En ce jour du 11 janvier, une pensée pour la défunte Malika El Fassi, seule femme parmi les 66 signataires du Manifeste de l'indépendance, un document qui a révolutionné la vision du monde sur un Maroc jusque là sous l'emprise colonialiste. Si la femme marocaine est arrivée, de nos jours, à percer dans la voie des sciences et des technologies, à enrichir le domaine littéraire et historique par ses écrits et ses recherches, c'est grâce aux femmes qui ont lutté, aux côtés des hommes, pour abolir le sous développement, le colonialisme et la pauvreté, pendant une période dure dans l'Histoire du Maroc. Si les conditions sont actuellement favorables aux femmes dans tous les domaines, c'est surtout grâce à la scolarisation des filles et l'alphabétisation des femmes, chose interdite en ces temps par le colonisateur. Ces femmes sont les catalyseurs et les déclencheurs de cette manifestation et mouvement féministes qui ont permis, de nos jours, une participation effective des femmes à la chose publique, le renforcement de l'arsenal juridique et la mise en œuvre de programmes de développement. Et qui a permis à ces diverses associations féminines d'œuvrer pour la promotion de la femme marocaine rurale et citadine, dans les domaines, culturel, politique, économique et social mais aussi en matière de recherche scientifique. Parmi les premières femmes qui ont fait de l'alphabétisation de la jeune fille et de la libération de la femme marocaine des servitudes, de la violence et des disparités familiales et sociétales, leur champ de bataille, c'était bien la grande dame feue Malika El fassi. Ayant commencé à écrire dès 1935 dans les journaux marocains, avant que la scolarisation de la femme marocaine ne soit généralisée, après 1964, Malika El fassi fut la seule signataire du manifeste de l'indépendance, le 11 janvier 1944. Ses opinions politiques, ses écrits, sa participation active à la politique furent reconnus au sain du Parti de l'Istiqlal. Aux années 30, elle a participé en tant que seule femme journaliste, à la revue du Maroc ( majallat al maghrib), défendant la scolarisation de la fille, donnant son point de vue sur plusieurs domaines. D'ailleurs, M. Abdelkrim El fassi l'avait baptisée, grâce à ses écrits, « Al fatat », autrement dit, fille instruite et cultivée. Ses écrits portaient surtout sur l'alphabétisation, facteur essentiel pour le développement de la nation, incitant les parents à prendre en charge la scolarisation de leurs filles, leur expliquant qu'il était honteux et inconcevable de leur interdire le meilleur moyen d'évolution. En 1952, dans ses articles, elle montrait son enthousiasme et sa sérénité d'esprit face aux progrès réalisés dans le domaine de la scolarisation, ce qui reflétait un net changement idéologique, de l'opinion publique familiale et sociétale. C'est en cette période que le Maroc a connu l'émergence des écoles privées pour filles au niveau de tout le Royaume. Les premiers petits lauréats qui ont obtenu le certificat primaire, dès 1945, étaient considérés par Mme El fassi comme les précurseurs d'une nouvelle génération de femmes, aptes à relever le niveau d'instruction du pays, de réagir et d'agir à tous les niveaux. La femme, disait-elle, est la première éducatrice de la nation. En ce temps, elle s'attela également à l'enseignement coranique, en apprenant le Coran aux jeunes filles.