Il est rare qu'un personnage aussi modeste, réservé presqu'effacé puisse marquer autant les mémoires, que ne l'a fait Kessou Allal. Le gardien de but de l'équipe nationale, et des FAR bien sûr, a vécu sur les cimes du football national et mondial dans les années soixante et une bonne partie des années soixante-dix, il se retira progressivement du football dès 1975. Bien que son époque ne fut pas aussi médiatisée que ce que nous vivons à l'ère d'aujourd'hui, (les paraboles et réseaux d'internet ont « miniaturisé » le monde rendant tout et n'importe quoi visible, accessible et peut être même puéril), Allal a connu une gloire immense qui a fait de lui un gardien mythique. Le monde entier l'avait découvert un 3 septembre 1970, où, au Mexique dans la ville de Léon, Allal dans les buts de l'équipe nationale marocaine, dressa sa fière silhouette face aux footballeurs panzers de l'Allemagne dans ce qui resta comme le premier match officiel d'une équipe africaine en Coupe du Monde. Si ce jour-là, Allal dut s'incliner sur 2 buts allemands réussis par les orfèvres UWE Seeler et Muller, c'est la prestation inouïe de Kessou qui marqua les mémoires. Le film officiel de la FIFA sur la Coupe du Monde 70 propose de larges extraits et séquences sur ces fabuleux arrêts réussis par Allal. Allal inamovible gardien des FAR, que son entraîneur de toujours, feu Guy Cluseau, sortit de l'orchestre militaire pour le porter vers le football, passera sa vie tranquille, reconnu par tous, salué quand dans les années 90, on le retrouvait au club de Stade Marocain (boules) où il s'adonnait aux joies de la pétanque. Il ne cherchera jamais à tirer gloriole de ce qu'il avait accompli. Répondant toujours aux sollicitations des jeunes générations de journalistes, il n'était pas avare de ses souvenirs. Des émissions dont Samar Ryadi de Saïd Zadok et d'autres garderont le témoignage d'un visage avenant, toujours ayant le mot pour rire et dire les bonnes choses. Hamid Hazzaz (MAS) qui lui succéda au poste de gardien des Lions de l'Atlas, a dit de lui, hier, dans un hommage sur Radio Mars « Cet homme bon, sûr et fidèle n'aimait pas parler pour faire de la namima ». Ayant passé ses derniers jours sur terre au sein de sa famille, loin des choses du foot et du monde, on ne le voyait plus que dans la mosquée de son quartier à Salé. C'est un homme serein et apaisé que le Très Haut a rappelé à lui, hier. Aux vivants de perpétuer désormais sa mémoire, sans pathos, sans lamentations excessives, mais en disant la vérité d'un homme, admirable patriote, respectueux de tous et des principes essentiels de la vie. Et de ce fait, sa famille à qui nous présentons toutes nos condoléances notre soutien et notre sympathie, peut s'enorgueillir de dire que Allal a réussi sa vie.