C'est généralement avec beaucoup d'amertume et de regret, voire de jalousie, que des observateurs locaux évoquent la scène culturelle au niveau de la citée des Zaynes. Limitée, saisonnière ou encore morose, sont les principaux qualificatifs qui reviennent comme leitmotiv dans les propos des différents acteurs pour qualifier l'offre culturelle au niveau de la ville de Khénifra, en particulier, et de la province, en général. Certes, la province abrite chaque année une série de manifestations et d'activités culturelles touchant différents domaines (théâtre, cinéma, nouvelle, poésie, ). Toutefois, ces activités demeurent dispersées, voire isolées, sur le territoire et restent concentrées durant une période bien déterminée (entre avril et août), alors qu'au cours du reste de l'année la scène culturelle locale plonge dans une léthargie inquiétante. En effet, ces manifestations, initiatives louables d'une poignée d'acteurs locaux épris de culture, de la société civile locale et des conseils élus, portant essentiellement sur l'organisation d'une série de festivals durant la période d'été dans différentes communes urbaines et rurales de la province (Mrirt, Ait Ishaq, Tighessaline, Sidi Yahia Ousaâd, Ouiouane) ainsi que des manifestations traitant des thématiques en rapport avec le théâtre, le cinéma, la poésie et la nouvelle très courte, interviennent pour sortir provisoirement la scène locale d'une inactivité et une somnolence qui dérangent. Nul ne peut nier l'effort déployé par les organisateurs de ces différentes activités pour pérenniser ces manifestations et en faire des rendez-vous annuels incontournables en guise de contribution à l'animation de la scène culturelle, mais ces initiatives demeurent insuffisantes compte tenu des contraintes, notamment d'ordre financier, auxquelles elles sont confrontées, quoique certaines manifestations bénéficient désormais de l'appui de l'Initiative nationale pour le Développement humain. Si différentes communes de la province ont pris l'initiative d'organiser une série de festivals permettant aux populations locales de profiter durant l'été de moments de divertissements et de bénéficier de la dynamique socio-économique créée par ces rendez-vous annuels, le chef-lieu de la province, en l'occurrence la ville de Khénifra, manque d'un évènement pareil et d'une initiative à même de favoriser une dynamique socioculturelle, relèvent des acteurs approchés par la MAP. Et de poursuivre que ces différentes initiatives louables et encourageantes visant à faire sortir la scène de sa léthargie restent éparpillées dans le temps et l'espace et partant ne peuvent pas contribuer à elles seules à la dynamisation de la vie culturelle à l'échelle locale. Il serait alors judicieux que les efforts soient conjugués pour doter la province d'un grand festival ou d'une manifestation d'envergure à même de servir de locomotive pour la promotion de la chose culturelle au niveau de la province et de mettre en avant le patrimoine, le cachet et l'identité culturels de toute une région, ont-ils souligné. Ces manifestations favorisent, certes, la création d'une dynamique socio-économique dans les différentes communes durant la période estivale, mais le paysage local nécessite une activité culturelle et artistique tout au long de l'année, de façon régulière et non périodique, ont-ils ajouté. Ils ont, dans ce sens, expliqué que certaines manifestations qu'abritent la ville de Khénifra ne peuvent à elles seules garantir l'accès à la culture au profit de l'ensemble des populations locales, car ces manifestations restent académiques, sélectives et traitent de thématiques, importantes et judicieuses, certes, mais qui ne sont pas accessibles pour les différentes composantes et couches sociales. D'où la nécessité d'une animation culturelle de proximité, diversifiée et adaptée aux besoins des populations en vue de contribuer à la démocratisation de l'accès à la culture par le plus grand nombre de citoyens, ont-ils suggéré. D'autre part, le manque flagrant d'infrastructures fonctionnelles et capables de fidéliser le public (salles de théâtre et du cinéma, bibliothèques publiques, conservatoires de musique ) ainsi que la faiblesse des moyens freinent également l'accès et le développement d'une culture vivante et accessible au plus grand nombre, ont-ils souligné, mettant l'accent sur le déficit flagrant en infrastructure culturelle au niveau de la province à l'exception d'un complexe culturel en cours d'achèvement et dont l'ouverture a trop tardé. Ils ont, dans ce sens, émis le souhait de voir cette nouvelle infrastructure abriter des activités culturelles et artistiques organisées régulièrement, contribuer au renforcement de cette lueur d'espoir déclenchée par les différentes initiatives et manifestations qui meublent actuellement la scène culturelle locale et, partant, favoriser un climat propice à une offre culturelle continue, voire quotidienne, et non pas saisonnière. Et d'ajouter que l'absence d'une représentation (délégation) du ministère de la Culture au niveau de la province reste également un facteur essentiel qui se dresse comme entrave à la promotion de la chose culturelle locale. Le développement de la scène locale ne peut se faire en l'absence d'une représentation du département de tutelle, ont-ils souligné, ajoutant que la promotion de la chose culturelle reste tributaire d'une véritable politique culturelle de proximité, relayée par des véritables lieux de culture, opérationnels et accessibles, tels qu'une grande bibliothèque publique, une médiathèque, des salles d'arts, de spectacle, de cinéma et de théâtre, des maison de jeunes équipées, des galeries et un conservatoire, hors la province manque de ce genre d'infrastructures, ont-ils relevé avec amertume. Sans l'implication sérieuse des conseils élus, des autorités, de la société civile et des différentes parties concernées par ce secteur vital, il serait difficile de penser à une dynamisation du paysage culturel local, alors que l'on parle de la culture comme levier important pour le développement durable, ont-ils expliqué. C'est dans ce sens, qu'un appel pressant a été lancé aux différents intervenants à l'échelle locale de faire de la chose culturelle une des préoccupations majeures et d'accorder un intérêt particulier à ce domaine qui constitue de nos jours une source de richesse, car il faut faire la distinction entre la culture comme production et la culture comme ressource. Enfin, il faut prendre acte de cet espoir qui se dégage grâce à ces différentes manifestations qu'abritent la province et ces initiatives d'une poignée d'acteurs locaux pourvu qu'elles soient le prélude à une nouvelle dynamique culturelle pérenne et régulière et un horizon culturel meilleur.