Dans nombre de cas, les comédiens marocains ont un niveau limité en connaissances car le métier qu'ils exercent n'exige rien de tel. Le peu d'études qu'ils ont effectuées ne leur permet généralement pas d'établir des réflexions notables, voire se prononcer sur des sujets avec profondeur et détermination. D'ailleurs, heureux sont les acteurs et stars de part le monde qui ont pu décrocher un bac suivi de quelques années d'études supérieures. Ce n'est souvent pas par vocation que les comédiens choisissent ce métier. Souvent encore, leurs déclarations ne dépassent pas le cadre de leur métier. On garde encore à l'esprit les propos de la comédienne Touria Jabrane à ce sujet: «Au Maroc, le métier de comédien est devenu hélas celui de qui n'a pas justement de métier». Avançons, pour illustrer, la déclaration un peu surprenante d'un comédien marocain lors d'un entretien accordé à un quotidien étranger, en marge du 15ème festival national du film qu'a abrité la ville de Tanger du 7 au 15 février courant. Les propos évoqués ci-dessous ne manquent ni d'objectivité, ni de réalisme. Il soulève dans cet entretien le rapport du cinéma marocain avec la réalité qu'il juge ambigu et insuffisant. On n'a pas encore de films à la hauteur de notre réalité pourtant riche en problèmes susceptibles de constituer une thématique prépondérante pour les films. Les cinéastes continuent éperdument de transmettre leurs fantasmes à l'écran devant l'impassibilité de l'Etat qui préfère laisser libre cours aux cinéastes prétextant la liberté d'expression surtout celle des «créateurs». Les véritables problèmes que vivent les Marocains sont quasiment absents dans le cinéma surtout durant cette dernière décennie caractérisée par l'insouciance et l'indifférence des cinéastes. La commission d'avance sur recettes, présidée par des «universitaires» et des «hommes de culture», chargée d'octroyer les aides aux projets de films sous forme de scénarios, endosse la grande part de responsabilité suite à cette situation pour le moins inquiétante, pour le temps présent comme pour l'avenir des Marocains. Le manque de vision et de clairvoyance se répercute négativement sur le choix des projets et par conséquent les films réalisés, très en-dessous des attentes. Notre comédien, avec un franc-parler rarissime, n'hésite pas à citer l'exemple du cinéma iranien qui a agréablement surpris l'Occident, juste épaté par la teneur des films qui collent amplement à la réalité iranienne et le savoir-faire des cinéastes locaux qui ne se cachent pas lâchement derrière les budgets. Ce même Occident attribue régulièrement ses plus hautes récompenses à ces films dont il reconnait indéniablement la qualité. Car le cinéma n'est pas seulement une question d'argent.