Amnesty International (AI), organisation de défense des droits humains, a dénoncé la "nouvelle vague de répression de la liberté d'expression" en Algérie, estimant que cette attitude "augure mal" de l'élection présidentielle du 17 avril prochain. Les arrestations de manifestants pacifiques, depuis le début du mois de mars, montrent que les autorités "ne tolèrent pas que l'on puisse oser réclamer des réformes et s'opposer à la décision du président (Bouteflika) de briguer un quatrième mandat à la tête de l'Etat", souligne l'ONG dans une déclaration relayée mercredi par les médias locaux. En dépit de la levée de l'état d'urgence en 2011, "les autorités algériennes empêchent régulièrement la tenue de manifestations à Alger, en barrant la route aux personnes qui tentent de rejoindre le rassemblement et en arrêtant les participants pendant quelques heures", rappelle AI. Amnesty International appelle le gouvernement algérien à "lever les restrictions qui pèsent indûment sur la liberté d'expression, d'association et de réunion et à autoriser les manifestations pacifiques et la dissidence, conformément à ses obligations internationales en matière de droits humains". Des dizaines de personnes se sont rassemblées, samedi dernier, à proximité de la Grande Poste, au cœur de la capitale, pour protester contre la présentation du président Abdelaziz Bouteflika au prochain scrutin. Les forces de l'ordre sont intervenues, de manière musclée, pour disperser ce sit-in, au cours duquel des manifestants ont brandi des tee-shirts avec l'inscription "Non au 4ème mandat". Plusieurs participants ont été violemment interpellés, avant d'être embarqués de force dans les fourgons de la police, déployée en grand nombre non loin du lieu du rassemblement. Ils ont été relâchés quelques heures plus tard. La violente répression de cette manifestation a été énergiquement condamnée par la classe politique, la société civile et des candidats à la présidentielle, qui ont défendu le droit des citoyens d'exprimer librement leurs opinions. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) a estimé que "le comportement du pouvoir indique que ce dernier se considère en état de guerre contre la population algérienne et qu'à ce titre l'union la plus large doit se concrétiser pour débarrasser le pays des clans, quels qu'ils soient, qui entraînent le pays à la dérive". Un candidat indépendant à l'élection présidentielle, l'ancien Premier ministre Ali Benflis, a dénoncé "avec vigueur les atteintes à la liberté d'expression suites aux manifestations qu'ont connues Alger et différentes villes du pays".