Les travaux du Forum des Femmes Entrepreneurs des pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) se sont déroulés hier à Rabat, sous le thème : « Favoriser l'esprit d'entreprise ; améliorer l'accès des femmes aux services et à la finance ». Organisé par MENA-OCDE pour l'investissement, en partenariat avec le ministère des Affaires Générales et de la Gouvernance et la Fédération des Banques Arabes, cette rencontre a connu la participation des femmes d'affaires de la région MENA, des décideurs de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique), des ambassadeurs, des représentants des départements ministériels, des institutions bancaires et organisations professionnelles ainsi que des experts internationaux. L'objectif escompté de ce Forum est de dresser l'état des lieux actuel de la participation des femmes aux économies de la région. Quatre thèmes ont été au programme de ce Forum : « Opportunités et défis pour le développement économique des femmes dans la région MENA », « Accès au financement bancaire et non bancaire pour les femmes entrepreneurs », « L'accès des femmes entrepreneurs aux services de soutien des entreprises » et « Programme de travail du Forum des Femmes Entrepreneurs et priorités 2014 ». « Ce Forum des Femmes Entrepreneurs MENA-OCDE traduit le souci et la volonté partagés de renforcer le rôle et le potentiel des femmes dans le développement économique de la région MENA », a souligné Mme Amina Benjelloun, chargée de mission auprès du Chef du gouvernement au ministère des Affaires Générales et de la Gouvernance. Et la même source d'ajouter qu' « au cours de la dernière décennie, les pays de la région ont connu une augmentation substantielle de la part des femmes dans les activités économiques. Aussi, les gouvernements de la région ont prêté une attention grandissante aux enjeux de l'entreprenariat féminin, tant celui-ci constitue une occasion importante de stimuler la compétitivité, la croissance et surtout la création d'emplois. Les pays MENA ont également réalisé des investissements significatifs en matière d'éducation, notamment en termes de réduction des écarts entre les sexes ». Signalons que seules 27% des femmes de la région font aujourd'hui partie de la population active (contre 51% dans les économies à revenu faible, intermédiaire et élevé) et seulement 20% des entreprises de la région sont détenues par des femmes (contre 32% dans les pays de l'OCDE). Les femmes entrepreneurs de la région se heurteraient toujours à des entraves persistantes dans leur environnement économique pour le démarrage et la croissance de leurs entreprises, notamment en matière d'accès au financement, à l'information, aux services de soutien ou encore en raison de pratiques sociales et culturelles discriminantes. De nombreux progrès restent alors à faire pour libérer pleinement le potentiel des femmes de la région MENA et apporter, par conséquent, leur juste contribution à l'économie et à la société, a-t-elle noté. De même, les femmes entrepreneurs ont besoin d'encore plus de visibilité et de faire entendre davantage leur voix afin de renforcer leur capacité de réussite et leur rôle clé en matière de développement et de création d'emplois dans la région. Toutes ces problématiques sont au cœur des préoccupations des politiques publiques marocaines. La preuve en est le renforcement du corpus juridique relatif aux droits des femmes dans tous les domaines : code de la famille, code de la nationalité, code du travail, code électoral... La preuve en est également l'adoption de la nouvelle Constitution du Royaume qui consacre une série de mesures pour la réalisation de la parité et l'élimination des discriminations fondées sur le sexe. Il s'agit de la mise en place, bientôt, d'une Haute Autorité de la Parité, et de la mise en œuvre d'une stratégie nationale de parité qui ambitionne d'institutionnaliser les principes d'équité, d'égalité et d'intégration de l'approche genre dans tous les domaines. Autre mesure soulevée est que le gouvernement travaille activement, en étroite collaboration avec le secteur privé pour renforcer l'existence des entreprises et encourager l'acte d'investir le plus simple possible sans discrimination aucune. Il se penche également aujourd'hui sur le renforcement de la représentativité des femmes dans les instances de gouvernance et de décision des grandes entreprises publiques et privées. Il a par ailleurs mis récemment en place un mécanisme de garantie dédié spécifiquement aux femmes entrepreneurs en quête de financement. « Ces avancées ont ainsi permis à la femme marocaine de s'imposer à l'échelle nationale et de s'introduire dans des domaines qui étaient jusqu'à récemment réservés aux hommes. Sur le plan politique, les femmes représentent 17% des parlementaires, la représentativité des femmes au niveau communal est passé de 0.56% en 2003 à plus de 12% aujourd'hui, le gouvernement actuel compte six femmes ministres, le président actuel de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) est une femme qui constitue un modèle de référence pour toute la région, et, enfin, de nombreuses femmes sont nommées ambassadeurs et à de hautes fonctions publiques », s'est-elle réjouie. Sur le plan économique, la participation des femmes dans le mouvement entrepreneurial marocain reste encore en deçà des aspirations. Lors de cette rencontre, Marcos Bonturi, directeur des Relations Mondiales à l'OCDE, a été désigné nouveau co-président du Forum des Femmes Entrepreneurs OCDE-MENA en remplacement de l'Ambassadeur Mme Birgitta Holst Alani, Directeur de l'Institut suédois à Alexandrie (Egypte).