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La dimension stratégique des relations Maroc-USA Partenariat gagnant-gagnant
Publié dans L'opinion le 25 - 11 - 2013

«Bien qu'un vaste océan sépare nos deux pays, ils ont été liés ensemble tout au long de notre histoire» avait déclaré le président John Kennedy au Roi Hasan II, en visite aux Etats-Unis en 1963. Un demi siècle plus tard, SM le Roi Mohammed VI et le président Barak Obama ont convenu ensemble d'une nouvelle étape dans les relations maroco-étasuniennes, basée sur un partenariat stratégique qui ambitionne de faire du Maroc un pont transatlantique entre les Etats-Unis d'Amérique et l'Afrique.
Depuis 1777, date à laquelle le Sultan Mohammed III a été le premier souverain du monde à reconnaître l'indépendance du jeune Etat nord-américain, jusqu'à aujourd'hui, le Royaume du Maroc n'a jamais failli dans ses relations d'amitié, qui ont évolué vers une alliance stratégique, avec les Etats-Unis d'Amérique. «Le premier traité à avoir jamais été ratifié par la Chambre haute du Congrès américain», a remarqué le député américain, M. Jim Moran, dans une allocution de bienvenue au Souverain marocain prononcée à la Chambre des Représentants des Etats-Unis, est le traité de paix et d'amitié signé en 1786 avec le Maroc. En 2004, les deux pays ont renforcé leurs relations par la signature d'un accord de libre échange et ont engagé, en septembre de l'année écoulée, un dialogue stratégique, la prochaine réunion à ce sujet devant se dérouler prochainement à Rabat.
«La promotion des excellentes relations avec le Maroc jouit de longue date d'un soutien bi-partisan», a précisé le congressiste américain, M. Moran, rappelant qu'en 2009, une «majorité bi-partisane, aussi bien à la Chambre des représentants qu'au Sénat, a signé des lettres de soutien à la volonté du Maroc de résoudre la question du Sahara marocain sur la base du plan d'autonomie, dans le cadre de la souveraineté du Royaume. (...) Ce sont pas moins de 244 membres de la Chambre basse qui ont signé cette lettre». L'année suivante, 54 sénateurs ont, par ailleurs, rédigé une autre lettre soulignant «leur soutien en faveur du plan marocain d'autonomie et d'un processus négocié en vue de mettre un terme au conflit du Sahara», a-t-il indiqué.
L'incident de la requête du Département d'Etat étasunien auprès du Conseil de sécurité des Nations Unies demandant un élargissement du mandat de la MINURSO semble désormais un lointain et désagréable souvenir. Les choses sont maintenant plus claires avec la récente déclaration du porte-parole de la Maison Blanche, M. Jay Carney, réitérée dans le communiqué commun: «Les Etats-Unis ont précisé que le plan d'autonomie du Maroc est sérieux, réaliste et crédible et qu'il représente une approche potentielle qui pourrait satisfaire les aspirations du peuple du Sahara occidental à gérer leurs propres affaires dans la paix et la dignité ». Dont acte.
Il va sans dire que cette prise de position officielle américaine en faveur d'un règlement pacifique et mutuellement acceptable de l'affaire du Sahara, à travers le statut d'autonomie élargie à accorder aux provinces du sud du Royaume, n'est pas pour plaire aux ennemis de l'intégrité territoriale du Maroc, la presse du pays voisin de l'est du Oued Isly allant jusqu'à la qualifier de «gifle diplomatique». Sauf que le Maroc a bien d'autres ambitions que de s'enfermer dans le cadre étroit et stérile d'une confrontation géopolitique régionale qui ne sert que les intérêts mafieux de dirigeants politiques qui n'ont rien de mieux à proposer à leur population.
SM le Roi Mohammed VI et le président Obama ont décidé de nommer chacun un haut fonctionnaire pour diriger la mise en oeuvre du partenariat stratégique, le premier du genre entre les Etats-Unis et un pays maghrébin et dont les contours viennent d'être tracés par les deux chefs d'Etat. Il y a une «volonté affirmée de construire des choses solides entre le Maroc et les Etats-Unis pour que cette relation d'exception aille encore plus loin», a déclaré le ministre marocain des affaires étrangères lors d'une conférence internationale organisée par le think tank américain «Atlantic Council». Les deux pays peuvent jouer «un rôle stratégique en mobilisant leur engagement et consensus en faveur de solutions durables aux défis de la région», a estimé pour sa part l'ancien sous-secrétaire américain au Commerce, M. Stuart Eizenstat.
