Si les compléments alimentaires sont souvent associés à une notion de meilleure santé, leur consommation déraisonnée peut produire l'effet inverse. Or, une vaste étude menée sur toute la France révèle que ces produits prennent de plus en plus d'ampleur et que le phénomène n'est pas toujours contrôlé. Les compléments alimentaires ont de plus en plus la cote en France. Une étude française, publiée dans le British Journal of Nutrition, révèle que 28,1 % des femmes et 14,6 % des hommes ont avalé ces produits durant l'année écoulée, avec en tête le magnésium, préféré aux vitamines B6 et C. Pourtant, trop souvent, leur consommation n'est pas pertinente et, dans certains cas, elle peut s'avérer dangereuse. Mené sur 79.786 adultes français, ce travail, issu d'une collaboration entre plusieurs organismes comme l'Inserm, la Cnam, l'Inra ou l'université Paris 13, s'est basé sur les résultats à des questionnaires de personnes participant à l'étude NutriNet-Santé. Le niveau d'étude, le statut socio-économique, le mode de vie, les habitudes tabagiques, la pratique sportive, l'obésité sont autant de critères qui ont été pris en compte. Dans 41 % des cas, les sujets ont indiqué en prendre pour combattre la fatigue, et 33,8 % du temps pour rester en bonne santé. Pourtant, il se pourrait que parfois, ce supplément vitaminique engendre les effets inverses. L'alimentation équilibrée, l'ennemi des compléments alimentaires Les auteurs considèrent en effet qu'une alimentation équilibrée est larg ement suffisante pour apporter tous les nutriments nécessaires. Or, il s'avère que les personnes les plus habituées des compléments alimentaires sont typiquement des femmes, suivant plutôt bien les recommandations nutritionnelles, ayant une alimentation et un mode de vie sains (plus de sport, moins de tabac etc.). Le mieux est l'ennemi du bien. Différentes études ont montré que les compliments alimentaires s'avèrent précieux pour compenser les carences alimentaires, mais sont inutiles voire dans certains cas déconseillés si les apports quotidiens en nutriments sont suffisants. Pourtant, seulement 5,4 % des Français interrogés disent en consommer pour rééquilibrer leur alimentation. Des interactions médicamenteuses à risque L'autre point inquiétant concerne l'automédication : les compléments alimentaires sont prescrits par un professionnel de santé dans 55 % des cas. Le reste correspond à de l'automédication. Pratique dangereuse, surtout pour les fumeurs. En effet, si les accros à la cigarette sont globalement moins enclins à se diriger vers ces suppléments que les non-fumeurs, l'apport en vitamine A peut notamment réveiller des tumeurs latentes. Ce n'est pas la seule population à risques, car les compléments alimentaires interagissent parfois négativement avec certains médicaments. À titre d'exemple, une étude aurait noté 1.491 interactions néfastes entre 213 de ces compléments avec 509 traitements. Quels sont les risques ? Que la thérapie soit moins efficace ou, au contraire, qu'il y ait un effet de surdosage. La vitamine E diminue l'absorption des médicaments contre les maladies cardiovasculaires, le cholestérol ou le diabète. Certains traitements agissant sur le système nerveux central pourraient aussi être altérés. Enfin, certains compléments sont fortement déconseillés pour les patients atteints de certains cancers (sein, prostate, leucémie...) ou ayant été affectés, car certains composés comme les phytoestrogènes peuvent favoriser le développement de tumeurs mammaires. Ce travail met donc en évidence l'utilisation parfois abusive de compléments alimentaires en France. La santé passe par la nutrition, mais à partir du moment où l'alimentation est équilibrée, il n'y a pas besoin de la supplémenter. Pour éviter tout problème lié à la consommation de ces produits, la meilleure chose à faire consiste à demander un avis médical. Si l'objectif est de se faire du bien, autant avoir l'avis d'un professionnel pour ne pas empirer les choses. «Futura Sciences»