener à bien leurs réformes prévues, sans pour autant réaliser des scores éclatants. L'UMP reste toutefois bien en place et les semaines qui suivent devraient nous permettre de voir plus clair dans les guerres que se livrent les ténors pour faire ressortir celui que l'ancien premier ministre, François Fillon, qualifie de « leader naturel ». Affaire à suivre, donc, dimanche 18 juin 2012.


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