Privilégiant la force de la loi contre la loi de la force, éminemment vouée à l'échec dans un monde multipartiste, le Comité Al Qods, instance phare de l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI), tient vendredi et samedi 17 et 18 janvier à Marrakech sa 20ème session pour débattre des moyens de contrer les pressions israéliennes sur la ville sainte et consacrer sa position en tant que modèle de cohabitation entre les trois religions monothéistes. La réunion intervient suite à l'annonce, la semaine dernière, par Israël d'un nouveau plan prévoyant la construction de plus de 1.076 nouveaux logements à Al-Qods, une ville qui vit au rythme d'une prolifération des quartiers de colonisation implantés par les autorités d'occupation. Par cette décision, Israël vient de lancer un nouveau défi à la communauté internationale, y compris les Etats-Unis, qui considère la colonisation des territoires occupés comme illégale et illégitime et comme une entrave majeure aux efforts visant à parvenir à un accord sur la reprise des pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens. Dernier fait révélateur en date, une déclaration du ministre israélien de la Défense, Moshé Yaaloun où il charge le secrétaire d'Etat US John Kerry de ne rien comprendre au conflit israélo-palestinien, l'accusant d'être "animé par une obsession incompréhensible et une sorte de messianisme". S'il est vrai que les deux alliés s'ingénient à ramasser une énième brouille diplomatique de taille, il n'en demeure pas moins que la virulence des propos tenus par le responsable israélien résume, à elle seule, l'amertume d'un ressentiment d'abandon ou d'un sevrage difficile dans le sillage de nouveaux arrangements géostratégiques dans la région. Eternelle pierre d'achoppement, la question d'Al Qods revient, à nouveau, briser les desseins de l'occupation israélienne sur le rocher inexpugnable d'Al Qods Acharif, à la faveur d'une unanimité de la communauté des Musulmans. D'Amman à Dakar, en passant par Paris et autres capitales occidentales, la 20ème session du Comité Al Qods vient à point nommé. "Nous saluons l'initiative du Maroc d'organiser une réunion du Comité Al-Qods les 17 et 18 janvier à Marrakech", a indiqué le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal lors d'un point de presse, notant que "toutes les initiatives permettant d'encourager les discussions en cours et d'appuyer les efforts internationaux déployés en faveur de la paix sont les bienvenues". Le Conseiller du président palestinien chargé des affaires diplomatiques, Majdi El Khaldi, s'est félicité du timing de cette réunion qui intervient au moment où "la ville sainte traverse une situation difficile qui requiert la mobilisation pour la défendre et préserver ses monuments sacrés", en raison de la politique systématique de judaïsation d'Al Qods menée par Israël visant à modifier le cachet et l'identité islamique et chrétienne de la ville sainte. Pour sa part, le Directeur général de l'ISESCO, Abdulaziz Othman Altwaijri a mis en garde contre les dangers des politiques de colonisation et de judaïsation israéliennes à Al Qods, exhortant la communauté internationale à assumer sa responsabilité vis-à-vis de la protection d'Al Qods en tant que ville palestinienne occupée par Israël, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Dans l'entretemps, la partie palestinienne n'est pas restée indifférente aux manœuvres israéliennes, soulignant par la voix de Nabil Abu Roudaineh, conseiller médias du Président Mahmoud Abbas, qu'il serait impossible de parvenir à un accord de paix avec Israël sans faire d'Al-Qods la capitale du futur Etat palestinien. C'est dans ce contexte d'impasse que la 20ème session du Comité Al-Qods intervient pour contribuer aux efforts de paix dans la région tout en défendant la ville sainte contre les pratiques israéliennes. La session de Marrakech vient ainsi au moment opportun pour fédérer les énergies pour la défense de la première kibla de l'Islam. Cette session vient ainsi traduire le vif intérêt qu'accorde SM le Roi Mohammed VI, Président du Comité Al-Qods, à la défense du cachet spirituel et civilisationnel de cette ville, convaincu que l'identité islamique de la ville sainte ne doit faire l'objet d'aucune discussion ou concession. En cette conjoncture critique, la réunion de Marrakech devra envoyer un message clair à l'adresse de la communauté internationale pour faire pression sur Israël en vue de l'amener à cesser ses pratiques de colonisation illégale et s'impliquer d'une manière sincère et honnête dans la dynamique des négociations que les puissances mondiales s'activent à relancer. Dans l'entretemps, Israël, sourde à la voix de la raison et obnubilé par ses sorties outrecuidantes et démesurées, continue sa politique systématique de judaïsation religieuse, culturelle et démographique menée à coup d'agressions, fouilles et campagnes massives d'expulsion. Alors que l'opinion internationale prend de plus en plus conscience des exactions israéliennes, l'étau se resserre davantage autour de Tel Aviv qui, curieusement par des pratiques dignes du régime de l'apartheid à la veille de son déclin, semble s'enliser dans l'isolement. Ne dit-on pas que les eaux ont tendance à accélérer leur cours à l'approche des falaises? Il n'empêche que le conclave de Marrakech, le premier depuis 13 ans, est censé enclencher une dynamique vertueuse destinée à soutenir le combat quotidien des autorités palestiniennes et des Maqdessis pour la récupération de leurs droits spoliés et à replacer la question d'Al Qods, de son statut et des risques pesant sur elle, au centre des priorités de la nation arabo-islamique, pour laquelle Al Qods est plus qu'une ville: Un symbole et une terre sacrés.