Le Conseil de la Ligue Arabe tient, ce mercredi au Caire, sa 133-ème session au niveau des ministres des Affaires étrangères sur fond d'appel à des mesures concrètes et fermes face à l'intransigeance d'Israël dans son déni de la légalité internationale, notamment à travers la poursuite de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés et des actes de violation contre les lieux saints à Al Qods et Al Khalil occupées. Cette réunion ordinaire intervient dans une conjoncture particulièrement difficile pour la région, avec toutefois une prise de conscience du rôle central de la question palestinienne, dont le processus de règlement implique nécessairement le gel de l'implantation par Israël de colonies afin de permettre la reprise des négociations de paix palestino-israéliennes. Cette session se tient également au moment où les forces d'occupation israéliennes persistent à imposer la logique du fait accompli à Al-Qods-est, en exécutant leurs plans visant la judaïsation des Lieux Saints. De l'avis d'observateurs, la réussite de toute initiative internationale pour la relance du processus de paix dépend du respect par Israël de ses engagements internationaux, notamment le gel immédiat et global de la construction des colonies, auquel les pays arabes, ainsi que l'administration américaine et l'Union européenne attachent une grande importance. Pour le secrétaire général de la Ligue Arabe, M. Amr Moussa, toute négociation avec les Israéliens doit avoir comme base des référents clairs, un agenda bien précis et des garanties de mise en Âœuvre des résultats. Selon lui, l'échec des négociations de paix antérieures entre Palestiniens et Israéliens est dû essentiellement à la persistance de l'Etat hébreu dans "la mise en Âœuvre de sa politique d'implantation de colonies", faisant observer qu'Israël a autorisé durant les deux derniers jours la construction de 600 nouveaux logements dans les territoires palestiniens. Même si la communauté internationale a multiplié les mises en garde contre les répercussions de cette politique israélienne de colonisation et les tentatives visant à dénaturer Al Qods de son cachet civilisationnel et culturel, l'Etat hébreu persiste à exécuter des mesures de confiscation des terres et de démolition de maisons palestiniennes en vue de faire des quartiers de la ville sainte des "îlots isolés encerclés par les colons ". Dans ce sens, le Maroc, par la voix du ministre des affaires étrangères et de la coopération, M. Taïb Fassi Fihri, a exprimé sa profonde préoccupation suite à la récente décision d'Israël d'inscrire à son patrimoine les mosquées d'Ibrahim à Al-Khalil et de Bilal ben Rabah à Bethlehem. "Cette décision inacceptable, qui s'inscrit dans le cadre d'un plan israélien visant à s'accaparer plusieurs sites historiques palestiniens, est en contradiction totale avec les législations et lois internationales, notamment les dispositions de la Convention de Genève qui interdit de dénaturer le cachet spirituel, patrimonial et culturel des territoires sous occupation ", a insisté le ministre dans une déclaration en marge de la réunion du comité de suivi de l'initiative de paix arabe qui se tient actuellement au Caire. Le ministre a exhorté la communauté internationale à adopter une position claire et ferme face à l'obstination des autorités israéliennes à imposer la logique du fait accompli à Al-Qods-est, en exécutant un plan visant à altérer son identité arabe et son patrimoine islamique authentique et en poursuivant ses activités de colonisation pour isoler complètement la ville sainte, une partie intégrante de la Cisjordanie et de ses prolongements territoriaux. Il a mis en garde contre les répercussions de l'intrusion des forces de sécurité israéliennes dans l'esplanade des mosquées, ainsi que l'atteinte grave à la sacralité de la mosquée Al Aqsa, qui revêt une dimension symbolique pour tous les musulmans. Pour sa part, l'autorité palestinienne a exigé un gel de la colonisation avant tout retour à la table des négociations avec les Israéliens, conformément à la " Feuille de route " que le Président américain veut inscrire comme base pour l'instauration de la paix dans la région. Cette initiative américaine prévoit des négociations directes entre les deux parties "pour parvenir dans deux ans au maximum à un règlement sur les questions ayant trait au statut final", en particulier les frontières, Al-Qods et les réfugiés. Outre le conflit israélo-palestinien, cette réunion débattra des développements du dialogue entre les mouvements Fatah et Hamas, parrainé par l'Egypte, avec l'objectif de parvenir à un consensus sur les points encore litigieux afin de hâter la réconciliation inter-palestinienne. Le conseil a aussi inscrit à son ordre du jour la décision du congrès américain de répertorier comme "dirigeants d'organisations terroristes, les propriétaires des satellites" ayant conclu des contrats avec des chaînes de télévision accusées de faire "l'apologie du terrorisme". La réunion discutera aussi des questions liées à la sécurité hydrique et au pillage par Israël des eaux dans les régions arabes occupées, ainsi qu'aux armes israéliennes de destruction massive et à l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. La situation dans plusieurs pays arabes tels le Liban, l'Irak, le Soudan, les Iles Comores et la Somalie, seront également au menu de cette réunion, qui passera en revue les relations arabes avec les groupements internationaux et régionaux, notamment dans les zones africaine, européenne, méditerranéenne et d'Amérique du sud, ainsi qu'avec la Chine, l'Inde, le Japon, la Turquie et la Russie.