Le rapport de l'OCDE PISA 2012 évaluant les acquis des élèves de 65 pays, dans lequel le Maroc est ignoré et pas seulement absent, est plein d'enseignements sur la faillite du système d'éducation dans notre pays, ainsi que sur le lourd tribut que paieront les générations futures et l'économie marocaine du fait de la politique menée dans ce domaine. «Qu'importe-t-il de savoir et de savoir faire en tant que citoyen ?». C'est la question (à laquelle répond l'enquête Pisa) qui sous-tend le système mondial d'évaluation de la qualité, de l'équité et de l'efficience de l'éducation, en l'occurrence le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA). Ignorée dans la politique nationale d'éducation, cette question centrale soulève bien d'autres questions cruciales sur le présent et le devenir de nos jeunes, qu'hypothèquent l'incompétence, l'improvisation et l'irresponsabilité en matière de politique d'éducation. L'enquête Pisa et ses méthodes d'évaluation placent haut la barrière devant le système marocain d'enseignement qui a essuyé des revers dans d'autres types d'évaluations et de classements internationaux comme TIMSS2011 et PIRLS2011 Mohamed STITOU (note, Association AMAQUEN) nous rappelle que, pour ce qui est du classement général au PIRLS, le Maroc a occupé la dernière place, devancé de 81 points par Oman classé 41ème ; alors qu'à TIMSS, en mathématiques et sciences au niveau de la 4ème année du primaire, le Maroc a occupé l'avant dernière place en cédant de justesse la dernière au Yémen. En fin, à TIMSS, au niveau de la 2ème année du collège, le Maroc a devancé en mathématiques deux pays Oman et le Ghana ; et en sciences seulement le Ghana. Ce classement désastreux est imputable au système d'enseigenment au maroc et non pas aux capacités et aptitudes de nos jeunes victimes de ce système. Rappelons que, parmi les pays arabes, seuls les Émirats arabes unis, la Tunisie, la Jordanie et le Qatar participent à cette enquête. Selon le rapport de l'OCDE, l'enquête PISA évalue dans quelle mesure les élèves âgés de 15 ans ont acquis des connaissances et compétences essentielles pour pouvoir participer pleinement à la vie de nos sociétés modernes, en particulier en compréhension de l'écrit, en mathématiques, en sciences et en résolution de problèmes. L'enquête PISA ne cherche pas simplement à évaluer la faculté des élèves à reproduire ce qu'ils ont appris, mais vise aussi à déterminer dans quelle mesure ils sont capables de se livrer à des extrapolations à partir de ce qu'ils ont appris et d'utiliser leurs connaissances dans des situations qui ne leur sont pas familières, qu'elles soient ou non en rapport avec l'école. Cette approche reflète le fait que les sociétés modernes apprécient les individus moins pour leurs connaissances que pour leur capacité à utiliser ces dernières. Les résultats de l'enquête PISA identifient les compétences des élèves dans les pays et économies les plus performants et dans les systèmes d'éducation qui progressent le plus rapidement pour révéler tout le potentiel de l'éducation. Les décideurs du monde entier utilisent ces résultats pour comparer les connaissances et compétences de leurs élèves à celles des élèves des autres pays et économies participants, pour fixer des objectifs chiffrés d'amélioration en fonction des accomplissements mesurables d'autres systèmes d'éducation et pour s'inspirer des politiques et pratiques en vigueur ailleurs. A préciser que 34 pays membres de l'OCDE ainsi que 31 pays et économies partenaires ont participé à l'évaluation PISA 2012, ce qui, selon le rapport de l'OCDE, représente plus de 80 % de l'économie mondiale. De même qu'au total, quelque 510 000 élèves, dont l'âge est compris entre 15 ans et 3 mois et 16 ans et 2 mois, et qui sont représentatifs des quelque 28 millions d'élèves âgés de 15 ans scolarisés dans les 65 pays et économies participants, ont passé les épreuves en 2012. E. M. NASSIRI Les pays d'Asie dépassent les autres pays du monde dans le classement de la dernière enquête PISA de l'OCDE, qui a pour objet d'évaluer les connaissances et les compétences des jeunes âgés de 15 ans sur une grande partie de la planète. Plus de 510 000 élèves de 65 pays et économies ont été soumis aux épreuves de mathématiques, de compréhension de l'écrit et de sciences de l'enquête