Tel a été le thème d'un atelier national organisé par le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et la Lutte contre la Désertification les 26 et 27 février 2014 dans la commune d'Afourer. Cet événement de caractère interactif, a rassemblé des experts nationaux et internationaux, des investisseurs potentiels et une panoplie de parties prenantes pour débattre et discuter les questions liées aux opportunités de développement du secteur de l'aquaculture continentale. D'importants exposés ont été présentés par des spécialistes du domaine au Maroc et à l'étranger et ont permis de faire la lumière sur les différentes techniques d'élevage et de recherche d'aquaculture d'eau froide, d'eau chaude, de la pêche sportive et commerciale, ce qui a permis aux réunis dans cet atelier de procéder à la restitution des travaux des groupes de travail et faire des recommandations qui auraient sans aucun doute des répercussions positives sur l'amélioration de ce secteur sur les populations locales et la sécurité alimentaire dans notre pays. Cet atelier a permis également de mettre en réseau et de renforcer les synergies entre les différents acteurs en vue de développer une vision commune permettant de positionner l'aquaculture continentale parmi les possibilités de développement régional au service des populations locales. Trois sessions ont été animées lors de cet atelier, la première a été consacrée au contexte et a permis de présenter les opportunités actuelles et futures de cette filière, ainsi que les facteurs clés de succès pour la promotion de l'aquaculture à l'échelle nationale en s'inspirant de modèles de développement adoptés par des pays ayant acquis des expériences réussies dans ce domaine. La deuxième session a permis de débattre à travers des panels, les différentes techniques aquacoles qui peuvent être adoptées et développées localement, telles que l'aquaculture en cage et la polyculture, et d'explorer les différents mécanismes de promotion de ce secteur. La troisième session, quant à elle, a été l'occasion de faire des recommandations et d'entrevoir les pistes de développement d'une filière créatrice de valeurs, et responsable vis-à-vis de l'environnement. Cet événement a constitué également un point de démarrage du programme de développement de l'aquaculture rurale au niveau de la région de Tadla-Ailla, mené par le Haut Commissariat en collaboration avec la coopération allemande au développement (GIZ) dans le cadre du projet de coopération ACCN (Adaptation au Changement Climatique et Valorisation de la Biodiversité). Il ya lieu de signaler que l'aquaculture est aujourd'hui la source de protéines animales qui connait la plus forte croissance à l'échelle mondiale. Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), sur les 148 millions de tonnes de poissons, mollusques et crustacés consommés dans le monde, 59,9 millions provenaient de l'aquaculture. La contribution de l'aquaculture en eau douce a progressivement augmenté, passant de 60% environ pendant les années 90 à 65,6% en 2010. Les espèces de poissons les plus élevées dans le monde sont les Cyprinidés, notamment les carpes etc...avec plus de 24 millions tonnes, puis les Salmonidés avec 2,3 millions de tonnes. Au niveau national, le Haut Commissariat a mis en œuvre un plan stratégique pour le développement de ce secteur, structuré selon quatre axes stratégiques qui sont déclinés en plusieurs programmes et projets, notamment le développement de l'aquaculture extensive et renforcement des opérations de repeuplement, dans ce cadre, un programme de mise à niveau des stations aquacoles a été mis en œuvre depuis 2008 et porté sur l'aménagement et la rénovation de la station de salmoniculture de Ras El Ma à Ifrane, de la station Amghass des carnassiers à Azrou et de la station de carpiculture de Béni-Mellal. Grâce à ce programme, la population d'alvins est ainsi passée de 1,5 millions à plus de 13 millions alevins par an, ce qui a permis l'augmentation de la production annuelle de poissons au niveau des eaux continentales pour atteindre 15 000 tonnes en 2013. Cette pêche commerciale génère une valeur marchande de plus de 150 millions de dirhams. Sur le plan environnemental, l'utilisation de poissons herbivores dans les canaux d'irrigation, et des poissons phytoplanctonophages dans les lacs de barrages continue à jouer un rôle très important dans l'amélioration de la qualité des eaux à travers la lutte contre le phénomène de l'eutrophisation. Egalement ce plan stratégique, selon les responsables des Eaux et Forêts, concerne l'encadrement, le conseil et l'appui technique au secteur privé à travers des conventions d'assistance technique qui sont proposées aux investisseurs pour les accompagner durant les premières années de leurs projets, les approvisionner en géniteurs de poissons de qualité, et de former leurs personnels en aquaculture. Et enfin l'appui de la recherche appliquée dans le domaine de l'aquaculture en collaboration avec les différents instituts, universités et organismes de recherche. D'après les organisateurs de cet atelier national, ce plan vise à développer une filière rentable et durable et permettre d'approvisionner les populations en protéines animales de bonne qualité et à des prix abordables, ainsi que la création d'emplois en milieu rural, notamment au profit de jeunes promoteurs, associations et coopératives locales versées dans la production d'alvins, l'élevage de poissons, la fabrication des intrants ou le commerce de poissons. Dans la matinée du deuxième jour de cet atelier, des visites ont été organisées pour les participants dans la station de carpiculture de Déroua à Béni-Mellal et dans la station privée de « Asmak Nil » d'élevage de Tilapia.