Malika El Fassi, grande figure du Mouvement nationaliste et militante acharnée pour la promotion des droits de la femme marocaine, s'est éteinte, samedi 12 mai, des suites d'une maladie. «Le Maroc perd en Malika El Fassi une grande figure historique». C'est en ces termes qu'a qualifié M'Hamed Boucetta, membre du conseil de la présidence du parti de l'Istiqlal, la disparition de cette grande dame, dont le dévouement au service de son pays et des causes les plus nobles ne s'est jamais démenti. L'unique femme parmi les 66 signataires du Manifeste de l'indépendance du 11 janvier 1944 incarnait la cause nationale et la lutte pour la promotion des droits de la femme marocaine. Tout au long de sa vie, Mme El Fassi s'est investi au service de la liberté, la justice et l'égalité. Née le 19 juin 1919 à Fès dans une famille de nationalistes, elle s'est élevée, dès son plus jeune âge, contre le renoncement et le défaitisme. L'ex-secrétaire général du Parti de l'Istiqlal et ex-ministre des Affaires étrangères, M.Boucetta, s'en souvient : «A cette époque, elle a fait preuve d'une force et d'une maturité rare pour son jeune âge». Son père, le Cadi El Mehdi El Fassi, tenait à ce qu'elle reçoive la même éducation que ses deux frères. Après qu'elle ait été à Dar Fkiha, son père lui amena des instructeurs dans différentes disciplines. A cette époque, la fille n'avait pas à se prévaloir du droit à l'éducation. Alors adolescente, elle prit sa plume pour dénoncer cette injustice sur les colonnes de la revue «Al Maghrib». Ses articles portaient la signature de «Al Fatate». Ce fut incontestablement le premier pas triomphal du journalisme féminin au Royaume. Ses articles parurent également dans «Rissalate El Maghrib», puis dans le journal «El Alam». Après son mariage en 1935 avec son cousin, le défunt Mohammed El Fassi, elle signera ses articles sous le pseudonyme de Bahitate El Hadira (chercheuse de la cité). A la fois courageuse et tenace, Mme El Fassi a rejoint le Mouvement nationaliste au sein d'un comité secret, connu sous le nom de Taïfa en 1937 et participe activement à l'élaboration du Manifeste de l'indépendance. Le 11 janvier 1944, elle appose sa signature auprès de celle de ses compagnons du Mouvement nationaliste. Quand ses compagnons sont mis en prison, elle mène la Résistance et l'Action féminine avec les dirigeants de la Résistance qui ont échappé à la prison et à l'exil. «Mme El Fassi est une femme d'exception. Elle s'est battue pour les idéaux nationaux. Auprès de son mari, elle a fait preuve de ténacité pour la libération du pays. Bien avant l'indépendance, elle a joué un grand rôle pour la promotion des droits de la femme notamment le droit à l'éducation et à l'enseignement. Elle a fait beaucoup pour que les Marocaines aillent à l'école et poursuivent leurs études», témoigne le député istiqlalien Hassan Abdelkhalek. Son mari étant, à l'époque, professeur du Prince Moulay Hassan, elle avait libre accès au Palais. Ce qui lui permettait d'apporter au défunt regretté SM Mohammed V les nouvelles de la Résistance. Après l'indépendance, cette nationaliste acharnée et militante jusqu'au bout de ses forces s'est investie dans l'encadrement des femmes. Elle a présenté une motion à Feu SM Mohammed V concernant le vote des femmes, que le regretté Souverain a adoptée sur le champ. Mme El Fassi a vu son dévouement reconnu et récompensé. Son combat contre l'analphabétisme lui a valu une médaille de l'UNESCO. Elle a été également décorée par SM le Roi Mohammed VI du Grade de Grand Commandeur du Ouissame Al Arch Al Alaoui le 11 janvier 2005. Samedi 12 mai 2007, cette lumière du Mouvement nationaliste s'est éteinte, léguant aux générations futures un héritage inestimable, celui de la force de l'engagement et de la persévérance. Elle a été inhumée dimanche après-midi au mausolée Hassan 1er à Rabat. L'Histoire se souviendra, toujours, de son audace et de son courage inouïs, et, tout particulièrement, de son engagement précoce dans le combat contre l'occupant.