Education Il est loin le temps où les enseignants utilisaient la politique du bâton comme mode d'éducation à l'encontre de leurs élèves. Aujourd'hui, les choses semblent s'inverser. Le phénomène de la violence contre les enseignants est devenu en effet préoccupant partout dans le monde. Au Maroc, on constate une multiplication d'actes de violences au sein des établissements scolaires, aussi bien entre élèves en général qu'avec des enseignants et personnels en particulier. Depuis un certain moment, les réseaux sociaux et les médias se font régulièrement l'écho d'actes de violences commis par les apprenants. Bon nombre d'enseignants ont vécu de violences qualifiées de graves, notamment les atteintes physiques avec blessures, alors que la majorité d'entre eux vit, au quotidien, différentes formes de violences, verbales et psychologiques. Par ailleurs, les établissements scolaires constituent un lieu où la violence et le stress sont réguliers. Insultes, menaces en tout genre, provocations y sont monnaie courante, sans compter les agressions physiques qui ont atteint un seuil alarmant. Et dire que l'école est le lieu qui inculque la discipline ! A cela il faut ajouter d'autres phénomènes auxquels les enseignants sont confrontés, comme la consommation de drogues, les écarts sociaux entre élèves, le relâchement de l'autorité parentale. Une dégradation du milieu éducatif face à laquelle l'administration semble de plus en plus dépassée par les événements. Selon, A. L, professeur de français du lycée Ibnou chouhaid à Casablanca, «la violence dans les établissements scolaires est un fait devenu banal et répétitif. Quotidiennement, on en est face d'élèves qui n'ont peur de rien et un manque total de lois rigoureuses, que ce soit de la part de la direction de l'établissement ou même de l'Etat. Cette situation profite à l'amplification de ce phénomène. Je peux vous témoigner que tous les jours, nous sommes confrontés à la violence verbale et dans le pire des cas à une violence physique. Dieu seul nous protège. Actuellement, les agressions physiques et verbales contre les enseignants sont signalées sur l'ensemble du territoire. Malgré la sonnette d'alarme tirée par les enseignants, l'administration de l'Education nationale est restée neutre et aucune loi n'est venue pour juguler cette état malsain qui prévaut actuellement dans les établissements, et dont sont victimes professeurs et personnel.» Saber, élève du même lycée, a un autre avis. «Je me rappelle qu'un de mes professeurs m'avait insulté toute l'année durant en me traitant de paresseux et en me disant je ne réussirais jamais. Devant l'ensemble de la classe, il m'a toujours traité d'incapable. Il disait qu'il ne fallait pas que je continue mes études. Vu ses insultes répétées, j'ai toujours pensé me venger de lui. Un jour je lui ai écrit sur le tableau qu'il ne mérite même pas d'être un professeur, et beaucoup d'autres choses de ce genre» Il n'empêche que la violence au sein des établissements scolaires ne doit plus rester banalisée. Il faut s'attaquer à ses causes, qui sont certes complexes et multiples et rétablir un climat de confiance entre les élèves, les enseignants et le personnel de l'administration. La sécurité de tous et la bonne qualité de l'enseignement sont à ce prix.