Fidèle à ses engagements, le Royaume du Maroc, qui préside actuellement le Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité des Nations Unies, œuvre activement en faveur de la sécurité et la paix en Afrique du nord et au Sahel en développant ses liens de coopération dans ce sens. Concrètement, le ministre marocain de l'Economie et des Finances a signé, le 21 novembre, un accord d'assistance mutuelle en matière douanière avec le sous-secrétaire d'Etat américain au département Homeland Security for National Protection and Programs, M. Rand Beers, visant l'échange d'informations dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le trafic de stupéfiants, la contrebande d'armes, le blanchiment d'argent et la traite des personnes. La décision du Maroc de former 500 imams maliens pour la promotion des valeurs spirituelles d'ouverture et de tolérance, de manière à contrer efficacement l'extrémisme religieux qui nourrit le terrorisme takfiriste, a été fort appréciée par Washington. Rabat devrait, d'autre part, accueillir, au printemps de l'année prochaine, la 5ème réunion du Comité de coordination du Forum mondial de lutte contre le terrorisme.
Perspectives transatlantiques
La visite de SM le Roi Mohammed VI aux Etats-Unis d'Amérique, accompagné d'une importante délégation d'hommes d'affaires, s'inscrit aussi dans le cadre de la diplomatie économique du Royaume, le Souverain marocain se faisant également le «VRP» de l'Afrique à Washington, comme n'ont pas manqué de le relever nombre de médias du continent.
Depuis l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis, le 1er janvier 2006, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a connu une hausse fulgurante de l'ordre de 300%. Les exportations du Maroc vers les Etats-Unis sont passées de 446 millions de Dollars en 2005 à 932 millions de Dollars en 2012, alors que ses importations sont passées de 481 millions à 2,2 milliards de Dollars au cours de la même période. Et pour aller encore plus loin dans le renforcement des échanges entre les deux pays, un accord bilatéral de facilitation du commerce a été signé, le 21 novembre, par le ministre de l'Economie et des Finances et le Représentant américain au Commerce. Encore une fois, c'est le premier pays de la région à conclure un tel accord avec les Etats-Unis.
Inspirant de plus en plus confiance aux milieux d'affaires américains aussi bien grâce à sa stabilité politique qu'à travers l'ouverture de son marché, le Maroc a réussi à attirer quatre fois plus d'investissements américains en l'espace de sept ans, ces derniers se chiffrant à 613 millions de Dollars placés en bourse en 2012. L'objectif étant maintenant de faire connaître les avantages fiscaux et le coût compétitif de la main d'œuvre marocaine aux opérateurs économiques étasuniens de manière à stimuler les investissements directs créateurs d'emplois. L'idéal serait de réussir à attirer des entreprises américaines de renom pour l'installation au Maroc d'unités de production, de manière à faire mieux connaître le pays auprès des industriels d'outre- Atlantique. Une réédition américaine souhaitable de l'expérience réussie de l'installation des usines du constructeur automobile français Renault à Tanger et du constructeur aéronautique canadien Bombardier à Casablanca.
«Nous avons les fondamentaux, la volonté et une histoire solide en matière d'entreprenariat, notamment en Afrique», a assuré la présidente de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), Mme. Miriem Bensalah Chaqroun, qui a mis en évidence la position privilégiée du Royaume en tant que «hub vers l'Afrique». Et le continent noir, c'est l'avenir. Sur les dix pays du monde économiquement les plus dynamiques, six sont africains, selon le Fonds Monétaire International (FMI). La croissance du PIB de pays africains est proche de ceux d'Asie et l'émergence d'une classe moyenne sur le continent présage le développement d'un marché de millions de consommateurs solvables. Le Maroc, qui a senti venir cette évolution depuis bien longtemps, jouit d'une forte présence de ses grandes banques et entreprises dans nombre de pays d'Afrique occidentale et centrale. Il a, en outre, développé un savoir-faire certain en matière de coopération tripartite au niveau continental, comme peuvent en témoigner la France, dans le domaine des affaires, et le Japon, en matière d'aide au développement. Les Etats-Unis ne manqueront pas d'apprécier à sa juste valeur la politique de rapprochement menée par le Royaume envers les pays africains riverains de l'océan Atlantique, dans une perspective d'intégration économique régionale. Cette option s'inscrit comme une suite logique de l'accord de libre-échange transatlantique actuellement négocié par les Etats-Unis et le Canada avec les pays de l'Union Européenne.
Le Maroc, porte d'entrée vers le prometteur marché africain, c'est une formidable perspective d'avenir enracinée dans une vieille vocation historique. M. Barak Obama, premier afro-américain à accéder à la présidence des Etats-Unis d'Amérique, ne s'y est pas montré insensible, comme le prouve le chapitre du communiqué conjoint Maroc- Etats-Unis spécialement


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