PISA 2012 de l'OCDE. Les mathématiques étaient la matière principale. Les compétences dans ce domaine constituent une importante variable explicative des bons résultats que pourront enregistrer les jeunes à l'âge adulte. Elles influent sur leur aptitude à suivre des études de niveau postsecondaire et sur la rémunération qu'ils pourront escompter obtenir dans l'avenir. Shanghai (Chine) et Singapour se situent en tête pour les mathématiques, les élèves de Shanghai ayant obtenu un score équivalant à une avance de près de trois années d'études par rapport à la plupart des autres pays de l'OCDE. Hong Kong (Chine), le Taipei chinois, la Corée, Macao (Chine), le Japon, le Liechtenstein, la Suisse et les Pays-Bas font aussi partie du groupe des pays les plus performants « Compte tenu du niveau élevé du chômage des jeunes, de l'aggravation des inégalités et de la nécessité impérieuse de stimuler la croissance dans un grand nombre de pays, il est plus urgent que jamais de faire en sorte que les jeunes acquièrent les compétences dont ils ont besoin pour réussir », a déclaré Angel Gurría, Secrétaire général de l'OCDE, à Washington D.C. lors de la présentation du rapport. « Dans une économie mondialisée, la compétitivité et les possibilités d'emploi futures dépendront de ce que les individus sont capables de faire avec les connaissances qu'ils possèdent. Les jeunes sont l'avenir ; par conséquent, chaque pays doit faire tout ce qu'il peut pour améliorer son système d'enseignement et les perspectives qui s'offrent aux jeunes générations ». L'enquête met en lumière plusieurs des traits qui caractérisent les meilleurs systèmes d'enseignement. Les plus performants, notamment en Asie, mettent fortement l'accent sur la sélection et la formation des enseignants, encouragent ces derniers à travailler ensemble et investissent en priorité dans l'amélioration de leur qualité, et non dans la taille des classes. De plus, ils fixent des objectifs clairs et donnent aux enseignants l'autonomie dont ils ont besoin dans la salle de classe pour pouvoir les atteindre. Les élèves dont les parents ont de fortes attentes ont de meilleurs résultats : ils font généralement plus d'efforts, ont davantage confiance en leurs propres capacités et sont plus désireux d'apprendre. Parmi les 64 pays pour lesquels il existe des données tendancielles allant jusqu'en 2012 pour les mathématiques, 25 ont vu leurs performances s'améliorer dans ce domaine, 25 autres n'ont enregistré aucun changement et 14 ont reculé. L'Allemagne, le Brésil, Israël, l'Italie, le Mexique, la Pologne, le Portugal, la Tunisie et la Turquie ont progressé de manière régulière au cours de la période. Shanghai (Chine) et Singapour ont accru leur score, qui était déjà élevé en 2009. L'Italie, la Pologne et le Portugal ont aussi vu croître leur proportion d'élèves très performants et diminuer celle des élèves peu performants. L'Allemagne, le Mexique et la Turquie sont également parvenus à améliorer les résultats de leurs élèves les plus faibles, dont beaucoup sont issus de milieux défavorisés sur le plan socioéconomique. Cela montre que les pays peuvent simultanément renforcer l'équité et accroître les performances. Selon l'OCDE, il est essentiel de donner à chaque enfant la possibilité de réussir. Or, 23 % des élèves des pays de l'OCDE et 32 % des élèves de l'ensemble des pays n'ont pas réussi à résoudre les problèmes de mathématiques les plus simples. Sans cette aptitude fondamentale, ils risquent fort de sortir tôt du système scolaire et d'être confrontés à des difficultés dans l'avenir. Certains pays ont réussi à aider les élèves ayant des performances insuffisantes : l'Allemagne, la Colombie, la Finlande, l'Irlande, le Mexique et la Pologne ont mis en place des dispositifs visant à repérer sans tarder les élèves et les écoles en difficulté et à leur apporter un soutien, si bien qu'ils ont vu croître les scores obtenus par cette catégorie d'élèves aux épreuves du PISA. D'autres constats essentiels ont été mis en lumière : Ecart entre filles et garçons Les garçons devancent les filles en mathématiques. Ils ont obtenu de meilleurs résultats dans 37 des 65 pays et économies considérés, mais les filles les ont dépassés dans cinq pays. L'écart entre les sexes est toutefois relativement faible : dans