L'insécurité! Voilà une problématique qui semble plonger la population meknassie dans une expérience d'allure psychotique tant les petits délits comme une certaine criminalité, commencent malheureusement à se banaliser. A Meknès, il ne se passe pas une journée sans que l'on entende parler d'un fait divers d'agression, de vol, d'attaque à l'arme blanche et même parfois d'enlèvements ou de pseudo-enlèvements tant les habitants de certains quartiers sont obsédés par une insécurité sentie au quotidien. Au quartier Al Mansour, ce sont des bandes d'adolescents qui prennent un plaisir à horrifier les passants. Un jeune en a fait les frais, une blessure au crâne et 9 points de suture. Son père, fonctionnaire à la wilaya est toujours sous le choc d'une agression qu'il juge gratuite et incompréhensible A bab Tizimi, c'est une fausse alerte sur l'enlèvement de deux jeunes filles qui a déclenché un branle-bas de combat, mobilisant une armada des forces de l'ordre pour conclure à une prétendue fausse alerte. Plusieurs quartiers périphériques souffrent d'une insécurité grandissante, qui s'est accentué dernièrement posant avec acuité le pourquoi et le comment de cette recrudescence d'un sentiment d'insécurité incompréhensible et insaisissable. Qu'est ce qui a changé dernièrement et qui puisse expliquer le phénomène. Il va de soi qu'on devrait faire la distinction entre la sécurité objective qui est enregistrée par la police et qui se traduit par des chiffres souvent en deçà de la réalité parce que plusieurs citoyennes et citoyens préfèrent, en cas de délits mineurs, ne pas porter plainte, et la sécurité subjective qui est en relation avec le sentiment d'insécurité qui angoisse une population qui se traduit par des comportements, des réflexes visibles, et des pulsions, souvent émotionnelles qui ne trompent plus. D'après les témoignages d'un bon nombre d'habitants de la capitale ismaïlienne, il est de nos jours impensable de laisser sortir seuls ses enfants, encore moins lorsqu'il s'agit d'une fille, surtout dans certains quartiers sensibles de la ville. Cela va de leur sécurité, voir plus grave encore. Se balader dans la rue soit en journée ou en pleine nuit est devenu synonyme d'une vraie mésaventure. S'il est vrai que ce sentiment d'insécurité qui règne dans la cité ismaïlienne n'est pas encore arrivé au même niveau de ce qui se passe dans d'autres métropoles, il faut penser à restaurer la confiance qui était de mise auparavant, parce que si rien n'est entrepris pour stopper la vague de violence et atténuer le sentiment de peur qui s'empare petit à petit des Meknassi, la ville se dirigerait vers une banalisation de la petite criminalité. Il faudrait surtout se poser la question : Qu'est ce qui a changé dernièrement pour expliquer cette nouvelle situation ? Si on arrive à répondre à cette question pressante, on aurait trouvé un début de solution. L'état de certaines artères, le manque d'éclairage et la marginalisation d'une partie de la ville qui n'a jamais bénéficié de projet de restauration et de réhabilitation accentue ce sentiment d'insécurité, mais cette violence urbaine caractérisée par des actions faiblement organisées de jeunes agissant collectivement contre des biens et des personnes, sur des espaces disqualifiés ou défavorisés crée une certaine psychose parmi la population qui a besoin d'être rassurée, confortée par des actions diverses pour instaurer un comportement citoyen, loin des incivilités constatées. L'action de certaines personnes connaissant les moindres recoins de la ville, ayant une bonne lisibilité de la composition socio-économique de certains quartiers, capables de mobiliser des synergies pour lutter contre toute forme de violence et de criminalité et surtout possédant un vrai charisme pour impliquer toutes les couches des citoyens dans certains projets de sécurité collective a pu, à un moment stabiliser davantage, la vie dans la cité. C'est cette action qui nous manque aujourd'hui et que la population appelle de tous ses vœux.