Le Wu Shu en démonstration. Vingt deux équipes de pratiquants de cet art martial chinois se sont affrontées, dimanche 26 janvier dernier, à la salle couverte Bir Inzarane à Salé, mais sans violence. Les huit athlètes de chaque équipe ont fait étalage de leur savoir-faire à travers des démonstrations et des combats artistiques. Ce premier Championnat national des démonstrations et combats artistiques a été organisé par l'Union Nationale de Wu Shu et arts martiaux chinois, présidée par un champion de ce sport de combat, Dafir Yassine, avec la contribution du ministère de la Jeunesse et des Sports. Des arts martiaux sans affrontements violents ? Les Chinois ont porté le développement des gestes et enchaînements harmonisés du combat à main nu à un niveau tel que l'on peut juger de la qualité d'un pratiquant de Wu Shu à la fluidité de son exécution d'un tao. Et un combat chorégraphié constitue un spectacle artistique agréable et distrayant, avec des représentations égayées de musique, comme ce fût le cas lors de ce championnat, avec la participation d'un chanteur et d'un rappeur pour rythmer la cadence des enchaînements de Wu Shu, ce qui a littéralement enflammé l'assistance. Comme il a été difficile de départager entre deux équipes finalistes, l'Association « Dafir » de Wu Shu de de Salé et un club de Wu Shu de Casablanca, les deux ont été déclarées vainqueurs de la compétition. Trois arbitres ont constitué le jury, MM. Mohamed Belgadari, Abdelwahed Masni et Bouabid Sakani. Style de combat réputé ultra violent à travers l'image qui en est véhiculé par le cinéma, le Wu Shu, art martial alliant l'efficacité du geste à la spiritualité du mouvement, gagnerait à être mieux connu au Maroc, plutôt que très connu mais mal. Le Wu Shu (le terme le plus usité, Kung Fu, signifiant plutôt manière de se battre en chinois) a été fondé par un moine bouddhiste indien installé en Chine, le Bodidarma, il y a quinze siècles. Il avait alors enseigné aux moines du Temple de Shaolin un art martial du Sud de l'Inde afin qu'ils puissent se défendre. C'est devenu par la suite le célèbre Wu Shu. Depuis lors, il a évolué au gré de l'Histoire de l'empire chinois, enrichi du savoir médicinal de cette civilisation multimillénaire axé sur les flux énergétiques, développé et raffiné par plusieurs générations de pratiquants, pour lesquels ils constituait une voie pour l'amélioration de soi. Le Wushu n'est pas seulement bouddhiste, dans la tradition du Temple de Shaolin, mais également taoïste, dans la tradition du Temple du Mont Wu Dang, là où est né le célèbre style interne Taï Chi Chuan. Une diversité philosophique qui en fait toute la richesse. Au Maroc, cette discipline, bien qu'anciennement introduite, peine toujours à se frayer sa place au soleil. Toute une jeune génération de maîtres de Wu Shu est toutefois décidée à bien faire parler d'elle, sans agressivité, par l'harmonie du geste et le rythme de la musique.