six pays seulement, il est supérieur à l'équivalent de la moitié d'une année d'études. L'écart entre filles et garçons est le plus grand chez les élèves très performants, il reste important chez les élèves les plus faibles et est à peu près le même chez les élèves moyens. Par ailleurs, les filles se sentent moins motivées pour étudier les mathématiques et ont moins confiance en leurs capacités que les garçons. Entre 2000 et 2012, l'écart entre les sexes en compréhension de l'écrit -- favorable aux filles -- s'est creusé dans 11 pays et économies. Garçons et filles ont des résultats analogues en sciences. Compréhension de l'écrit Sur les 64 pays et économies pour lesquels il existe des données comparables allant jusqu'en 2012, 32 ont amélioré leurs performances en compréhension de l'écrit, 22 n'ont enregistré aucun changement et 10 ont constaté une détérioration de leurs résultats. L'Allemagne, le Chili, la Corée, l'Estonie, la Hongrie, Israël, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, la Pologne, le Portugal, la Suisse et la Turquie ont vu leurs performances en compréhension de l'écrit progresser d'une évaluation à l'autre. Dans l'ensemble des pays de l'OCDE, 8.4 % des élèves sont très performants en compréhension de l'écrit. C'est Shanghai (Chine) qui enregistre la proportion la plus forte d'élèves très performants, soit 25.1 %. Plus de 15 % des élèves de Hong Kong (Chine), du Japon et de Singapour sont très performants en compréhension de l'écrit, de même que plus de 10 % des élèves de l'Australie, de la Belgique, du Canada, de la Corée, de la Finlande, de la France, de l'Irlande, du Liechtenstein, de la Norvège, de la Nouvelle-Zélande et du Taipei chinois. Sciences Shanghai (Chine), Hong Kong (Chine), Singapour, le Japon et la Finlande sont les cinq premiers pays du classement de l'enquête PISA 2012 pour les sciences. L'Estonie, la Corée, le Vietnam, la Pologne, le Canada, le Liechtenstein, l'Allemagne, le Taipei chinois, les Pays-Bas, l'Irlande, l'Australie, Macao (Chine), la Nouvelle-Zélande, la Suisse, la Slovénie, le Royaume-Uni, la République tchèque et la Belgique obtiennent en sciences des résultats supérieurs à la moyenne de la zone de l'OCDE. Dans l'ensemble des pays de l'OCDE, 8.4 % des élèves sont très performants en sciences et leurs scores se situent aux niveaux les plus élevés. Cette proportion est à comparer aux chiffres supérieurs à 15 % des élèves qu'enregistrent Shanghai (Chine) (27.2 %), Singapour (22.7 %), le Japon (18.2 %), la Finlande (17.1 %) et Hong Kong (Chine) (16.7 %). Les écoles et les élèves Les systèmes scolaires très performants tendent à répartir plus équitablement leurs ressources entre les écoles favorisées et défavorisées sur le plan socioéconomique. Selon les déclarations des élèves, les relations entre les enseignants et ces derniers se sont améliorées entre 2003 et 2012 dans tous les pays, sauf un. Au cours de cette période, des progrès ont aussi été effectués sur le plan de la discipline en moyenne dans l'ensemble des pays de l'OCDE et dans 27 pays et économies. L'amélioration des relations entre enseignants et élèves est en corrélation étroite avec un engagement plus grand des élèves à l'égard de l'école et dans la vie scolaire. La proportion d'élèves issus de l'immigration dans les pays de l'OCDE est passée de 9 % en 2003 à 12 % en 2012. Au cours de cette période, le désavantage de performance de ces élèves par rapport aux élèves autochtones appartenant à un milieu socioéconomique analogue, a diminué de 11 points, soit l'équivalent de trois mois d'études. Les résultats de l'enquête PISA de l'OCDE mettent en lumière ce qu'il est possible d'accomplir dans le domaine de l'éducation en montrant de quoi sont capables les élèves scolarisés dans les systèmes d'enseignement qui sont les plus performants et progressent le plus vite. Les conclusions de cette évaluation permettent aux responsables de l'élaboration des politiques du monde entier d'apprécier les connaissances et les compétences des élèves de leur pays en les comparant à ceux des élèves d'autres pays, d'assigner à leurs politiques des cibles définies par rapport aux objectifs mesurables qui ont été atteints par d'autres systèmes d'enseignement, et de tirer des leçons utiles des politiques et pratiques suivies ailleurs.