Les avantages des mammographies sont surestimés tandis que les risques sont sous-estimés, affirme un rapport publié aux Etats-Unis qui apporte un nouvel éclairage sur le dépistage du cancer du sein. Le principal danger de cette technique est le sur-diagnostic qui affecterait 19% des femmes, explique le Dr Nancy Keating, professeur adjointe de médecine à l'Hôpital Brigham and Women's et co-auteur de cette analyse publiée dans le Journal of The American Medical Association (JAMA). «Je dis à mes patientes que la mammographie n'est pas un test parfait», explique-t-elle. S'appuyant sur une analyse d'études internationales effectuées au cours cinquante dernières années, les chercheurs estiment que dans un groupe de 10.000 femmes âgées de 40 à 50 ans subissant une mammographie annuelle pendant dix ans, environ 190 (1,9%) seront diagnostiquées d'un cancer du sein. Or, soulignent-ils, il est impossible avec les techniques actuelles de savoir quelle tumeur restera bénigne ou nécessitera un traitement. Ceci signifie que 36 des 190 femmes de l'échantillon subiront inutilement une intervention chirurgicale, de la chimiothérapie et de la radiothérapie. Sur le chiffre total de 190, cinq femmes ne mourront pas de leur cancer, bénéficiant d'une détection précoce, 160 avec une tumeur plus avancée survivront grâce aux avancées dans les traitements et 25 décéderont malgré ce dépistage, indique l'étude. Par ailleurs, plus de la moitié des femmes soumises à une mammographie annuelle pendant une décennie peut s'attendre à un résultat faussement positif requérant davantage de tests dont 20% de biopsies inutiles. Selon cette recherche, une mammographie annuelle réduit la mortalité par cancer du sein d'environ 19% pour toutes les femmes. Chez celles dans la quarantaine, la diminution du risque de décéder de ce cancer grâce à ce test est de 15% et de 32% pour les femmes dans la soixantaine. «Bien que davantage de recherches soient nécessaires pour déterminer les risques et les avantages de la mammographie, les données dont nous disposons aujourd'hui suggèrent que cette technique de dépistage surestime les bienfaits et sous-estime les dangers de ce test», conclut le Dr Lydia Pace. Quelque 232.000 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués chaque année aux Etats-Unis ainsi que 39.000 décès, selon l'Institut américain du Cancer (NCI). Une Américaine a 12,3% de risque dans sa vie de développer ce cancer avec une survie à cinq ans de 89%. En 2009, la «Preventive Services Task Force» (USPSTF), un groupe d'experts médicaux indépendants faisant autorité aux Etats-Unis, a changé ses précédentes recommandations d'une mammographie tous les un à deux ans dès 40 ans pour recommander cette procédures chaque deux ans à partir de 50 ans. Cette décision s'est fondée sur de nouvelles données selon lesquelles le ratio avantages-risques de la mammographie est plus élevé pour les femmes de 50 ans et plus. Mais cette nouvelle recommandation reste controversée dans le public comme dans la communauté médicale et des indications récentes laissent penser que le recours à la mammographie n'a pas changé aux Etats-Unis après ce changement de l'USPSTF.