Un art qui fait vivre des marocaines, plutôt qu'un art de vivre à la marocaine, est l'idée dénichée par une association souirie qui s'active dans le domaine de l'aide aux femmes en situation difficile, pour mettre l'art culinaire marocain au service de l'amélioration de la situation de cette catégorie. Le projet, lancé dernièrement, tourne autour de l'édition et la commercialisation pour des fins caritatives d'un «livre solidaire de cuisine marocaine» mettant en valeur le parcours des adhérentes de l'Association féminine de bienfaisance pour les femmes El-Khir (AFBK), qui gère une coopérative d'art culinaire et subventionne des formations professionnelles en cuisine, pâtisserie et entretien d'hôtel, dans le cadre de son action visant la promotion du pouvoir économique des femmes à travers des activités génératrices de revenus. A cette fin, une collecte de dons a été lancée via internet (http://www.kisskissbankbank.com/un-art-qui-fait-vivre-les-filles-d-essaouira?re f=recent) pour financer l'édition de ce livre culinaire, dont la vente sera destinée à l'autofinancement de la coopérative gérée par l'AFBK. Pour les initiateurs de ce projet, il s'agit de joindre l'utile à l'agréable, en répondant à la demande des amoureux de l'art culinaire marocain qui viennent à Essaouira pour en découvrir les secrets, tout en capitalisant sur le savoir-faire ancestral hérité par des femmes marocaines et les valeurs et enseignements tirés de leur parcours, afin de soutenir leur bataille pour une vie meilleure. Cet ouvrage culinaire vient répondre «à une demande exprimée par les touristes qui viennent faire des ateliers de cuisine et souhaitent repartir avec un livre», lit-on dans la page web dédiée à la collecte de fonds. «Il ne s'agit pas de n'importe quel livre, mais d'un livre qui combine des recettes et des portraits de femmes fortes, fières de leurs parcours et de leur savoir-faire», souligne-t-on, ajoutant que le livre offre une lecture à double niveau, en mettant en valeur la «cuisine marocaine en tant que telle, mais présentée de façon intime par des femmes qui vivent de cet art appris auprès de leurs mères et grand-mères». Ainsi, à des plats traditionnels marocains, seront collés des visages et des noms, ceux de femmes qui ont trouvé, grâce à l'action associative, un moyen de vivre de cet art culinaire réputé de par le monde et qu'elles maîtrisent presque instinctivement. Pour Saadia Debi, présidente de l'association El Khir, cette action est de nature à donner un surplus moral pour les adhérentes de l'association, qui sont fières de présenter des recettes de la cuisine marocaine, faites d'ingrédients locaux. Mme Debi souligne qu'il s'agit également de faire la promotion de l'action associative en faveur de la femme au Maroc et inciter la gent féminine à se mettre à l'œuvre pour booster le développement local. Au-delà de l'action elle-même, il s'agit là d'un exemple à suivre en matière de capitalisation du cumul réalisé par les acteurs associatifs, à travers des actions d'économie solidaire à même de leur permettre de créer de la richesse et d'autofinancer leurs activités.