Pourquoi dernièrement la DGSN publie, et de façon régulière, le nombre des malfrats arrêtés alors qu'avant, on ne donnait que des chiffres dans un rapport annuel, s'il n'y a pas effectivement recrudescence du phénomène ? L'insécurité bat son plein. C'est incontestable. Tout le monde en parle, dans les quatre coins du Royaume, avec désarroi et stupeur. Homicides, vols, viols, agressions, attentats à la pudeur sur des mineurs, toxicomanie et d'autres crimes et délits sont en train de ronger nos villes. Pire encore, des armes à feu ont été utilisées à quatre reprises. Une fois, à Fès, ce sont les brigands d'un gang qui ont usé d'un fusil et tiré cinq balles en direction de quelques jeunes du quartier Aouinate El Hajjaj. Par contre, ce sont les policiers qui ont eu recours à leurs revolvers à Berrechid et à Casablanca, et ce à trois reprises. La dernière fois remonte au jeudi dernier, vers 21h30, quand les poulets se sont retrouvés dans l'obligation de tirer une balle sur un individu réfractaire, armé d'un sabre au quartier Moulay Rachid dans la capitale économique, l'atteignant au genou. Bref, la situation est inquiétante, voire alarmante. «Certes, il y a une montée de criminalité, mais la situation est surveillée de très près pour qu'elle ne prenne pas plus d'ampleur», a confié à ALM une source de la DGSN qui a souhaité garder l'anonymat, en ajoutant que «la monté de la criminalité ne concerne pas uniquement notre pays mais le monde entier en souffre». La comparaison n'est pas appropriée, il y a quatre mois, la Direction générale de la sûreté nationale a publié son rapport annuel faisant état que ses services ont mené un combat acharné contre la criminalité au point que son taux a enregistré une régression de 2% par rapport à 2010, tout en précisant que cette baisse, qu'il considère comme le fruit des efforts déployés par les différents services de la police reste très encourageante. Qu'est-ce qui a changé entre 2011 et 2012 ? «Rien», a répondu à ALM la même source. Mais en réalité, il y a un sentiment d'insécurité qui règne chez le citoyen. Une autre source de la DGSN affirme qu'un citoyen «peut avoir le sentiment d'insécurité même en l'absence catégorique de criminalité». Et là une question s'impose : Pourquoi dernièrement la DGSN publie, et de façon régulière, le nombre des malfrats arrêtés alors qu'avant, on ne donnait que des chiffres dans un rapport annuel, s'il n'y a pas effectivement recrudescence du phénomène ? Rien que jeudi dernier, la DGSN a publié des statistiques faisant état de l'arrestation, entre le 8 et 18 avril, de 8139 suspects dans différentes villes du Royaume. 6055 ont été épinglés en flagrant délit alors que 2084 suspects faisaient l'objet de mandat d'arrêt au niveau national. Une source policière a expliqué que la DGSN est obligée de publier ces chiffres et ce, dans l'objectif de faire régner le sentiment de sécurité. Par contre, une source de la préfecture de police de la capitale économique a confirmé qu'il y a effectivement une recrudescence de la criminalité. «Plus de 50 malfrats sont arrêtés quotidiennement à Casablanca», a précisé la même source qui a ajouté: «C'est pourquoi la DGSN a mobilisé, dernièrement, tous ses moyens, même les éléments de la Brigade nationale de la police judiciaire qui se chargeaient des grandes affaires et non pas des petits larcins». Ces campagnes mettront-elles fin à la montée de la criminalité? «Non», selon un policier qui vient de boucler ses trente ans d'exercice, qui a conclu que «les chiffres publiés, chaque année, par la DGSN, ne concrétise pas la réalité. Selon mon expérience, depuis une dizaine d'année, la criminalité n'a fait que progresser».