Une (mauvaise) première au Maroc. Des pharmaciens qui font partie du Conseil régional des pharmaciens du Nord et du Sud ont pris à partie le ministre de la Santé, Houcine El Ouardi avant-hier à la Chambre des représentants lors d'une réunion de la commission des secteurs sociaux. Insultes, injures et bousculades devant le regard médusé des députés présents. En cause, la réunion a porté sur un projet de loi sur la dissolution des conseils régionaux des pharmaciens du Nord et du Sud. Les pharmaciens concernés ont été arrêtés par les services de sécurité. Ils avaient réussi à s'introduire dans l'enceinte du Parlement grâce à l'aide d'une députée d'un groupe d'opposition. La présidence de la Chambre des Représentants a saisi le parquet dès avoir eu connaissance de l'attaque contre le ministre de la Santé. Un communiqué de la Chambre a précisé que le parquet général a immédiatement pris la mesure qui s'impose à l'encontre des auteurs de l'attaque, conformément aux dispositions de la loi en vigueur. La chambre des Représentants précise également avoir pris cette décision "eu égard au caractère extrêmement dangereux de cet incident, et conformément au rôle qui incombe à la présidence de la Chambre, en vertu de son règlement intérieur, pour faire respecter et protéger l'enceinte législative". De son côté, la Commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants a condamné vigoureusement, dans un communiqué, l'attaque contre le ministre de la Santé. La commission a exprimé sa solidarité totale et inconditionnelle avec M. El Ouardi suite aux «offenses dont il a été la cible», qualifiant un tel acte de provocation, d'humiliation et de violation à l'égard de l'institution législative. A la fin des travaux de la commission, ses membres ont été surpris par l'attaque de l'un des représentants du conseil des pharmaciens du Sud à l'encontre du ministre de la Santé, précise la même source, qui considère que cet acte est en contradiction avec la nature des travaux de la Chambre des Représentants et des commissions parlementaires. Le Conseil national de l'ordre des pharmaciens et la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc n'ont pas été en reste et ont dénoncé l'agression du ministre de la Santé par des membres des Conseils régionaux Sud et Nord des pharmaciens. Suite à «l'incident très grave et sans précédent dans l'histoire de notre profession (..), où des membres desdits Conseils se sont acharnés contre le ministre», le Conseil de l'ordre des pharmaciens a dénoncé avec fermeté «ces agissements primitifs qui ne font pas honneur à notre profession». Qualifiant ces agissements «d'irresponsables et impardonnables», le Conseil national annonce dans un communiqué avoir pris, en concertation avec le ministère de la santé et le secrétariat général du gouvernement, «les mesures les plus sévères qui s'imposent» à cet égard. De son côté, la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc a dénoncé ces «agissements très graves et sans précédent, qui ne reflètent aucunement l'image des pharmaciens marocains». Dans un communiqué, la Fédération, qui regroupe quelque 12.000 pharmaciens d'officine, souligne qu'elle ne reconnait pas les conseils régionaux sud et nord et revendiquait leur dissolution depuis des années.