A Fès comme ailleurs, la violence, qu'elle soit verbale ou physique, devient de plus en plus présente dans l écoles publiques que privées en tant que chape de plomb aussi bien insupportable qu'indélébile. Problème réel et loin d'être irrémédiable dans nombre d'établissements éducatifs, certaines écolières et lycéennes particulièrement le vivent au quotidien et peinent à briser le silence sur leurs expériences douloureuses. En fait, la situation de la violence à l'école peut se manifester à travers différentes formes, dont les agressions physiques, le harcèlement, les insultes, les moqueries, le vol, les menaces et autres problèmes de destruction du matériel scolaire. Certes, le lot des incivilités scolaires est multiple, allant même de simples tracasseries continuelles à l'élève aux multiples menaces contre les corps enseignant ou administratif, en passant par des attouchements sexuels sur des camarades et autres vulgarités. Lourd de conséquences sur la vie et l'apprentissage des élèves, la violence dans les écoles peut causer d'énormes dégâts particulièrement en termes de souffrances psychologiques tel les mutations forcées des enfants, le décrochage scolaire, la dépression ou même les tentatives de suicide dans certains cas. Sans cesse taraudée par la recrudescence du phénomène, l'académie de l'éducation et de formation Fès-Boulemane (AREF-FB) a eu l'ingénieuse d'idée de mettre sur pied en 2011 «un observatoire régional de la violence scolaire» censé recenser les cas de violence enregistrés au niveau régional, élaborer une base de données sur le phénomène, évaluer les mesures prises contre la violence à l'école et coordonner les actions avec toutes les parties intervenantes. Les statistiques de cet observatoire fait état de 410 cas de violence physique durant l'année scolaire 2011-2012, contre 190 cas l'année écoulée et quelque 1005 cas de violence verbale en 2011-2012 contre 425, l'an précédent. Ces chiffres ne représentent sans doute que la partie émergée de l'iceberg si l'on se rend compte que les statistiques révèlent également d'autres cas d'agressions et menaces contre le corps professoral, outre le cas d'une collégienne mortellement poignardée l'année dernière par un élève. Jamal Elfarricha, coordinateur régional de l'observatoire et membre de la commission nationale chargée de l'élaboration du guide des centres de recensement de la violence scolaire au ministère de l'Education nationale, estime que les facteurs explicatifs de la violence scolaire sont d'ordre familial, social et économique. Il est judicieux de multiplier les activités sportives, artistiques et récréatives au profit des élèves afin de leur inculquer le sens de responsabilité et de leur faire approprier l'école tout en leur donnant confiance en eux-mêmes et en la scolarité, préconise ce pédagogue qui a roulé sa bosse, trente-deux ans durant, dans plusieurs établissements d'enseignement. M. Elfarricha a de même souligné le renforcement du rôle des parents, en tant qu'action parallèle et complémentaire, dans la lutte contre les incivilités scolaires, soutenant que les élèves sont fondamentalement conscients que l'école continue toujours d'assumer sa fonction d'ascenseur social. Les débats récurrents sur la violence scolaire, destinés à faire valoir la cohésion sociale entre élèves, augmenter le plaisir d'être ensemble et améliorer les résultats scolaires et universitaires s'invitent également à l'université. Pas plus loin que l'an dernier, le conseil de l'université Sidi Mohamed Ben Abdellah (USMBA) de Fès, a provoqué une réunion d'urgence pour dénoncer les différentes formes de violence contre le personnel pédagogique et administratif, ajoutant que les dépendances et équipements de l'université sont des biens publics qui ne doivent pas faire l'objet d'aucun acte malveillant, quelle qu'en soit la raison. Autant dire la violence en milieu scolaire suscite toujours autant d'interrogations et nombreux sont les élèves et enseignants aptes à faire acte de leurs dramatiques calvaires vécus, au grand jour, au sein des sanctuaires du savoir. Certes, le défi actuel consiste à faire de l'école un espace citoyen épanouissant basé particulièrement sur la cohésion sociale, l'absence totale de violence, l'amélioration des résultats scolaires et le plaisir d'être et d'apprendre ensemble. Ouverte à tous les citoyens, sans exclusive aucune, l'école marocaine, un espace d'apprentissage, de savoir, d'intégration sociale et de brassage culturel par excellence, continue à assurer sa noble mission d'éducation et de formation afin de préparer les générations futures à mieux défendre les valeurs et les causes du Royaume. (